[Mes disque à moi (et rien qu'à moi) - N°01]
1. Outside - The Nathan Adler's Diary - David Bowie (1995)
Pourquoi. Bien sûr. Vous vous demandez pourquoi je commence par celui-là… eh bien tout simplement parce que ma liste des 100 disques indispensables à MA discothèque (et non à toute discothèque, car ce sont mes coups de cœurs ils ne sont pas tous des « chefs-d’œuvres objectifs ») est bêtement classée par ordre numérico-alphabétique et qu’a priori, une liste de ce type commence par le chiffre « 1 » (je suis finalement un garçon assez cartésien).
Ensuite vous allez me demander POURQUOI j’ai choisi ce disque de Bowie-là alors qu’on lui doit tant de disques nettement plus importants dans l’histoire de la musique… vous me taxerez peut-être même de snobisme de prime abord, parce que ça fait toujours mieux de citer un disque "méconnu"… à ceux qui auront pensé cela ne fût-ce qu’un instant je répondrais : désolé.
La réponse est bien plus bête que ça ! Un rapide calcul vous permettra d’évaluer approximativement l’âge que j’avais en 1995. Eh bien voilà : c’est avec ce disque que j’ai rencontré David Bowie. Tout bêtement ! Or David Bowie, ce n’est quand même pas la moindre des rencontres, tout de même. David Bowie est un mythe, une légende, une star planétaire que personne ne connaît réellement (allez faire un sondage dans la rue et demandez aux gens de vous citer de tête une chanson de David Bowie vous aurez a priori un genre de top 5 inébranlable : « Let’s Dance » - « China Girl » - « Under Pressure feat. Queen » - « Space Oddtiy » - « Life On Mars? »… pas forcément ce qu’il a fait de mieux et encore, « Life On Mars? » est surtout connue parce qu’elle servit longtemps d’accroche à une pub pour un ex service public devenue paraît-il une « banque postale » ( ???)).
Ce disque m’a tout de suite plu et je ne sais même pas pourquoi. Peut-être tout simplement parce qu’il ne ressemblait à rien de ce que j’avais entendu jusqu’alors. C’était bien sûr du rock électronique, pas besoin de d’être très malin pour s’en rendre compte. Mais c’était surtout un univers entier, un concept-album. Une spécialité de Bowie - mais à l’époque je l’ignorais. Les morceaux se répondaient entre eux, il y avait une histoire, une vraie, une trame bizarre : le journal d’un détective privé dans un monde futuriste et anarchique. Pas du tout à la Orwell, pas du tout. Au contraire Bowie imaginait là strictement l’inverse : un monde de liberté absolue où n’importe qui pouvait faire n’importe quoi… je peux vous dire que quand on lit l’histoire racontée par ce disque on n’a plus du tout envie d’aller militer avec les anars.
La musique demeure bien sûr primordiale : si on m’offre un concept-album génial avec une musique foireuse il y a peu de chance que je l’écoute souvent (alors qu'à l'inverse marche en revanche très bien). Là on a des choses très complexes (sans doute un peu trop parfois). L’impression désagréable que le disque part un peu dans tous les sens – et de fait les premières écoutes ne nous permettent pas d’en retirer de véritable chanson. 1.Outside est un tout, un bloc. Si on enlève une note l’édifice s’effondre. Beaucoup dirent à sa sortie qu’il était trop long – même Bowie l’a reconnu et a publié l’an dernier une version « edit » (marrant comme idée, en général quand un artiste réédite son fond de catalogue c’est pour le rallonger !). Pourtant je préfère la première version, celle avec le « I’m Deranged » traînant en longueur (la plus répandue est celle de deux minutes qui servit de générique au Lost Highway de David Lynch), et le « Hallo, Spaceboy » initial, indus-rock tapageur (là encore la version la plus répandue est le remix honnête mais dispensable des Pet Shop Boys).
Surtout, il y a sur ce disque un morceau parfait. Peut-être le truc le plus génial que Bowie ait jamais écrit : « The Motel ». Mélodie lancinante avec son gimmick de piano (on retrouve la touche typique de Mike Garson), la voix qui se pose délicatement sur cette intro bizarroïde puis la lente montée en puissance jusqu’à explosion totale… fantastique.
Je pourrais continuer longtemps comme ça. Je pourrais vous dire que ce disque est important parce que Bowie y retrouve ses collaborateurs d’antan, Brian Eno à la prod et Carlos Alomar à la guitare. Je pourrais vous dire que ce fut pour lui le disque de la renaissance. Que la tournée qui suivie fut le mythique Live Hate Tour 1995-96 en co-heading avec Nine Inch Nails. Je pourrais vous dire que quand j’ai été voir Bowie en concert en 2003 c’est le disque dont il a joué le plus de morceaux – ce qui prouve à quel point il est populaire chez les fans malgré un relatif insuccès au moment de sa parution.
Mais franchement la musique au bout d’un moment il faut se taire et l’écouter non ?
(le premier qui dit que ma phrase finale rend caduque tout le reste du message en mangera une belle)
Trois autres disques pour découvrir David Bowie :
Hunky Dory (1971)
Station to Station (1976)
Low (1977)