...
Je vais vous dire : je comprends par exemple très bien la pression subie par Raymond Domenech hier, lorsqu’il a annoncé la liste des 23. Et Raymond, j’en suis sûr, comprendrait parfaitement la pression que je ressens moi-même depuis qu’il a annoncé cette liste. Évidemment je suis déçu de ne pas avoir été pris, mais bon, il paraît que mes antidépresseurs sont considérés comme dopants ; ce matin encore, mon vieux pote Michel Platini me l’expliquait au téléphone. Lui aussi trouvait dommage de se priver du meilleur numéro 10 de toute l’histoire du F.C. Frocville, mais que voulez-vous ? Comme l’a très bien dit Michel : « C’est la vie ». Un peu que c’est la vie ! il a foutrement raison Michel. De toute façon, Michel à toujours raison. Dans le football, il y a deux règles qu’il faut parfaitement connaître : la Règle du Hors-jeu, et celle du Platini. La première je vous l’expliquerais bien mais ce serait trop chiant, là comme ça sans schéma… je ne suis pas un virtuose en matière d’explications footballistiques, voyez-vous. La Règle du Platini est beaucoup plus simple à comprendre : Michel a raison. Voilà. C’est tout. Michel n’est que Platini (et réciproquement), mais il a toujours raison. Pourquoi ? je ne sais pas. Vous ne vous vous demandez pas pourquoi les verbes d’état sont obligatoirement suivis d’un attribut du sujet, pas vrai ? Vous ne vous posez pas la question et vous écrivez comme ça. Eh bah c’est pareil pour la Règle du Platini. Michel a raison, un point c’est tout. C’est une des vérités fondamentale de l’univers. Rien ne se décide dans le football français si Michel est contre. L’arbitrage vidéo ? Michel n’en veut pas. Personne ne sait vraiment pourquoi, car ses argumentaires sont généralement assez pauvres (ou très complexes selon que vous être beaucoup plus intelligents ou beaucoup plus bêtes que lui – car Michel fait aussi baromètre du QI des amateurs de foot à ses heures perdues). Mais de toute façon on n’a besoin de savoir pourquoi il est contre, puisqu’il a raison. La preuve : tout Patron de la LFP qu’il soit, Frédéric Thiriez ne la ramène pas quand Michel dit « Non, ton idée d’arbitrage vidéo c’est tout pourri ».
Mais je m’égare ! Je vous parlais de pression. De la pression à laquelle je suis soumis depuis hier, 11h37. Depuis que Raymond Domenech a annoncé la liste. J’étais seul devant la télé. J’ai appelé mon frère mais il était à peine levé, c’est moi qui lui ai annoncé la liste, il était atterré mais n’avait pas de commentaires à faire à chaud. Mon grand-père n’était pas là. J’étais donc seul, seul avec moi-même et seul à porter l’horrible fardeau de cette nouvelle. Je n’avais qu’un recours, je ne connaissais qu’une personne avec qui noyer mon chagrin. Et vous la connaissez aussi. Oui : Jean-Pierre Jean, mon coiffeur. Bien sûr. Évidemment. Qui d’autre que lui aurait pu mieux comprendre ma détresse ? J’ai tenu bon toute l’aprem d’hier. Mais ce matin je me suis levé avec l’intime conviction qu’il fallait que je vois Jean-Pierre Jean. Certains se lèvent avec d’autres convictions toutes aussi intimes. Nicolas S, gentil nabot de son état, se lève par exemple tous les jours avec l’intime conviction qu’il doit devenir Président de la République. Chacun ses priorités. Moi je me suis levé avec l’intime conviction que je devais voir Jean-Pierre Jean, le coiffeur-pronostiqueur-bookmaker-consultant.
Me voilà donc dans la rue, pas loin de son salon… je tourne en rond, je ne sais pas comment l’aborder… quel prétexte prendre pour aller le voir ? Il m’a coupé les cheveux il y a deux semaines, je ne peux tout de même pas revenir me les faire couper (sinon je vais ressembler à Barthez). J’ai erré longtemps dans cette rue… je l’ai parcourue de long en large, je suis passé au moins huit fois devant la vitrine du salon en espérant capter le regard de mon héros. En vain. Comme dans les films, c’est bien sûr au moment où j’allais renoncer et rentrer chez moi que Jean-Pierre est sorti du salon pour aller au tabac.
C’est lui qui m’a vu le premier. Il m’a interpellé : « Hé, salut ! »… je me suis retourné l’air de rien. Nos regards se sont croisés. J’ai tout de suite su qu’il savait. De même qu’il a tout de suite su que je savais qu’il savais. Mais c'est connu : toutes les vraies, les belles, les grandes histoires d’amour reposent sur le non-dit. Sur ces mots que nous ne prononçons jamais, parce qu’on n’en a pas besoin, parce qu’on n’ose ou tout simplement parce qu’ils sont évidents et que ça gâcherait tout de les prononcer. J’ai serré la main de Jean-Pierre Jean et Jean-Pierre Jean a serré ma main. Le contact était chaud, agréable. Jean-Pierre a dit en souriant qu’il faisait une pause, pour aller acheter des cigarettes. J’ai dit : « Ah, justement j’y allais. ». C’était faux, j’avais un paquet à peine entamé dans ma poche, et nous le savions tous les deux.
Le non-dit, encore et toujours.
Nous sommes entrés dans le tabac. Jean-Pierre Jean a acheté un paquet de Marlboro Light 100’s. Fumer des Marlboro Light 100’s c’est ridicule. C’est un truc de pétasses ou de branleurs. La zone totale. Sauf si c’est Jean-Pierre Jean, là, je ne peux pas vous dire pourquoi, mais c’est carrément la classe… bon, j’en rajoute, mais disons que ça s’inscrit totalement dans le tableau - ça concorde à la perfection avec le reste du personnage. Moi j’ai acheté un paquet de Dunhill Rouge, parce que ce sont les cigarettes de John Lennon. J’en fume jamais, mais j’allais pas acheter un paquet bon marché, j’aurais passé pour quoi moi, devant Jean-Pierre Jean et ses Marlboro Light 100’s ? Quand nous sommes sortis du tabac j’ai fait mine de rentrer chez moi. Je n’en avais pas la moindre intention évidemment, mais je voulais avoir le plaisir que Jean-Pierre Jean me retienne, je voulais me faire un peu désirer – je ne suis pas un homme-facile ! Il a compris, et toujours bien encré dans notre petit jeu érotique m’a dit : « Attendez, vous voulez venir prendre un café ? J’ai un petit moment devant moi et je crois que la cafetière chauffe encore. » Je fais une pause pour reprendre mon souffle. Vous vous rendez compte : prendre un café avec Jean-Pierre Jean ? Carrément !!! Mais c’est… enfin… un instant je me suis demandé si je méritais vraiment ce qui m’arrivait, tel un candidat de la Star Academy sauvé in extremis par le public. Et puis, tel une moderne Nolwenn Leroy, je me suis lancé. J’ai accepté l’invitation.
Le salon de Jean-Pierre Jean sentait bon le café chaud, le shampoing et la javel qu’il passe méthodiquement tous les matins avant l’ouverture. Je me suis assis, il m’a servi dans un mug (mais COMMENT a-t-il su que je ne buvais mon café que dans des mugs ?!!). Je ne savais pas trop quoi dire, c’était la première fois que je le voyais dans ses conditions… j’étais embarrassé et je dirais même qu’on était deux, parce que le silence a duré assez longtemps. Une quinzaine d’anges sont passés à toute blinde et j’ai enfin eu mon illumination : là, tout prêt, à peine à trois mètres de moi, j’ai vu l’Équipe ouvert à la page foot. Après une grande inspiration : « Et alors finalement ? Cette équipe, vous en pensez quoi ? »
Jean-Pierre Jean était comme moi : sidéré. Pourtant Jean-Pierre aime beaucoup Raymond Domenech, comme vous le savez déjà. Mais comme moi, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il avait pris Chimbonda, comme ça, subitement. Pourquoi il avait rappelé des gens comme Sylvestre ou Saha qu’il n’avait quasiment jamais appelé depuis deux ans. Ce fut un entretien à bâton rompu. Pas de langue de bois.
« Barthez gardien numéro 1 !
- C’est n’importe quoi.
- Oui mais ce n’est pas Raymond qui…
- …non évidemment c’est le choix…
- …de Zidane et de Thuram…
- …les deux vrais patrons…
- …de cette Équipe qui finalement va être…
- …presque la même que celle de 2004…
- …moins Pires !
- Bien sûr.
- Évidemment.
- Et Giuly.
- C’est peut-être un moindre mal ?
- Peut-être oui mais tout de même… préférer…
- Saha à Anelka ?
- Oui.
- Comme vous dites.
- C’est incroyable.
- Limite n’importe quoi.
- Tout juste.
- Et Squillaci où est-il ?
- Le pauvre ! appelé à tous les rassemblements depuis deux ans et là…
- …il a dû apprendre par la télé qu’il n’y était pas…
- …alors qu’il était quasiment sûr…
- Déjà qu’il a raté sa saison avec Monaco…
- Tout comme Givet, mais lui est pris…
- …polyvalence sans doute mais bon…
- …pour ce qu’il a montré en Equipe de France jusqu’ici…
- …on ne peut qu’être sceptique…
- Absolument. Et ce système de jeu…
- Quel système de jeu ?
- Justement il n’en a pas parlé…
- Peut-être qu’il n’y en a tout simplement pas !
- C’est même l’hypothèse la plus probable.
- Il doit bien y penser…
- …et puis il peut s’en passer des choses d’ici un mois.
- Des blessures !
- Qu’est-ce qu’on va faire en Allemagne…
- …c’est toute la question…
- …nous sommes perdus non ?
- Difficile à dire.
- Vous avez raison.
- Qui vivra verra…
- …c’est l’expression qui convient le mieux à la situation… »
Une heure de bonheur total. Nous étions en parfaite harmonie. Plus que jamais. Soudés autour d’une noble cause : critiquer les choix de Raymond Domenech. Car comme tous les Français moyens, nous sommes aussi sélectionneurs. On était totalement d’accord sur tout. Il n’y avait même pas débat. Ce n’était même pas une question de débat d’ailleurs. Il fallait évacuer, on en avait besoin. Lorsque nous nous sommes quittés, parce qu’un abruti de client est venu se faire coiffer, nous nous avons échangé une poignée de mains moites. Sans mot dire. Je voyais bien que Jean-Pierre Jean n’avait pas plus envie de coiffer ce crétin que moi de m’en aller. Mais il le fallait. C’est dommage. En partant, j’ai entendu le client demander : « Vous avez vu la liste alors ? » et Mon Coiffeur lui répondre « Oh, ça ne m’intéresse pas tellement ces choses là ». Il m’a jeté une œillade complice qui m’a arraché un sourire immense. Le non-dit, bien entendu. Voilà. Préparez-vous chers lecteurs, car la Coupe du Monde approche. Les consultants ont été embauchés. M6 a pris Thierry Roland, dont la mentalité correspond très bien à celle de la chaîne. Le Golb a pris Jean-Pierre Jean, dont le potentiel comique est inférieur mais qui au moins s’y connaît. D’autant que d’ici un mois…
…mes cheveux auront repoussé !
Je vais vous dire : je comprends par exemple très bien la pression subie par Raymond Domenech hier, lorsqu’il a annoncé la liste des 23. Et Raymond, j’en suis sûr, comprendrait parfaitement la pression que je ressens moi-même depuis qu’il a annoncé cette liste. Évidemment je suis déçu de ne pas avoir été pris, mais bon, il paraît que mes antidépresseurs sont considérés comme dopants ; ce matin encore, mon vieux pote Michel Platini me l’expliquait au téléphone. Lui aussi trouvait dommage de se priver du meilleur numéro 10 de toute l’histoire du F.C. Frocville, mais que voulez-vous ? Comme l’a très bien dit Michel : « C’est la vie ». Un peu que c’est la vie ! il a foutrement raison Michel. De toute façon, Michel à toujours raison. Dans le football, il y a deux règles qu’il faut parfaitement connaître : la Règle du Hors-jeu, et celle du Platini. La première je vous l’expliquerais bien mais ce serait trop chiant, là comme ça sans schéma… je ne suis pas un virtuose en matière d’explications footballistiques, voyez-vous. La Règle du Platini est beaucoup plus simple à comprendre : Michel a raison. Voilà. C’est tout. Michel n’est que Platini (et réciproquement), mais il a toujours raison. Pourquoi ? je ne sais pas. Vous ne vous vous demandez pas pourquoi les verbes d’état sont obligatoirement suivis d’un attribut du sujet, pas vrai ? Vous ne vous posez pas la question et vous écrivez comme ça. Eh bah c’est pareil pour la Règle du Platini. Michel a raison, un point c’est tout. C’est une des vérités fondamentale de l’univers. Rien ne se décide dans le football français si Michel est contre. L’arbitrage vidéo ? Michel n’en veut pas. Personne ne sait vraiment pourquoi, car ses argumentaires sont généralement assez pauvres (ou très complexes selon que vous être beaucoup plus intelligents ou beaucoup plus bêtes que lui – car Michel fait aussi baromètre du QI des amateurs de foot à ses heures perdues). Mais de toute façon on n’a besoin de savoir pourquoi il est contre, puisqu’il a raison. La preuve : tout Patron de la LFP qu’il soit, Frédéric Thiriez ne la ramène pas quand Michel dit « Non, ton idée d’arbitrage vidéo c’est tout pourri ».
Mais je m’égare ! Je vous parlais de pression. De la pression à laquelle je suis soumis depuis hier, 11h37. Depuis que Raymond Domenech a annoncé la liste. J’étais seul devant la télé. J’ai appelé mon frère mais il était à peine levé, c’est moi qui lui ai annoncé la liste, il était atterré mais n’avait pas de commentaires à faire à chaud. Mon grand-père n’était pas là. J’étais donc seul, seul avec moi-même et seul à porter l’horrible fardeau de cette nouvelle. Je n’avais qu’un recours, je ne connaissais qu’une personne avec qui noyer mon chagrin. Et vous la connaissez aussi. Oui : Jean-Pierre Jean, mon coiffeur. Bien sûr. Évidemment. Qui d’autre que lui aurait pu mieux comprendre ma détresse ? J’ai tenu bon toute l’aprem d’hier. Mais ce matin je me suis levé avec l’intime conviction qu’il fallait que je vois Jean-Pierre Jean. Certains se lèvent avec d’autres convictions toutes aussi intimes. Nicolas S, gentil nabot de son état, se lève par exemple tous les jours avec l’intime conviction qu’il doit devenir Président de la République. Chacun ses priorités. Moi je me suis levé avec l’intime conviction que je devais voir Jean-Pierre Jean, le coiffeur-pronostiqueur-bookmaker-consultant.
Me voilà donc dans la rue, pas loin de son salon… je tourne en rond, je ne sais pas comment l’aborder… quel prétexte prendre pour aller le voir ? Il m’a coupé les cheveux il y a deux semaines, je ne peux tout de même pas revenir me les faire couper (sinon je vais ressembler à Barthez). J’ai erré longtemps dans cette rue… je l’ai parcourue de long en large, je suis passé au moins huit fois devant la vitrine du salon en espérant capter le regard de mon héros. En vain. Comme dans les films, c’est bien sûr au moment où j’allais renoncer et rentrer chez moi que Jean-Pierre est sorti du salon pour aller au tabac.
C’est lui qui m’a vu le premier. Il m’a interpellé : « Hé, salut ! »… je me suis retourné l’air de rien. Nos regards se sont croisés. J’ai tout de suite su qu’il savait. De même qu’il a tout de suite su que je savais qu’il savais. Mais c'est connu : toutes les vraies, les belles, les grandes histoires d’amour reposent sur le non-dit. Sur ces mots que nous ne prononçons jamais, parce qu’on n’en a pas besoin, parce qu’on n’ose ou tout simplement parce qu’ils sont évidents et que ça gâcherait tout de les prononcer. J’ai serré la main de Jean-Pierre Jean et Jean-Pierre Jean a serré ma main. Le contact était chaud, agréable. Jean-Pierre a dit en souriant qu’il faisait une pause, pour aller acheter des cigarettes. J’ai dit : « Ah, justement j’y allais. ». C’était faux, j’avais un paquet à peine entamé dans ma poche, et nous le savions tous les deux.
Le non-dit, encore et toujours.
Nous sommes entrés dans le tabac. Jean-Pierre Jean a acheté un paquet de Marlboro Light 100’s. Fumer des Marlboro Light 100’s c’est ridicule. C’est un truc de pétasses ou de branleurs. La zone totale. Sauf si c’est Jean-Pierre Jean, là, je ne peux pas vous dire pourquoi, mais c’est carrément la classe… bon, j’en rajoute, mais disons que ça s’inscrit totalement dans le tableau - ça concorde à la perfection avec le reste du personnage. Moi j’ai acheté un paquet de Dunhill Rouge, parce que ce sont les cigarettes de John Lennon. J’en fume jamais, mais j’allais pas acheter un paquet bon marché, j’aurais passé pour quoi moi, devant Jean-Pierre Jean et ses Marlboro Light 100’s ? Quand nous sommes sortis du tabac j’ai fait mine de rentrer chez moi. Je n’en avais pas la moindre intention évidemment, mais je voulais avoir le plaisir que Jean-Pierre Jean me retienne, je voulais me faire un peu désirer – je ne suis pas un homme-facile ! Il a compris, et toujours bien encré dans notre petit jeu érotique m’a dit : « Attendez, vous voulez venir prendre un café ? J’ai un petit moment devant moi et je crois que la cafetière chauffe encore. » Je fais une pause pour reprendre mon souffle. Vous vous rendez compte : prendre un café avec Jean-Pierre Jean ? Carrément !!! Mais c’est… enfin… un instant je me suis demandé si je méritais vraiment ce qui m’arrivait, tel un candidat de la Star Academy sauvé in extremis par le public. Et puis, tel une moderne Nolwenn Leroy, je me suis lancé. J’ai accepté l’invitation.
Le salon de Jean-Pierre Jean sentait bon le café chaud, le shampoing et la javel qu’il passe méthodiquement tous les matins avant l’ouverture. Je me suis assis, il m’a servi dans un mug (mais COMMENT a-t-il su que je ne buvais mon café que dans des mugs ?!!). Je ne savais pas trop quoi dire, c’était la première fois que je le voyais dans ses conditions… j’étais embarrassé et je dirais même qu’on était deux, parce que le silence a duré assez longtemps. Une quinzaine d’anges sont passés à toute blinde et j’ai enfin eu mon illumination : là, tout prêt, à peine à trois mètres de moi, j’ai vu l’Équipe ouvert à la page foot. Après une grande inspiration : « Et alors finalement ? Cette équipe, vous en pensez quoi ? »
Jean-Pierre Jean était comme moi : sidéré. Pourtant Jean-Pierre aime beaucoup Raymond Domenech, comme vous le savez déjà. Mais comme moi, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il avait pris Chimbonda, comme ça, subitement. Pourquoi il avait rappelé des gens comme Sylvestre ou Saha qu’il n’avait quasiment jamais appelé depuis deux ans. Ce fut un entretien à bâton rompu. Pas de langue de bois.
« Barthez gardien numéro 1 !
- C’est n’importe quoi.
- Oui mais ce n’est pas Raymond qui…
- …non évidemment c’est le choix…
- …de Zidane et de Thuram…
- …les deux vrais patrons…
- …de cette Équipe qui finalement va être…
- …presque la même que celle de 2004…
- …moins Pires !
- Bien sûr.
- Évidemment.
- Et Giuly.
- C’est peut-être un moindre mal ?
- Peut-être oui mais tout de même… préférer…
- Saha à Anelka ?
- Oui.
- Comme vous dites.
- C’est incroyable.
- Limite n’importe quoi.
- Tout juste.
- Et Squillaci où est-il ?
- Le pauvre ! appelé à tous les rassemblements depuis deux ans et là…
- …il a dû apprendre par la télé qu’il n’y était pas…
- …alors qu’il était quasiment sûr…
- Déjà qu’il a raté sa saison avec Monaco…
- Tout comme Givet, mais lui est pris…
- …polyvalence sans doute mais bon…
- …pour ce qu’il a montré en Equipe de France jusqu’ici…
- …on ne peut qu’être sceptique…
- Absolument. Et ce système de jeu…
- Quel système de jeu ?
- Justement il n’en a pas parlé…
- Peut-être qu’il n’y en a tout simplement pas !
- C’est même l’hypothèse la plus probable.
- Il doit bien y penser…
- …et puis il peut s’en passer des choses d’ici un mois.
- Des blessures !
- Qu’est-ce qu’on va faire en Allemagne…
- …c’est toute la question…
- …nous sommes perdus non ?
- Difficile à dire.
- Vous avez raison.
- Qui vivra verra…
- …c’est l’expression qui convient le mieux à la situation… »
Une heure de bonheur total. Nous étions en parfaite harmonie. Plus que jamais. Soudés autour d’une noble cause : critiquer les choix de Raymond Domenech. Car comme tous les Français moyens, nous sommes aussi sélectionneurs. On était totalement d’accord sur tout. Il n’y avait même pas débat. Ce n’était même pas une question de débat d’ailleurs. Il fallait évacuer, on en avait besoin. Lorsque nous nous sommes quittés, parce qu’un abruti de client est venu se faire coiffer, nous nous avons échangé une poignée de mains moites. Sans mot dire. Je voyais bien que Jean-Pierre Jean n’avait pas plus envie de coiffer ce crétin que moi de m’en aller. Mais il le fallait. C’est dommage. En partant, j’ai entendu le client demander : « Vous avez vu la liste alors ? » et Mon Coiffeur lui répondre « Oh, ça ne m’intéresse pas tellement ces choses là ». Il m’a jeté une œillade complice qui m’a arraché un sourire immense. Le non-dit, bien entendu. Voilà. Préparez-vous chers lecteurs, car la Coupe du Monde approche. Les consultants ont été embauchés. M6 a pris Thierry Roland, dont la mentalité correspond très bien à celle de la chaîne. Le Golb a pris Jean-Pierre Jean, dont le potentiel comique est inférieur mais qui au moins s’y connaît. D’autant que d’ici un mois…
…mes cheveux auront repoussé !
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