...
Ami lecteur : ce message s'adresse à toi.
Si d'aventure tu avais des prétentions artistiques et qu'en plus tu avais une vie romanesque, méfie toi : Philippe Sollers pourrait bien avoir d'écrire ta biographie à l'occasion de son 4675ème bouquin.
Après Casanova, Mozart et au moins une trentaine d'autres, Sollers s'attaque aujourd'hui à Nietzsche, personnage si sollersien (à moins que Sollers ne soit un personnage nietzschéen, mais ce serait peut-être lui faire trop d'honneur) qu'on se demande pourquoi ces deux là ne s'étaient pas encore rencontrés.
On a un peu envie de lâcher le même commentaire qu'on avait lâché à propos de sa bio de Mozart (Mystérieux Mozart, il y a cinq ans) : on a tout dit et tout écrit sur le sujet, que peut bien apporter Sollers au débat ? Pour l'immense compositeur, c'était clair et net : que dalle. Pour Nietzsche, en revanche... on est obligé d'admettre que Sollers, outre une plume alerte, est doué d'une culture et surtout d'une compréhension de cette culture hors du commun. Il semble littéralement être parvenu à pénétrer dans la tête de Nietzsche, dans les moindres replis de son âme, et réussit admirablement à nous émouvoir avec l'immense solitude du plus artiste de tous les philosophes. Un être génial, surdoué, affable en public mais désespérément seul dès que s'éloignaient les lumières de la fête... comme Sollers ? Il est évident que ces deux là, tout en présentant de considérables divergences, sont faits du même bois. Sollers n'a bien sûr pas révolutionné la philosophie (à vrai dire la seule chose qu'il ait jamais révolutionnée c'est la représentation médiatique des écrivains. Et encore) même s'il en a sans doute rêvé. Mais cette solitude, ce silence au milieu de l'érudition quasi omnisciente, c'est bien sûr la sienne. En ce sens, il en dit sans doute plus sur lui dans cette bio de Nietzsche que dans tout le reste de son œuvre.
Pour le reste on peut bien sûr lancer le débat : le rôle d'un biographe, par définition plus journalistique que littéraire, est-il d'entrer la tête de son sujet et de se servir de lui pour nous émouvoir ? A l'inverse, plus qu'un philosophe ou un artiste, Nietzsche est avec le temps devenu un mythe. Et le principe d'un mythe, c'est que tout être peut y plaquer ses propres obsessions...
Ici, il s'agit sans doute d'une très mauvaise biographie. Mais c'est un très bon roman.
Ami lecteur : ce message s'adresse à toi.
Si d'aventure tu avais des prétentions artistiques et qu'en plus tu avais une vie romanesque, méfie toi : Philippe Sollers pourrait bien avoir d'écrire ta biographie à l'occasion de son 4675ème bouquin.
Après Casanova, Mozart et au moins une trentaine d'autres, Sollers s'attaque aujourd'hui à Nietzsche, personnage si sollersien (à moins que Sollers ne soit un personnage nietzschéen, mais ce serait peut-être lui faire trop d'honneur) qu'on se demande pourquoi ces deux là ne s'étaient pas encore rencontrés.
On a un peu envie de lâcher le même commentaire qu'on avait lâché à propos de sa bio de Mozart (Mystérieux Mozart, il y a cinq ans) : on a tout dit et tout écrit sur le sujet, que peut bien apporter Sollers au débat ? Pour l'immense compositeur, c'était clair et net : que dalle. Pour Nietzsche, en revanche... on est obligé d'admettre que Sollers, outre une plume alerte, est doué d'une culture et surtout d'une compréhension de cette culture hors du commun. Il semble littéralement être parvenu à pénétrer dans la tête de Nietzsche, dans les moindres replis de son âme, et réussit admirablement à nous émouvoir avec l'immense solitude du plus artiste de tous les philosophes. Un être génial, surdoué, affable en public mais désespérément seul dès que s'éloignaient les lumières de la fête... comme Sollers ? Il est évident que ces deux là, tout en présentant de considérables divergences, sont faits du même bois. Sollers n'a bien sûr pas révolutionné la philosophie (à vrai dire la seule chose qu'il ait jamais révolutionnée c'est la représentation médiatique des écrivains. Et encore) même s'il en a sans doute rêvé. Mais cette solitude, ce silence au milieu de l'érudition quasi omnisciente, c'est bien sûr la sienne. En ce sens, il en dit sans doute plus sur lui dans cette bio de Nietzsche que dans tout le reste de son œuvre.
Pour le reste on peut bien sûr lancer le débat : le rôle d'un biographe, par définition plus journalistique que littéraire, est-il d'entrer la tête de son sujet et de se servir de lui pour nous émouvoir ? A l'inverse, plus qu'un philosophe ou un artiste, Nietzsche est avec le temps devenu un mythe. Et le principe d'un mythe, c'est que tout être peut y plaquer ses propres obsessions...
Ici, il s'agit sans doute d'une très mauvaise biographie. Mais c'est un très bon roman.
👍 Une vie divine
Philippe Sollers | Gallimard, 2006