mercredi 10 mai 2006

Golbital Advisory

[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°7]
Alternative 4 - Anathema

Au cas vous auriez encore douté que les fameux Parental Advisories ne servent à rien, ce septième volet de Mes disques à moi vous en convaincra très probablement, puisqu’il n’en possède pas – et pourtant !

Alternative 4 n’est pas un disque à glisser entre toutes les mains. Le groupe de metal anglais n’a certes jamais été une bande de joyeux lurons, mais ce quatrième album va encore plus loin : il semble que le moral ait chuté en même temps que la tension électrique. Non seulement ce disque n’a plus grand-chose à voir avec le genre « metal » qui rendit célèbre Anathema mais en plus il est carrément plombant. Ne tournons pas autour du pot : la quatrième alternative du titre, c’est la mort.

Cet album n’est qu’une longue et suffocante méditation sur le suicide. La bande originale de Suicide : Mode d’Emploi, si cela vous chante. Un disque sombre, froid… désespéré. Le chanteur-narrateur est clairement en train d’agoniser et ses chansons, « Lost Control » et « Alternative 4 » notamment, sont d’un seul tenant – noires et sans issues.

Dès l’intro cristalline de « Shrould of False », le ton est donné. On n’est pas là pour rigoler et on ne vas pas le faire de sitôt. Partagé entre sursauts de colère purificatrice (« Fragile Dreams », « Empty », « Re-connect ») et élégies aussi délicieusement romantiques que lugubres (« Regret », « Destiny »), Alternative 4 propose 45 minutes pour mourir tranquillement. Et le plus angoissant, c’est qu’on aime ça. Parce que cet album exerce un pouvoir magique étrange, parce que cette douleur est aussi repoussante que fascinante.

Autrefois fleuron du mouvement goth-metal anglais, les jeunes gens d’Anathema semblent désormais loin de tout ça, des chœurs féminins et des lourdeurs d’un genre (le metal) bien trop étriqué pour leur talent. Ils chassent désormais sur les terres du Pink Floyd. Un Floyd que Syd Barrett n’aurait jamais abandonné et qui aurait entre temps croisé les chemins de Black Sabbath et des Doors pour donner un résultat unique : une musique atmosphérique et délicate mais totalement suicidaire et désincarnée. Je le répète, Alternative 4 est un disque nocif pour votre santé si vous êtes quelqu’un d’heureux et de bien portant. Une œuvre poignante mais totalement étouffante dont on ne ressort pas indemne.

Car aux dernières mesures de « Destiny » l’auditeur est complètement lessivé, vidé… De son sang, de son âme… de toute émotion, en fait.

Comme une fabuleuse catharsis de seulement dix chansons.


Trois autres disques pour découvrir Anathema :

Eternity (1996)
Judgement (1999)
A Natural Disaster (2003)