...
Il est forcément difficile de critiquer un recueil de nouvelles, je ne vais pas donc vous faire un "one by one", ce serait fastidieux pour tout le monde et qui plus est totalement inutile puisque comme dans tout recueil, il y a du bon et du moins bon, du génial même parfois - mais point de médiocre (pas dans celui-ci, du moins). A plus forte raison dans ces vrais/faux "nouveaux contes de la folie ordinaire" (en VF) : en réalité, il s'agit d'une collection dont le principal maître d'oeuvre est l'éditeur de Bukowski, dans le but avoué de capitaliser sur le succès des premiers (contes). C'est-à-dire qu'il n'y a pas réellement de ligne directrice dans ce livre-ci et qu'il regroupe des textes écrits entre 1965 et 1972, ce qui fait une sacrée marge. Certains ont été publiés dans des revues littéraires, d'autres au milieu de recueils de poésie comme Crucifixion in Deathland, et d'autres encore ont été écrits pour les "premiers contes" et tenus à l'écart de leur édition définitive. Bref c'est un peu comme en musique, quand un artiste publie les chutes de studio de son album précédent. Sauf que bizarrement, ce côté dilettante, bordélique et j'menfoutiste va comme un gant au vieux Tonton Hank. Hank, dont ce recueil marque d'ailleurs la naissance (c'est-à-dire que c'est le premier livre où Bukoswki/Chinaski se voit surnommé Hank).
Dans The Most Beautiful Woman in Town (le recueil, pas la nouvelle), il y a des choses drôles, des choses horribles, et surtout beaucoup de choses horriblement drôles... les deux premières nouvelles font frôler le haut le coeur (notamment la mort atroce de Ramon Vasquez) et c'est là que je me dis que j'ai mal vieilli car bizarrement, je n'ai pas souvenir que ces textes m'aient heurtés durant mon adolescence. Pourtant paradoxalement, les deux zonards nécrophages ou les deux blaireaux torturant l'ex-star du muet sont aussi pourris que terriblement attachants... Et que dire de la double apparition de son idole et rival Hemingway ? totalement géniale et délirante : la première fois, Hemingway téléphone pour s'excuser, il ne pourra venir à leur rendez-vous parce qu'il est retenu ailleurs, il vient de mourir (et lâche au passage : "quand ils ont adoré mon The Old Man and the Sea j'ai compris que l'humanité était fichue"); la seconde fois il est bien vivant, et c'est Bukowski qui s'excuse de s'être envoyé sa femme la veille au soir !
Bukoswki est un genre d'éboueur : il est l'Eboueur de l'Humanité. Même pas par provocation, juste parce qu'il est comme ça : il parle de ce que les autres taisent, il jette un regard aussi lucide que cruel et hilarant sur le monde de fous qui l'entourent. Ça passe par des mésaventures tragi-comiques comme celle de l'araignée qui le fixe du regard et le stresse au point qu'il n'arrive pas à faire son caca... je sais, écrit par moi ça n'a aucun intérêt. Ça n'a même aucun intérêt écrit par qui que ce soit - exception faite de Bukowski. Ça passe aussi (surtout) par des moments poignants, cette incroyable humanité avec laquelle il traite les marginaux, les toxicos, les putes oeuvrant avec un crucifix au-dessus du lit, les pauvres qui crèvent de la tuberculose dans les hôpitaux parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'offrir les soins nécessaires (je peux vous dire que quand on repense à certains évènements récents, l'ouragan Katrina en tête, ça n'a pas vieilli)...
Comme toujours, il y a Bukowski côté pile (la violence, la rage, les sentences définitives aux arrière-goûts de fin du monde) et Charles côté face (deux nouvelles où il évoque, sous couvert de fiction, sa toute récente paternité).
Un peu comme les deux faces de cette société occidentale sur laquelle il fait semblant de cracher tout en étant partie prenante.
Il est forcément difficile de critiquer un recueil de nouvelles, je ne vais pas donc vous faire un "one by one", ce serait fastidieux pour tout le monde et qui plus est totalement inutile puisque comme dans tout recueil, il y a du bon et du moins bon, du génial même parfois - mais point de médiocre (pas dans celui-ci, du moins). A plus forte raison dans ces vrais/faux "nouveaux contes de la folie ordinaire" (en VF) : en réalité, il s'agit d'une collection dont le principal maître d'oeuvre est l'éditeur de Bukowski, dans le but avoué de capitaliser sur le succès des premiers (contes). C'est-à-dire qu'il n'y a pas réellement de ligne directrice dans ce livre-ci et qu'il regroupe des textes écrits entre 1965 et 1972, ce qui fait une sacrée marge. Certains ont été publiés dans des revues littéraires, d'autres au milieu de recueils de poésie comme Crucifixion in Deathland, et d'autres encore ont été écrits pour les "premiers contes" et tenus à l'écart de leur édition définitive. Bref c'est un peu comme en musique, quand un artiste publie les chutes de studio de son album précédent. Sauf que bizarrement, ce côté dilettante, bordélique et j'menfoutiste va comme un gant au vieux Tonton Hank. Hank, dont ce recueil marque d'ailleurs la naissance (c'est-à-dire que c'est le premier livre où Bukoswki/Chinaski se voit surnommé Hank).
Dans The Most Beautiful Woman in Town (le recueil, pas la nouvelle), il y a des choses drôles, des choses horribles, et surtout beaucoup de choses horriblement drôles... les deux premières nouvelles font frôler le haut le coeur (notamment la mort atroce de Ramon Vasquez) et c'est là que je me dis que j'ai mal vieilli car bizarrement, je n'ai pas souvenir que ces textes m'aient heurtés durant mon adolescence. Pourtant paradoxalement, les deux zonards nécrophages ou les deux blaireaux torturant l'ex-star du muet sont aussi pourris que terriblement attachants... Et que dire de la double apparition de son idole et rival Hemingway ? totalement géniale et délirante : la première fois, Hemingway téléphone pour s'excuser, il ne pourra venir à leur rendez-vous parce qu'il est retenu ailleurs, il vient de mourir (et lâche au passage : "quand ils ont adoré mon The Old Man and the Sea j'ai compris que l'humanité était fichue"); la seconde fois il est bien vivant, et c'est Bukowski qui s'excuse de s'être envoyé sa femme la veille au soir !
Bukoswki est un genre d'éboueur : il est l'Eboueur de l'Humanité. Même pas par provocation, juste parce qu'il est comme ça : il parle de ce que les autres taisent, il jette un regard aussi lucide que cruel et hilarant sur le monde de fous qui l'entourent. Ça passe par des mésaventures tragi-comiques comme celle de l'araignée qui le fixe du regard et le stresse au point qu'il n'arrive pas à faire son caca... je sais, écrit par moi ça n'a aucun intérêt. Ça n'a même aucun intérêt écrit par qui que ce soit - exception faite de Bukowski. Ça passe aussi (surtout) par des moments poignants, cette incroyable humanité avec laquelle il traite les marginaux, les toxicos, les putes oeuvrant avec un crucifix au-dessus du lit, les pauvres qui crèvent de la tuberculose dans les hôpitaux parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'offrir les soins nécessaires (je peux vous dire que quand on repense à certains évènements récents, l'ouragan Katrina en tête, ça n'a pas vieilli)...
Comme toujours, il y a Bukowski côté pile (la violence, la rage, les sentences définitives aux arrière-goûts de fin du monde) et Charles côté face (deux nouvelles où il évoque, sous couvert de fiction, sa toute récente paternité).
Un peu comme les deux faces de cette société occidentale sur laquelle il fait semblant de cracher tout en étant partie prenante.
👍👍👍 The Most Beautiful Woman in Town & Other Stories [Nouveaux contes de la Folie Ordinaire]
Charles Bukowski | Black Sparrow, 1983