samedi 22 juillet 2006

The Brave - Glauque

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Rafaël n’a pas de bol. Déjà, il n’est pas très malin. En plus, il est alcoolique. Et pour couronner le tout, il est pauvre. C'est ce qu’on appelle cumuler les tares, et ça n’aide pas quand on a une femme et trois enfants à nourrir. Alors Rafaël, avec un F, comme l’archange (tiens donc), va tenter de s’en sortir. Cela passe par cet homme, à peine louche, qui lui propose quelques milliers de dollars en échange de sa vie. Le job est simple : il s’agit d’un snuff movie.

The Brave n’est pas un mauvais livre, mais c’est un livre raté. Pourtant il commence très bien : c’est bien connu, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes. Avec un postulat de départ archi-éculé, McDonald, par la simple force de sa plume, parvient a embarquer le lecteur. L’univers est glauque de chez glauque, morbide, oppressant… mais admirablement bien rendu et crédible quasiment du début à la fin. Autre idée brillante : le refus de se laisser enfermer dans un genre. The Brave est une satire sociale, mais aussi un polar aux confins du fantastique, parsemé de mysticisme et de véritables moments d’émotions. Un cocktail étonnant, un peu trop enivrant et riche, mais bien, très bien amené. La plume, là encore.

Alors POURQUOI gâcher le livre en surenchérissant perpétuellement dans l’horreur, le morbide et le misérabilisme à outrance ? A 40 pages de la fin, on arrive à la limite de l’écoeurement. C’est dommage. Cela m’a fait pensé à ce qu’avait déclaré Michael Hanneke à la sortie de son film Funny Games : « Certains cherchent à faire pleurer le spectateur, moi je cherche à le faire vomir ». On a un peu l’impression que c’est l’idée de Gregory McDonald. Je peux me tromper, mais je n’en suis pas sûr (cela dit, avec un nom pareil...) Comme le film de Hanneke, le roman de McDonald gagne en spectaculaire ce qu’il perd en humanité… et c’est dommage, parce qu’il était vraiment bien parti.


The Brave [Rafaël, derniers jours] 
GregoryMcDonald | Barricade Books, 1991