...
Depuis deux épisodes que l'on sent venir la fin, il fallait bien que celle-ci arrive. Tant qu'à faire dans un dernier tome obèse et magistral, mais de toute façon on aurait pris n'importe quoi. Parce que si l'essentiel est dans le voyage, comme le suggère l'auteur, la beauté d'une histoire est également qu'elle se termine un jour - d'une manière ou d'une autre. Fin ouverte, fin fermée... une fin n'en est pas moins une fin.
Celle de The Dark Tower fera certainement couler beaucoup d'encre. Je ne la dévoilerai évidemment pas, et j'avoue qu'elle m'a paru idéale. D'une part parce qu'elle parvient à prendre le lecteur à revers, une dernière fois, sans pour autant tomber dans le cliffhanger final gratuit (après tout : l'épilogue était déjà contenu - on s'en doutait - dans la fin du premier tome et la confrontation avec l'Homme en Noir). Il évite tant qu'à faire aussi l'autoparodie, l'émotion facile ou le bullshit final. C'est énorme, concernant le dernier volet d'un cycle publié sur plus de trois décennies et comptant quelques millions de fans de par le monde. C'est énorme, pour un cycle qui faillit ne jamais se terminer, au point que King fut plusieurs fois menacé de mort par des fans dérangés voulant en lire la fin - au point que King faillit mourir tout court avant de l'avoir achevé.
Mais avant d'arriver à cette fin aussi imprévisible que malheureuse comme les pierres, il se passe des choses qui là, pour le coup, sont totalement prévisibles. On s'en doutait, cet ultime volet est une hécatombe. Le petit jeu amusant serait de relire ce volume en comptant le nombre de morts... mais après tout c'est normal : King voulait écrire son Lord of the Rings, donc fatalement, à un moment ou un autre, il allait y aller de sa petite scène de bataille. Dont acte : The Dark Tower (le roman) enchaîne les figures imposées par ce principe d'épisode final, avec un talent incontestable, une vraie efficacité et sans pour autant lésiner sur les péripéties (grande différence avec beaucoup de "tomes finaux" qui ont tendance à ne tendre que vers l'épilogue et à tout garder pour la fin). De toute façon, depuis le précédent volume, beaucoup des enjeux de la série se jouent dans la marge. Je dis "depuis le précédent volume" car c'est devenu explicite depuis cet épisode où King mettait habilement en abyme son incapacité passée à terminer son cycle ; en réalité, The Dark Tower a toujours été envisagée par l'auteur comme un grand patchwork, une meta-fiction labyrinthique qu'on l'on relira sans doute encore dans vingt ans en y découvrant de nouvelles choses.
Ainsi, plus encore que dans les autres volumes on se rend compte que King manie l'auto-référence quasi permanente. Certains avaient sursautés en découvrant LE rebondissement du volume six. Dans ce volume conclusif, on passe à un autre stade. Nous on est triste, parce qu'on quitte des amis. On sait bien comment les choses vont se dérouler... on sait déjà quasiment tout ou presque, dans l'absolu. Moi j'ai eu la sensation de quitter des amis de plus de dix ans et j'ai pleuré tout mon soûl ; mais n'oublions pas que l'auteur, lui, quitte des amis de plus de trente ans (le premier épisode de ce qui était alors un feuilleton a été publié en 1978, que King avait entamé dès 1971). Alors plutôt que de faire dans la lacrymologie, il se lâche : comme un grand gosse qui casse ses jouets, il pousse les ambiguïtés et les caractères à leur paroxysmes, manie l’auto-dérision comme personne et réussit (peut-être même sans le vouloir) à écrire à la fois l'épisode le plus triste et le plus hilarant de sa série.
Jusqu'à cet épilogue, donc, tant attendu et dans le fond si prévisible... qui parvient à nous surprendre. J'ai lu trois fois le premier tome, j'ai toujours été persuadé que la fin du premier tome aurait une importance capitale quant à la fin de la série et j'avais raison... mais j'ai regardé sans voir. Du coup me voilà condamné, pour l'éternité, à relire The Gunslinger. Parce que tout y était déjà. Parce que The Dark Tower, finalement, est un immense puzzle et que durant les six premiers tomes, King nous a refilé toutes les pièces sans qu'on parvienne à les faire s'imbriquer parfaitement...
Depuis deux épisodes que l'on sent venir la fin, il fallait bien que celle-ci arrive. Tant qu'à faire dans un dernier tome obèse et magistral, mais de toute façon on aurait pris n'importe quoi. Parce que si l'essentiel est dans le voyage, comme le suggère l'auteur, la beauté d'une histoire est également qu'elle se termine un jour - d'une manière ou d'une autre. Fin ouverte, fin fermée... une fin n'en est pas moins une fin.
Celle de The Dark Tower fera certainement couler beaucoup d'encre. Je ne la dévoilerai évidemment pas, et j'avoue qu'elle m'a paru idéale. D'une part parce qu'elle parvient à prendre le lecteur à revers, une dernière fois, sans pour autant tomber dans le cliffhanger final gratuit (après tout : l'épilogue était déjà contenu - on s'en doutait - dans la fin du premier tome et la confrontation avec l'Homme en Noir). Il évite tant qu'à faire aussi l'autoparodie, l'émotion facile ou le bullshit final. C'est énorme, concernant le dernier volet d'un cycle publié sur plus de trois décennies et comptant quelques millions de fans de par le monde. C'est énorme, pour un cycle qui faillit ne jamais se terminer, au point que King fut plusieurs fois menacé de mort par des fans dérangés voulant en lire la fin - au point que King faillit mourir tout court avant de l'avoir achevé.
Mais avant d'arriver à cette fin aussi imprévisible que malheureuse comme les pierres, il se passe des choses qui là, pour le coup, sont totalement prévisibles. On s'en doutait, cet ultime volet est une hécatombe. Le petit jeu amusant serait de relire ce volume en comptant le nombre de morts... mais après tout c'est normal : King voulait écrire son Lord of the Rings, donc fatalement, à un moment ou un autre, il allait y aller de sa petite scène de bataille. Dont acte : The Dark Tower (le roman) enchaîne les figures imposées par ce principe d'épisode final, avec un talent incontestable, une vraie efficacité et sans pour autant lésiner sur les péripéties (grande différence avec beaucoup de "tomes finaux" qui ont tendance à ne tendre que vers l'épilogue et à tout garder pour la fin). De toute façon, depuis le précédent volume, beaucoup des enjeux de la série se jouent dans la marge. Je dis "depuis le précédent volume" car c'est devenu explicite depuis cet épisode où King mettait habilement en abyme son incapacité passée à terminer son cycle ; en réalité, The Dark Tower a toujours été envisagée par l'auteur comme un grand patchwork, une meta-fiction labyrinthique qu'on l'on relira sans doute encore dans vingt ans en y découvrant de nouvelles choses.
Ainsi, plus encore que dans les autres volumes on se rend compte que King manie l'auto-référence quasi permanente. Certains avaient sursautés en découvrant LE rebondissement du volume six. Dans ce volume conclusif, on passe à un autre stade. Nous on est triste, parce qu'on quitte des amis. On sait bien comment les choses vont se dérouler... on sait déjà quasiment tout ou presque, dans l'absolu. Moi j'ai eu la sensation de quitter des amis de plus de dix ans et j'ai pleuré tout mon soûl ; mais n'oublions pas que l'auteur, lui, quitte des amis de plus de trente ans (le premier épisode de ce qui était alors un feuilleton a été publié en 1978, que King avait entamé dès 1971). Alors plutôt que de faire dans la lacrymologie, il se lâche : comme un grand gosse qui casse ses jouets, il pousse les ambiguïtés et les caractères à leur paroxysmes, manie l’auto-dérision comme personne et réussit (peut-être même sans le vouloir) à écrire à la fois l'épisode le plus triste et le plus hilarant de sa série.
Jusqu'à cet épilogue, donc, tant attendu et dans le fond si prévisible... qui parvient à nous surprendre. J'ai lu trois fois le premier tome, j'ai toujours été persuadé que la fin du premier tome aurait une importance capitale quant à la fin de la série et j'avais raison... mais j'ai regardé sans voir. Du coup me voilà condamné, pour l'éternité, à relire The Gunslinger. Parce que tout y était déjà. Parce que The Dark Tower, finalement, est un immense puzzle et que durant les six premiers tomes, King nous a refilé toutes les pièces sans qu'on parvienne à les faire s'imbriquer parfaitement...
👑 The Dark Tower, vol. VII : The Dark Tower
Stephen King | Grant, 2004
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