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Si d’aventure votre mec ou votre nana ou votre père ou n’importe qui dans votre entourage s’avérait être un(e) fan de Bowie, ne vous emmerdez pas à chercher un cadeau de Noël. On n’est qu’en octobre, mais l’affaire est déjà dans le sac !
En 1999 et 2000, Bowie a entièrement réédité son catalogue, autrefois détenu par le méchant Tony Defries… bon, il n’était pas si méchant que ça en vrai, il voulait juste gagner de l’argent – comme tous les dinosaures du rock Bowie, aussi futé fût-il, s’est fait enfiler par son manager de l’époque. A la fin des années 90, donc, le Thin White Duke a ressorti tous ses disques avec un son démentiel (Low donne l’impression d’avoir été enregistré en 2000) et viré les inédits des rééditions… pour mieux les ressortir ailleurs. Parce que finalement, Bowie, comme son ex-manager, veut gagner de l’argent. La différence, c’est qu’il ne veut pas le faire à n’importe quel prix, ce qui lui vaut l’infini respect de…tout le monde en fait, je crois.
Décembre 2000 : David Bowie publie Bowie at the Beeb, double album réunissant plusieurs de ses prestations pour la BBC. C’est l’événement de l’année : aussi génial soit-il, l’auteur de « Starman » n’avait plus sorti d’album live depuis les années 70 (l’EP live de Tin Machine en 92 ne compte pas). Il ne faudra donc pas longtemps avant que cette jolie compile soit épuisée… eh bien, ladies et gentlemen, la revoilà !!!!! Cette fois, c’est carrément trois CDs, soit cinquante deux titres, de quoi rêver quelques mois encore en attendant un nouvel album annoncé pour le printemps 2007.
Mon principal défaut, hélas, est de perdre toute objectivité lorsqu’il s’agit de Bowie. Je vais donc essayer d’être le plus précis possible… mais c’est dur !
Le premier CD recoupe la période 1968-71, soit donc de David Bowie à Hunky Dory inclus. C’est assurément celui-ci qui contient le plus d’inédits et de raretés, mais ce n’est pas forcément le plus intéressant. Il a cependant le mérite de s’ouvrir sur deux titres introuvables, « In the Heat of the Morning » et « London Bye Ta Ta », et de proposer de nombreux titres du Bowie des tous débuts – le mod. En toute honnêteté, l’artiste a été un rocker aussi génial qu’il a été un mod piteux, ce qui explique sans doute que son premier album soit aujourd’hui rayé de toutes les discographies. Mais délivrées en versions live, surprise, « Let Me Sleep Beside You » et « Karman Man » se révèlent excellentes… moins cependant que ce qui va suivre, à savoir l’excellente folk-song « God Knows I’m Good » enchaînée avec la reprise du « Port d’Amsterdam » de Brel. Ensuite, c’est l’apocalypse, avec notamment « The Width of a Circle », morceau surpuissant joué pour la première et dernière fois live en 1970. Franchement, pour ne plus jamais interpréter un tel chef-d’œuvre, il faut quand même avoir un sacré répertoire, pas vrai ?
Histoire de continuer dans l’excellence, c’est alors la valse aux inédits, avec « Bombers » (l’excellentissime face B de « Changes »), « Looking for a Friend » (jamais publiée ailleurs que sur cette compile) et la reprise du « Almost Grown » de Chuck Berry. Miam !
Le CD 2 se focalise essentiellement sur la période Ziggy Stardust & The Spiders From Mars (à savoir 1972 – 73)… que du bonheur ! certes ce n’est pas du niveau du double live Ziggy Stardust : The Motion Picture Soundtrack, mais c’est quand même particulièrement brillant et même totalement orgasmique lorsque, dans une orgie de guitares sursaturées (Mick Ronson, RIP), le groupe balance d’un bloc, accrochez vous bien : « Ziggy Stardust » / « Queen Bitch » / « I’m Waiting for the Man » (du Velvet) / « Five Years » / « White Light / White Hear » (re Velvet) / « Moonage Daydream » et « Hang on to Yourself »… brrr… c’est ce qui s’appelle une déflagration. Si vous en doutiez encore, les Sex Pistols étaient probablement dans la salle un de ces soirs là ! Au passage, les Spiders lâchent bien sûr quelques trucs un peu plus rares, comme « Lady Stardust » ou « Andy Warhol » (dont les versions lives ne sont pas légion) et une interprétation surprenante de « Rock & Roll with me » (un titre particulièrement brillant qui ne sortira que des années après sur Diamond Dogs, dans une version méconnaissable).
La suite est d’autant plus réjouissante que la plupart des titres a été péché sur les albums sortis après 1978 – soit donc après l’ultime live officiel de Bowie. Un seul titre d’Outside, hélas (mais quel titre ! « Hallo Spaceboy » version indus-metal qui vous explose la tronche !), mais, surprise, deux de Hours…, l’album mésestimé de 1999. « Seven », adorable ritournelle folk, et « Survive », le single d’alors. Inutile de préciser que, comme toujours, les « Little Wonders », « I’m Afraid of Americans », « Stay » et autres « Cracked Actors » sont dantesques… En revanche, il est tout de même important de souligner que les deux seuls titres (sur cinquante deux !) issus de la « mauvaise » période de Bowie (1984 – 92), « This Is Not America » et l’inévitable « AbsoluteB eginners », sortent grandis de l’expérience live – ce qui par ailleurs ne surprendra pas tous ceux qui auront vu la légende vivante en concert ces dernières années.
Que retenir au final de cette réédition aussi fabuleuse qu’hors de prix ? Que les choix de titres sont globalement assez futés, tout d’abord, puisque Bowie a évité l’écueil de la 350ème version de « China Girl » et de la 890ème sortie de « Under Pressure ». Qu’on a affaire ici à un peu plus qu’à une compile, mais à un panorama quasi complet de la carrière solo de l’artiste (ce dernier continuant visiblement à considérer la période Tin Machine comme une parenthèse). Que les fans seront comblés.
Que les autres, par contre, n’en auront pas grand-chose à foutre (il serait même malvenu de se procurer Bowie at the Beeb si on n’a pas tous les albums).
Mais aussi que, d’un autre côté, ce n’est pas bien grave. Puisque ce n’est pas à l’auditeur occasionnel que s’adresse cette publication…
👍👍👍 Bowie at the Beeb
David Bowie | Parlophone/EMI, 2000
👍👍👍 Bowie at the Beeb
David Bowie | Parlophone/EMI, 2000