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A sa sortie en 1987, Kiss Me Kiss Me Kiss Me avait tout pour faire fuir les fans. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il était la concrétisation des toutes les frayeurs des amateurs de Cure – et accessoirement de la mégalomanie de Robert Smith.
Jusqu’alors, le groupe fonctionnait selon un équilibre improbable, proposant à la fois des albums complexes et atmosphériques, et indépendamment des 45 tours pops et mélodiques. Une situation qui ne pouvait guère tenir la distance, et après la déferlante « Close to Me » (1985) et un greatest hits enquillant les tubes, il était plus qu’évident que la carrière de The Cure allait prendre une direction plus… « accessible ».
De fait, effectivement, voici un disque dont les points communs avec ses prédécesseurs ne sautent pas aux oreilles. L’introduction planante de « The Kiss » n’est qu’un leurre : dès le second morceau (« Catch »), l’auditeur a droit à une petite comptine pop et romantique bien éloignée des noirs remous du début des années 80. Et si réminiscences il y a bel et bien, ce sont des réminiscences de la compile Japanese Whispers (« Why Can’t I Be You », au pif, ou encore « One More Time »).
Pas de mélancolie vissée au corps, pas de tristesse dans la voix et du romantisme juste ce qu’il faut, le temps d’une adaptation (très libre) d’un poème de Baudelaire (« How Beautiful You Are »). En lieu et place des atmosphères étranges et des claviers envappés, Robert Smith et son groupe remanié proposent des synthés catchys (« Torture »), des relents funks (« Hot! Hot! Hot! ») et des passages arabisants (« Like Cockatoos », « Fight »)… bref, largement de quoi dérouter le fan, qui n’apprécie pas trop le changement – c’est bien connu.
Et pourtant il serait injuste de clouer au pilori un album qui, pour n’en avoir pas moins déçu les attentes du public à l’époque, contient de très, très grand moments. A commencer bien sûr par « Just Like Heaven », imparable tube, ou « If Only I Could Sleep Tonight », probablement l’une des plus grandes chansons de Cure. C’est simplement d’un autre visage du groupe qu’il s’agit. Un visage se traduisant par une musique bien plus mélodique et bien plus directe, jusque dans les arrangements, nettement plus aérés et souvent extrêmement originaux pour l’époque… Trop ? peut-être. Il n’en demeure pas moins que Kiss Me Kiss Me Kiss Me a réussi la double performance d’être un des albums les plus vendus du groupe et l’un des plus méprisés de ses fans.
Cette nouvelle réédition ne changera nullement la donne : le son a été vaguement lifté, et le deuxième CD est essentiellement composé de versions instrumentales et lives qui séduiront plus les fans que l’auditeur occasionnelle. En revanche, qui dit réédition dit « ancienne édition vendue moins chère », et c’est là que les choses deviennent nettement plus intéressantes.
Car pour n’en être pas moins un disque de Cure mineur, Kiss Me… est un album à (re)découvrir.
A sa sortie en 1987, Kiss Me Kiss Me Kiss Me avait tout pour faire fuir les fans. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il était la concrétisation des toutes les frayeurs des amateurs de Cure – et accessoirement de la mégalomanie de Robert Smith.
Jusqu’alors, le groupe fonctionnait selon un équilibre improbable, proposant à la fois des albums complexes et atmosphériques, et indépendamment des 45 tours pops et mélodiques. Une situation qui ne pouvait guère tenir la distance, et après la déferlante « Close to Me » (1985) et un greatest hits enquillant les tubes, il était plus qu’évident que la carrière de The Cure allait prendre une direction plus… « accessible ».
De fait, effectivement, voici un disque dont les points communs avec ses prédécesseurs ne sautent pas aux oreilles. L’introduction planante de « The Kiss » n’est qu’un leurre : dès le second morceau (« Catch »), l’auditeur a droit à une petite comptine pop et romantique bien éloignée des noirs remous du début des années 80. Et si réminiscences il y a bel et bien, ce sont des réminiscences de la compile Japanese Whispers (« Why Can’t I Be You », au pif, ou encore « One More Time »).
Pas de mélancolie vissée au corps, pas de tristesse dans la voix et du romantisme juste ce qu’il faut, le temps d’une adaptation (très libre) d’un poème de Baudelaire (« How Beautiful You Are »). En lieu et place des atmosphères étranges et des claviers envappés, Robert Smith et son groupe remanié proposent des synthés catchys (« Torture »), des relents funks (« Hot! Hot! Hot! ») et des passages arabisants (« Like Cockatoos », « Fight »)… bref, largement de quoi dérouter le fan, qui n’apprécie pas trop le changement – c’est bien connu.
Et pourtant il serait injuste de clouer au pilori un album qui, pour n’en avoir pas moins déçu les attentes du public à l’époque, contient de très, très grand moments. A commencer bien sûr par « Just Like Heaven », imparable tube, ou « If Only I Could Sleep Tonight », probablement l’une des plus grandes chansons de Cure. C’est simplement d’un autre visage du groupe qu’il s’agit. Un visage se traduisant par une musique bien plus mélodique et bien plus directe, jusque dans les arrangements, nettement plus aérés et souvent extrêmement originaux pour l’époque… Trop ? peut-être. Il n’en demeure pas moins que Kiss Me Kiss Me Kiss Me a réussi la double performance d’être un des albums les plus vendus du groupe et l’un des plus méprisés de ses fans.
Cette nouvelle réédition ne changera nullement la donne : le son a été vaguement lifté, et le deuxième CD est essentiellement composé de versions instrumentales et lives qui séduiront plus les fans que l’auditeur occasionnelle. En revanche, qui dit réédition dit « ancienne édition vendue moins chère », et c’est là que les choses deviennent nettement plus intéressantes.
Car pour n’en être pas moins un disque de Cure mineur, Kiss Me… est un album à (re)découvrir.
👍👍 Kiss Me Kiss Me Kiss Me
The Cure | Elektra, 1987