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Sartoris. Ce nom n’est pas inconnu du lecteur de Faulkner même le plus occasionnel : les Sartoris sont une des nombreuses familles revenant de manière récurrente dans l’œuvre de Faulkner et dans son Comté de Yoknapatawpha. Ici, le roman est focalisé sur le dernier rejeton de la famille, Bayard le mal nommé, qui revient de la guerre écrasé par le poids de la mort de son frère jumeau, John. John le frère fusionnel, tué sans qu’il ait rien pu y faire. John qu’il aimerait tant rejoindre, John qui peut-être est mort à sa place…
Il ne faut pas trop se fier à la problématique de la gémellité, car elle n’est finalement que secondaire dans ce roman. Ce n’est pas réellement le propos, tout au plus un instrument dont use l’auteur pour créer son univers et faire tenir son personnage. L’essentiel est ailleurs : dans la guerre, bien sûr. Sartoris, comme Soldier’s Pay avant lui, nous parle du retour à la vie ordinaire après avoir connu l’horreur du champ de bataille. Mais là où Soldier’s Pay en parle de manière douce-amère, Sartoris verse dans une noirceur quasi permanente.
Dans ce troisième roman (après Soldier’s pay et Mosquitoes), Faulkner continue à défricher le comté de Yoknapatawpha. On imagine assez facilement que le lieu et ses protagonistes sont déjà représentés de manière très claire dans l’esprit de l’auteur, depuis très longtemps. Encore faut-il les mettre en mots. Si l’on replace ce roman dans le contexte de l’œuvre, il est évident qu’il marque un pallier important : Faulkner a enfin trouvé les réponses à certaines questions essentielles que doit se poser un auteur, qui ?, où ? ; pourquoi ? De ce point de vue, Sartoris est une réussite totale, un texte beaucoup plus profond et une réflexion beaucoup plus affûtée que par le passé.
Reste à répondre à la question du comment ? La structure de ce roman est extrêmement classique, presque linéaire. Il semble que Faulkner ne maîtrise pas encore tous les petits gadgets narratifs et chronologiques qui ont fait son succès, et le roman s’en ressent un peu s’il est comparé à des ouvrages postérieurs.
Pour autant, doit-on en tenir rigueur à Sartoris ? En lui-même il constitue une lecture agréable, haletante et souvent poignante. Le rythme est un peu hâché par moments, mais autant à côté de The Sound & The Fury c’est moyen, autant à côté de Mosquitoes c’est un chef-d’œuvre absolu. Le fond est là, l’écriture est superbe. La structure narrative n’est pas encore totalement aboutie ni totalement maîtrisée, mais ça c’est du pinaillage pour faulknerologues. C’est tout de même en soi un excellent roman !
Sartoris. Ce nom n’est pas inconnu du lecteur de Faulkner même le plus occasionnel : les Sartoris sont une des nombreuses familles revenant de manière récurrente dans l’œuvre de Faulkner et dans son Comté de Yoknapatawpha. Ici, le roman est focalisé sur le dernier rejeton de la famille, Bayard le mal nommé, qui revient de la guerre écrasé par le poids de la mort de son frère jumeau, John. John le frère fusionnel, tué sans qu’il ait rien pu y faire. John qu’il aimerait tant rejoindre, John qui peut-être est mort à sa place…
Il ne faut pas trop se fier à la problématique de la gémellité, car elle n’est finalement que secondaire dans ce roman. Ce n’est pas réellement le propos, tout au plus un instrument dont use l’auteur pour créer son univers et faire tenir son personnage. L’essentiel est ailleurs : dans la guerre, bien sûr. Sartoris, comme Soldier’s Pay avant lui, nous parle du retour à la vie ordinaire après avoir connu l’horreur du champ de bataille. Mais là où Soldier’s Pay en parle de manière douce-amère, Sartoris verse dans une noirceur quasi permanente.
Dans ce troisième roman (après Soldier’s pay et Mosquitoes), Faulkner continue à défricher le comté de Yoknapatawpha. On imagine assez facilement que le lieu et ses protagonistes sont déjà représentés de manière très claire dans l’esprit de l’auteur, depuis très longtemps. Encore faut-il les mettre en mots. Si l’on replace ce roman dans le contexte de l’œuvre, il est évident qu’il marque un pallier important : Faulkner a enfin trouvé les réponses à certaines questions essentielles que doit se poser un auteur, qui ?, où ? ; pourquoi ? De ce point de vue, Sartoris est une réussite totale, un texte beaucoup plus profond et une réflexion beaucoup plus affûtée que par le passé.
Reste à répondre à la question du comment ? La structure de ce roman est extrêmement classique, presque linéaire. Il semble que Faulkner ne maîtrise pas encore tous les petits gadgets narratifs et chronologiques qui ont fait son succès, et le roman s’en ressent un peu s’il est comparé à des ouvrages postérieurs.
Pour autant, doit-on en tenir rigueur à Sartoris ? En lui-même il constitue une lecture agréable, haletante et souvent poignante. Le rythme est un peu hâché par moments, mais autant à côté de The Sound & The Fury c’est moyen, autant à côté de Mosquitoes c’est un chef-d’œuvre absolu. Le fond est là, l’écriture est superbe. La structure narrative n’est pas encore totalement aboutie ni totalement maîtrisée, mais ça c’est du pinaillage pour faulknerologues. C’est tout de même en soi un excellent roman !
👍👍 Sartoris
William Faulkner | Penguin Classics, 1928