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Cock & Bull n’est pas un roman, mais deux : deux romans distincts articulés autour de deux personnages distincts qui ne se rencontrent jamais mais dont les destins se croisent. D’un côté, il y a Carol, qui un matin découvre qu’elle a un pénis. De l’autre Bull, qui voit apparaît un vagin au creux de son genou. Tous deux, légèrement traumatisés (ça peut se comprendre), vont progressivement s’habituer à cette improbable évolution anatomique et en tirer les partis qui s’imposent.
Incroyable, déjanté, outrageant et outrancier, Cock & Bull est un livre fou, allumé. Le livre d’un mec totalement percuté qui se lâche dans un renversement des valeurs brutal et provocateur niché au cœur d’une Angleterre pudibonde… on commence à lire ça et on se dit « non, c’est pas possible, il va pas oser »… eh bien si ! Will Self, en roue libre, ose à peu prêt toutes les combinaisons de situations et de caractères possibles et imaginables à partir du postulat de base évoqué ci-dessus. Il n’épargnera rien au lecteur, rien aux personnages, mais il le fera avec un humour salvateur qui permet à son roman d’être choquant et dérageant, amoral même, mais sans jamais sombrer dans le vulgaire ou le gratuitement scabreux.
Parce qu’au-delà des deux histoires de départ, peut-être pas aussi loufoques qu’on pourrait le croire de prime abord, Cock & Bull développe avant tout une valeur transgressive. C’est la fin de l’ère de Thatcher, soit donc non pas la naissance d’une nouvelle génération d’écrivains comme on a tendance à le dire, mais leur libération. Will Self, qui en 1992 n’est déjà plus tout à fait un débutant, se lâche enfin totalement. Ecrit dans les années 70, sont livre aurait été noyé dans la masse. Mais Cock & Bull est publié dans l’Angleterre du début des années 90, celle de la gueule de bois de l’après Thatcher. En même temps que l’explosion de la britpop et de ses chanteurs prolos et androgynes. Deux évènements artistiques majeurs intimement liés à l’histoire de leur pays. Cock & Bull, comme les premiers albums de blur et de Suede, c’est avant l’histoire d’un pays qui retrouve enfin le sourire et l’envie de choses légères. C’est l’histoire d’artistes qui se lâchent et font enfin ce qu’ils n’ont pas pu (ou pas osé) faire durant une décennie de bien-pensance et d’ennui total.
Une véritable envie de liberté. Et dans la crise identitaire pour le moins violente qui secoue Carol puis Bull, on retrouve finalement les traces de la crise identitaire de l’Angleterre toute entière au terme de l’époque Thatcher.
Cock & Bull n’est pas un roman, mais deux : deux romans distincts articulés autour de deux personnages distincts qui ne se rencontrent jamais mais dont les destins se croisent. D’un côté, il y a Carol, qui un matin découvre qu’elle a un pénis. De l’autre Bull, qui voit apparaît un vagin au creux de son genou. Tous deux, légèrement traumatisés (ça peut se comprendre), vont progressivement s’habituer à cette improbable évolution anatomique et en tirer les partis qui s’imposent.
Incroyable, déjanté, outrageant et outrancier, Cock & Bull est un livre fou, allumé. Le livre d’un mec totalement percuté qui se lâche dans un renversement des valeurs brutal et provocateur niché au cœur d’une Angleterre pudibonde… on commence à lire ça et on se dit « non, c’est pas possible, il va pas oser »… eh bien si ! Will Self, en roue libre, ose à peu prêt toutes les combinaisons de situations et de caractères possibles et imaginables à partir du postulat de base évoqué ci-dessus. Il n’épargnera rien au lecteur, rien aux personnages, mais il le fera avec un humour salvateur qui permet à son roman d’être choquant et dérageant, amoral même, mais sans jamais sombrer dans le vulgaire ou le gratuitement scabreux.
Parce qu’au-delà des deux histoires de départ, peut-être pas aussi loufoques qu’on pourrait le croire de prime abord, Cock & Bull développe avant tout une valeur transgressive. C’est la fin de l’ère de Thatcher, soit donc non pas la naissance d’une nouvelle génération d’écrivains comme on a tendance à le dire, mais leur libération. Will Self, qui en 1992 n’est déjà plus tout à fait un débutant, se lâche enfin totalement. Ecrit dans les années 70, sont livre aurait été noyé dans la masse. Mais Cock & Bull est publié dans l’Angleterre du début des années 90, celle de la gueule de bois de l’après Thatcher. En même temps que l’explosion de la britpop et de ses chanteurs prolos et androgynes. Deux évènements artistiques majeurs intimement liés à l’histoire de leur pays. Cock & Bull, comme les premiers albums de blur et de Suede, c’est avant l’histoire d’un pays qui retrouve enfin le sourire et l’envie de choses légères. C’est l’histoire d’artistes qui se lâchent et font enfin ce qu’ils n’ont pas pu (ou pas osé) faire durant une décennie de bien-pensance et d’ennui total.
Une véritable envie de liberté. Et dans la crise identitaire pour le moins violente qui secoue Carol puis Bull, on retrouve finalement les traces de la crise identitaire de l’Angleterre toute entière au terme de l’époque Thatcher.
👑 Cock & Bull
Will Self | Bloomsbury, 1992