...
Tout commence par une histoire fort simple… ou, plus précisément, par une histoire fort simple pour un Arsène Lupin : un cambriolage mené de main de maître – ou presque. Car il semble qu’un des voleurs (Lupin ?) ait été mortellement blessé par balle alors qu’il prenait la fuite. Les choses se compliquent encore un peu lorsqu’Isidore Beautrelet, élève en rhétorique passionné de criminologie, se décide de faire la lumière sur toute cette affaire…
L’Aiguille creuse fait partie de ces grands livres géniaux et totalement indémodables. Lu il y a bien longtemps, alors que je n’étais qu’enfant, j’en avais oublié plus d’une subtilité. Je n’ai par conséquent pas mis longtemps à retrouver cette fameuse âme d’enfant, comme à chaque fois que je retrouve Lupin et son créateur si brillant, Maurice Leblanc.
Dans cette aventure – la troisième du gentleman cambrioleur, l’héroïque brigand s’humanise, le personnage se complexifie… permettez que je ne vous dise pas en quoi : déjà que tout le monde sait de nos jours ce que désigne le terme aiguille creuse, mieux vaut ménager le peu de suspens qui reste à un roman admirable mais extrêmement court.
Lupin s’humanise donc, mais il ne s’adoucit pas trop tout de même. D’autant qu’après avoir sans peine réussi à ridiculiser Herlock Sholmès dans sa précédente aventure, il se retrouve cette fois-ci face à un adversaire bien plus retors, le jeune Beautrelet, simili clone de Rouletabille nettement plus ménagé par la plume de Leblanc que ne le fut le héros de Conan Doyle autrefois – il faut dire que Leroux était un ami de Leblanc. Du coup, plutôt que de parodier le personnage, l'auteur préfère lui rendre un hommage d’autant plus appuyé que, malgré la lutte qui les oppose, aucun des deux protagoniste ne peut masquer son immense sympathie pour l’autre…
Reste, enfin, le mystère en lui-même. Qui ne manquera sans doute pas de vous intéresser, pour un peu que vous n’en connaissiez pas déjà les tenants et les aboutissants au moment d’entamer votre lecture – c’est le lot de tous les classiques, hélas. Il est probable cependant que, tout comme moi, vous serez bien plus attirés et fascinés par le personnage même de Lupin que par ses pérégrinations, ainsi que par l’écriture à la fois simple et parfaite de Leblanc (on parlait de l’écriture vieillie de Bradbury hier, celle de Leblanc, c’est l’inverse) et la maestria avec laquelle il développe son intrigue.
Une maestria qui ne saute pas immédiatement aux yeux et qui, pourtant, est là, évidente : comment expliquer sinon que l’aventure la plus connue et populaire de Lupin soit paradoxalement celle durant laquelle il apparaît le moins ? Belle prouesse, vraiment, que celle de Maurice Leblanc : parvenir à captiver le lecteur avec un personnage absent des trois quarts de son roman, il fallait le faire ! On appelle ceci l’art de la suggestion, et seuls les très grands écrivains en détiennent le secret.
C’est un peu leur aiguille creuse à eux, en quelque sorte…
Tout commence par une histoire fort simple… ou, plus précisément, par une histoire fort simple pour un Arsène Lupin : un cambriolage mené de main de maître – ou presque. Car il semble qu’un des voleurs (Lupin ?) ait été mortellement blessé par balle alors qu’il prenait la fuite. Les choses se compliquent encore un peu lorsqu’Isidore Beautrelet, élève en rhétorique passionné de criminologie, se décide de faire la lumière sur toute cette affaire…
L’Aiguille creuse fait partie de ces grands livres géniaux et totalement indémodables. Lu il y a bien longtemps, alors que je n’étais qu’enfant, j’en avais oublié plus d’une subtilité. Je n’ai par conséquent pas mis longtemps à retrouver cette fameuse âme d’enfant, comme à chaque fois que je retrouve Lupin et son créateur si brillant, Maurice Leblanc.
Dans cette aventure – la troisième du gentleman cambrioleur, l’héroïque brigand s’humanise, le personnage se complexifie… permettez que je ne vous dise pas en quoi : déjà que tout le monde sait de nos jours ce que désigne le terme aiguille creuse, mieux vaut ménager le peu de suspens qui reste à un roman admirable mais extrêmement court.
Lupin s’humanise donc, mais il ne s’adoucit pas trop tout de même. D’autant qu’après avoir sans peine réussi à ridiculiser Herlock Sholmès dans sa précédente aventure, il se retrouve cette fois-ci face à un adversaire bien plus retors, le jeune Beautrelet, simili clone de Rouletabille nettement plus ménagé par la plume de Leblanc que ne le fut le héros de Conan Doyle autrefois – il faut dire que Leroux était un ami de Leblanc. Du coup, plutôt que de parodier le personnage, l'auteur préfère lui rendre un hommage d’autant plus appuyé que, malgré la lutte qui les oppose, aucun des deux protagoniste ne peut masquer son immense sympathie pour l’autre…
Reste, enfin, le mystère en lui-même. Qui ne manquera sans doute pas de vous intéresser, pour un peu que vous n’en connaissiez pas déjà les tenants et les aboutissants au moment d’entamer votre lecture – c’est le lot de tous les classiques, hélas. Il est probable cependant que, tout comme moi, vous serez bien plus attirés et fascinés par le personnage même de Lupin que par ses pérégrinations, ainsi que par l’écriture à la fois simple et parfaite de Leblanc (on parlait de l’écriture vieillie de Bradbury hier, celle de Leblanc, c’est l’inverse) et la maestria avec laquelle il développe son intrigue.
Une maestria qui ne saute pas immédiatement aux yeux et qui, pourtant, est là, évidente : comment expliquer sinon que l’aventure la plus connue et populaire de Lupin soit paradoxalement celle durant laquelle il apparaît le moins ? Belle prouesse, vraiment, que celle de Maurice Leblanc : parvenir à captiver le lecteur avec un personnage absent des trois quarts de son roman, il fallait le faire ! On appelle ceci l’art de la suggestion, et seuls les très grands écrivains en détiennent le secret.
C’est un peu leur aiguille creuse à eux, en quelque sorte…
👍👍👍 L'Aiguille creuse
Maurice Leblanc | Le Livre de Poche (1905)