samedi 3 juin 2006

Du genre obsessionnel...

[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°16]
Blood & Chocolate - Elvis Costello & The Attraction (1986)

Dans la série : « comment se faire détester des fans en 10 leçons », après Bowie, Led Zeppelin et Jon Spencer, penchons-nous aujourd'hui sur le cas d’Elvis Costello. Autant vous le dire d’avance : aucun fan sérieux ne vous conseillera jamais d’acheter cet album. Pire : la plupart des fans le méprisent. Mêmes des non-fans d’ailleurs. Je me demande même si, dans un système de notation sur 20, il existe au monde quelqu’un qui lui mettrait plus que la moyenne à part moi. Pourquoi Blood & Chocolate alors que la logique voudrait qu’on cite ici ses premiers albums mythiques ? Parce que !

Après tout, je n’ai jamais prétendu parler ici des 100 meilleurs disques de tous les temps, mais des 100 disques qui ont le plus compté dans ma vie. Je suis toujours content quand je vois un commentaire enthousiaste, ou quand on m’envoie un e-mail pour me remercier d’avoir fait découvrir tel ou tel disque… sauf que je ne me suis jamais posé en professeur. La seule doctrine que j’aie jamais eu envie de distiller, c’est la mienne.

Ce n’est pas le premier disque d’Elvis Costello que j’ai eu. Quand je l’ai découvert je connaissais déjà ses premières œuvres, j’avais déjà lu le bouquin de Nick Kent et je connaissais la légende Costello, celle du petit teigneux à lunettes qui tenait une liste de noire tous les gens dont il devrait se venger une fois célèbre. Ce disque là, c’est la faute à Michael Winterbottom et de son foutu film. I Want You . 1998. Alessandro Nivola, Rachel Weisz. Un anti-polar. Un film lent, sinueux. Bizarre et malsain.

Son fil conducteur est une chanson intitulée « I Want You »… d’un certain Elvis Costello. C’est avant tout pour cette chanson que j’ai acheté le disque à l'origine. La chanson la plus sexy de tous les temps. Qui démarre comme une jolie comptine folk avant de basculer vers une longue et interminable histoire d’amour, de haine, de mort… Deux chansons en une en fait. Et cette voix totalement transcendante… Oh my baby baby... I love you more than I can tell... I don't think I can live without you... And I know that I never will... Oh my baby baby I want you so it scares me to death... I can't say anymore than "I love you"... Everything else is a waste of breath... Cette chanson, c’est la chanson ultime pour les étreinte passionnées… enfin, elle ne fait « que » 6 minutes 42… faut la mettre en boucle, mais je peux vous assurer que ça marche. Faites moi confiance. A côté, « Sexual Healings » de Marvin Gaye, c’est la branlette.

Pendant les premières semaines je n’ai écouté que cette chanson-là, et rien d’autre. Il a vraiment fallu un bout de temps avant que j’écoute l’album dans son intégralité. Et en l’écoutant, je n’en suis pas revenu ! sur ce disque, il n’y a pas une seule chanson de Costello qui soit connue. Mais il n’y a pas non plus une seule chanson qui soit ratée ! Il y a du rock n’roll évidemment, « Uncomplicated », en ouverture, le genre de morceau que le Maître ès pop se refuse désormais à écrire, depuis à peu près 20 ans. Un peu d’americana avec « A Town Called Big Nothing », de la déjante jazz-pop comme il l'aime avec « Tokyo Storm Warning », un petit coup de crooning avec « Forgive Her Anything », un délire rockabilly (« Baby’s Got a Brand New Hairdo ») et même un duo avec Jimmy Cliff (« Seven Days Week-end », sans doute la seule chanson de Cliff que j’aie jamais aimée de toute ma vie) ! Surtout il y a de la pop, de la pop, et encore de la pop, popopop… de la pop au sens noble du terme : de la grande musique populaire ! « Crime of Paris », « Blue Chair », « Poor Napoleon »…

Globablement, c’est probablement le disque le plus éclectique d’Elvis Costello – mais c’est difficilement imaginable j’en conviens : vous imaginez, vous, un disque éclectique par Costello, artiste pour lequel le mot semble avoir été inventé ? Cependant rassurez-vous : aujourd’hui encore, la seule chanson du disque que j’écoute régulièrement, c’est « I Want You ».

Et sinon je vous ai déjà dit que j’étais du genre obsessionnel ?


Trois autres disques pour découvrir Elvis Costello &The Attractions :

This Year’s Model (1979)
Armed forces (1979)
Punch the Clock! (1983)