...
On comprend bien l'idée, et quelque part on l'approuve : à force de se voir faire piquer ses plans par une bonne partie des jeunes pousses du "nouveau rock" (vous voulez des noms ? Liars!, Strokes, mais surtout, surtout Radio4), Gang Of Four a fini par se reformer, histoire de surfer sur la vague (ils avaient déjà fait ce coup là il y a une quinzaine d'année, lorsque R.E.M. les avait faits sortir de l'oubli en les reprenant sur scène). On n'a pas envie de les blâmer, ces gens, ça fait tout de même dix ans qu'ils n'ont pas sorti de disque et qu'ils galèrent, alors voir des morveaux incultes avoir un tel succès avec des chansons ressemblant très fort aux leurs, ça n'a pu que leur donner des idées...
Le problème, c'est que ce Return the Gift, au titre sarcastique et prometteur, repose sur un concept affreux, terrifiant : ils ont réenregistré, en 2005, leur fond de catalogue des années 1979-82, tous les titres de la grande époque... vous avez bien lu : les "To Hell with Poverty", "Damage Goods" etc., ils y sont tous, dans de nouvelles versions estampillées 2005 avec un son prétendument plus contemporain... ce qui est complètement con en soi, puisque le son "contemporain" soit donc "à la mode cet an-ci", c'est justement le même son que Gang Of Four créa à la fin des années 70.
Vous voyez le problème... un peu le même que quand Brian Wilson a réenregistré Pet Sounds ou quand Iggy Pop a remixé Raw Power... sauf que Wilson avait joué son disque en version live, et qu'Iggy avait juste publié un mix différent, il n'avait pas tout ré-enregistré. D'autant que plutôt de faire subir l'outrage à un seul de leur disques, les GOF se sont attaqués carrément à l'ensemble de leur répertoire (et en plus que aux morceaux de leur période la plus glorieuse alors que c'est plutôt ceux de l'époque 1983-95 qui auraient mérités d'être remis à niveau)...
Autant dire qu'on écoute ce disque mi-satisfait mi affligé.
Satisfait parce que, grâce à celui-ci, des gamins fans de Radio4 ou des Strokes vont redécouvrir un groupe culte - mais pour cela un best of normal aurait suffit.
Affligé parce que tout de même, le concept de ce vrai/faux album frise le révisionnisme musical. En plus, il aurait tendance à conférer à ce groupe plus d'importance qu'il n'en a réellement eu (dans la mesure où dès le second album, on était déjà nettement moins emballé).
Bien sûr, ce disque n'est pas mauvais. Il ne peut pas être mauvais, c'est ce qui le rend vicieux. Même Indochine ne pourrait pas foirer une reprise de "Why Theory?" ! Mais vous comprenez bien que ma chronique s'inquiète plus de l'environnement du disque que de sa qualité objective (ce qui est peut-être une erreur, j'en conviens). Déjà, un groupe qui sort un album de reprises ce n'est jamais très sain. Alors un groupe qui sort un album de reprises de lui-même, c'est carrément glauque. Qui peut préférer une copie-carbone à l'original ? Aïeaïeaïe...les modes, les hypes et les dollars (enfin en l'occurrence les livres sterling, puisque GOF est anglais) font décidément des ravages... et ce revival rock'n'roll dont on nous gave les portugaises depuis 2001 pour finalement pas grand chose (à savoir pour être précis : cinq grands groupes et une centaine de suiveurs/poseurs) fait, plus que tout autre auparavant, de bien étranges dommages collatéraux.
Pour un peu, prions pour que Siouxsie ne décide pas de réenregistrer The Scream, que New Order ne reforme pas momentanément Joy Division avec le chanteur d'Interpol à la place de Ian Curtis, que Sonic Youth ne nous publie pas un Confusion Is Sex' 2005, ou que Lou Reed, dans une crise de mégalomanie dont lui seul à le secret, ne nous propose pas une version post-punk de White Light/White Heat produite par Jack White...
Quant à GOF, qui vient de créer un nouveau concept, celui de musique mort-vivante, on préfèrera cent fois conseiller aux djeun's de redécouvrir leur unique chef-d'oeuvre (mais quel chef-d'oeuvre !!!!!) publié en 1979 : Entertainment!.
On comprend bien l'idée, et quelque part on l'approuve : à force de se voir faire piquer ses plans par une bonne partie des jeunes pousses du "nouveau rock" (vous voulez des noms ? Liars!, Strokes, mais surtout, surtout Radio4), Gang Of Four a fini par se reformer, histoire de surfer sur la vague (ils avaient déjà fait ce coup là il y a une quinzaine d'année, lorsque R.E.M. les avait faits sortir de l'oubli en les reprenant sur scène). On n'a pas envie de les blâmer, ces gens, ça fait tout de même dix ans qu'ils n'ont pas sorti de disque et qu'ils galèrent, alors voir des morveaux incultes avoir un tel succès avec des chansons ressemblant très fort aux leurs, ça n'a pu que leur donner des idées...
Le problème, c'est que ce Return the Gift, au titre sarcastique et prometteur, repose sur un concept affreux, terrifiant : ils ont réenregistré, en 2005, leur fond de catalogue des années 1979-82, tous les titres de la grande époque... vous avez bien lu : les "To Hell with Poverty", "Damage Goods" etc., ils y sont tous, dans de nouvelles versions estampillées 2005 avec un son prétendument plus contemporain... ce qui est complètement con en soi, puisque le son "contemporain" soit donc "à la mode cet an-ci", c'est justement le même son que Gang Of Four créa à la fin des années 70.
Vous voyez le problème... un peu le même que quand Brian Wilson a réenregistré Pet Sounds ou quand Iggy Pop a remixé Raw Power... sauf que Wilson avait joué son disque en version live, et qu'Iggy avait juste publié un mix différent, il n'avait pas tout ré-enregistré. D'autant que plutôt de faire subir l'outrage à un seul de leur disques, les GOF se sont attaqués carrément à l'ensemble de leur répertoire (et en plus que aux morceaux de leur période la plus glorieuse alors que c'est plutôt ceux de l'époque 1983-95 qui auraient mérités d'être remis à niveau)...
Autant dire qu'on écoute ce disque mi-satisfait mi affligé.
Satisfait parce que, grâce à celui-ci, des gamins fans de Radio4 ou des Strokes vont redécouvrir un groupe culte - mais pour cela un best of normal aurait suffit.
Affligé parce que tout de même, le concept de ce vrai/faux album frise le révisionnisme musical. En plus, il aurait tendance à conférer à ce groupe plus d'importance qu'il n'en a réellement eu (dans la mesure où dès le second album, on était déjà nettement moins emballé).
Bien sûr, ce disque n'est pas mauvais. Il ne peut pas être mauvais, c'est ce qui le rend vicieux. Même Indochine ne pourrait pas foirer une reprise de "Why Theory?" ! Mais vous comprenez bien que ma chronique s'inquiète plus de l'environnement du disque que de sa qualité objective (ce qui est peut-être une erreur, j'en conviens). Déjà, un groupe qui sort un album de reprises ce n'est jamais très sain. Alors un groupe qui sort un album de reprises de lui-même, c'est carrément glauque. Qui peut préférer une copie-carbone à l'original ? Aïeaïeaïe...les modes, les hypes et les dollars (enfin en l'occurrence les livres sterling, puisque GOF est anglais) font décidément des ravages... et ce revival rock'n'roll dont on nous gave les portugaises depuis 2001 pour finalement pas grand chose (à savoir pour être précis : cinq grands groupes et une centaine de suiveurs/poseurs) fait, plus que tout autre auparavant, de bien étranges dommages collatéraux.
Pour un peu, prions pour que Siouxsie ne décide pas de réenregistrer The Scream, que New Order ne reforme pas momentanément Joy Division avec le chanteur d'Interpol à la place de Ian Curtis, que Sonic Youth ne nous publie pas un Confusion Is Sex' 2005, ou que Lou Reed, dans une crise de mégalomanie dont lui seul à le secret, ne nous propose pas une version post-punk de White Light/White Heat produite par Jack White...
Quant à GOF, qui vient de créer un nouveau concept, celui de musique mort-vivante, on préfèrera cent fois conseiller aux djeun's de redécouvrir leur unique chef-d'oeuvre (mais quel chef-d'oeuvre !!!!!) publié en 1979 : Entertainment!.
👎👎 Return the Gift
Gang Of Four | V2 Music, 2005