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Wendy Angelier est encore une enfant lorsqu’elle apprend la mort de Wendy Angelier, l’autre, la meurtrière illuminée se faisant passer pour une sainte. Elle range cette info dans un coin de son esprit jusqu’à l’adolescence, lorsqu’on lui pose un sujet de disserte pour le moins épineux : Dans quelle situation éprouvez-vous de la compassion ?
Vincent Ravalec a eu une trajectoire pour le moins particulière qui mériterait presque un roman à elle seule : nouvelliste surdoué, il devient le grand écrivain en vogue que tout le monde s’arrache au début des années 90 en décrochant le premier Prix de Flore pour son Cantique de la racaille qui devient dès lors un roman culte. Il en écrira une poignée d’autres, censés s’inscrire dans une trilogie : Wendy (sous titré Biographie d’une Sainte ou un truc dans ce goût là si ma mémoire est bonne) et Nostalgie de la Magie Noire. C’est l’âge d’or.
Par la suite Ravalec s’essaie au cinéma en adaptant lui-même (plutôt pas mal d’ailleurs) son Cantique… (Yvan Attal et surtout Marc Lavoine y sont exceptionnels) puis en relatant cette expérience délicate dans Les Souris ont parfois du mal à gravir les montagnes, son dernier roman totalement réussi en date. Après, les choses se corsent : Ravalec va simultanément découvrir Proust et le vaudou, cocktail qui on l’imagine ne peut que faire des ravages sur un esprit fragile (déjà qu’individuellement ça peut-être brutal, alors imaginez les deux ensemble !). Il a repris toute sa bibliographie en inscrivant quasiment tous ses romans et tous ses recueils dans des cycles, et en a entamé un nouveau pour l’occasion, Le Jeu, dont ce Wendy² est censé être le troisième volet – même s’il fait suite au second volet de son premier cycle… ça va je suis à peu près clair ? Non parce que justement, Ravalec lui, ne l’est pas trop. Dans tous les sens du terme.
Le premier Wendy était une satire sociale aussi noire que drôle, caustique, écrite sur le fil du rasoir dans un style déjanté et percutant. Peut-être son meilleur roman (en tout cas le meilleur de ceux que j’aie pu lire). Cette suite pendulaire s’inscrit dans une optique différente, dans la droite lignée des derniers titres de l’auteur, c’est à dire dans le N’IMPORTE QUOI TOTAL, créneau qu’à n’en pas douter il maîtrise à la perfection.
L’idée de satire sociale est toujours présente, l’étude de mœurs également, mais tout cela est passé à la moulinette Ravalec (ou plutôt à la moulinette du Ravalec d’après 2000 qu’on appellera pour le coup Ravalec²). Soit donc un embrouillamini comico-mystico-social qui laisse pantois. Les 150 premières pages sont totalement enthousiasmantes, drôles et superbement écrites. Durant les 150 suivantes on passe plus de temps à se demander si c’est de l’art ou du cochon qu’à s’intéresser à l’histoire, et durant les 80 ou 100 dernières on a atteint à un stade ou en s’en fout complètement.
Il y a des auteurs qu’on peut apprécier sans forcément entrer à fond dans leur trip, juste parce que c’est bien écrit… celui-ci écrit manifestement bien, mais je ne pense pas qu’il soit de cette trempe. Pour ceux qui le découvriront avec ce livre, seules deux réactions semblent possibles : l’hilarité totale face à un texte délirant au possible, ou l’apitoiement devant un roman d’une bêtise confinant au ridicule.
A ceux qui, comme moi, connaissent depuis longtemps Ravalec, Wendy² laissera surtout un goût amer d’inachevé et de talent gaspillé.
Wendy Angelier est encore une enfant lorsqu’elle apprend la mort de Wendy Angelier, l’autre, la meurtrière illuminée se faisant passer pour une sainte. Elle range cette info dans un coin de son esprit jusqu’à l’adolescence, lorsqu’on lui pose un sujet de disserte pour le moins épineux : Dans quelle situation éprouvez-vous de la compassion ?
Vincent Ravalec a eu une trajectoire pour le moins particulière qui mériterait presque un roman à elle seule : nouvelliste surdoué, il devient le grand écrivain en vogue que tout le monde s’arrache au début des années 90 en décrochant le premier Prix de Flore pour son Cantique de la racaille qui devient dès lors un roman culte. Il en écrira une poignée d’autres, censés s’inscrire dans une trilogie : Wendy (sous titré Biographie d’une Sainte ou un truc dans ce goût là si ma mémoire est bonne) et Nostalgie de la Magie Noire. C’est l’âge d’or.
Par la suite Ravalec s’essaie au cinéma en adaptant lui-même (plutôt pas mal d’ailleurs) son Cantique… (Yvan Attal et surtout Marc Lavoine y sont exceptionnels) puis en relatant cette expérience délicate dans Les Souris ont parfois du mal à gravir les montagnes, son dernier roman totalement réussi en date. Après, les choses se corsent : Ravalec va simultanément découvrir Proust et le vaudou, cocktail qui on l’imagine ne peut que faire des ravages sur un esprit fragile (déjà qu’individuellement ça peut-être brutal, alors imaginez les deux ensemble !). Il a repris toute sa bibliographie en inscrivant quasiment tous ses romans et tous ses recueils dans des cycles, et en a entamé un nouveau pour l’occasion, Le Jeu, dont ce Wendy² est censé être le troisième volet – même s’il fait suite au second volet de son premier cycle… ça va je suis à peu près clair ? Non parce que justement, Ravalec lui, ne l’est pas trop. Dans tous les sens du terme.
Le premier Wendy était une satire sociale aussi noire que drôle, caustique, écrite sur le fil du rasoir dans un style déjanté et percutant. Peut-être son meilleur roman (en tout cas le meilleur de ceux que j’aie pu lire). Cette suite pendulaire s’inscrit dans une optique différente, dans la droite lignée des derniers titres de l’auteur, c’est à dire dans le N’IMPORTE QUOI TOTAL, créneau qu’à n’en pas douter il maîtrise à la perfection.
L’idée de satire sociale est toujours présente, l’étude de mœurs également, mais tout cela est passé à la moulinette Ravalec (ou plutôt à la moulinette du Ravalec d’après 2000 qu’on appellera pour le coup Ravalec²). Soit donc un embrouillamini comico-mystico-social qui laisse pantois. Les 150 premières pages sont totalement enthousiasmantes, drôles et superbement écrites. Durant les 150 suivantes on passe plus de temps à se demander si c’est de l’art ou du cochon qu’à s’intéresser à l’histoire, et durant les 80 ou 100 dernières on a atteint à un stade ou en s’en fout complètement.
Il y a des auteurs qu’on peut apprécier sans forcément entrer à fond dans leur trip, juste parce que c’est bien écrit… celui-ci écrit manifestement bien, mais je ne pense pas qu’il soit de cette trempe. Pour ceux qui le découvriront avec ce livre, seules deux réactions semblent possibles : l’hilarité totale face à un texte délirant au possible, ou l’apitoiement devant un roman d’une bêtise confinant au ridicule.
A ceux qui, comme moi, connaissent depuis longtemps Ravalec, Wendy² laissera surtout un goût amer d’inachevé et de talent gaspillé.
👎 Wendy² ou les secrets de Polichinelle
Vincent Ravalec | Flammarion, 2004