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Philip est un jeune homme qu’on pourrait considérer comme pur. Sain(t) de corps et d’esprit. A ceci près que deux choses, dans la vie, le terrorisent : les femmes et la mort. Or (pas de bol) ces deux choses le persécutent sans relâche. Les femmes l’entourent, elles sont trois, elles sont étranges, et pour cause : la première est une jeune fille portée disparue qu’il n’a jamais rencontrée. La seconde, une statue de la déesse Flore, quasi personnage de cette curieuse histoire. La dernière, c’est Senta, la demoiselle d’honneur rencontrée au mariage de sa sœur dont Philip est tombé éperdument amoureux. Quant à la mort, elle est là, tout le temps, partout. Elle semble entourer le jeune homme, en permanence…
Ce remarquable petit roman est bâti autour des apparences. Tant dans le fond (qui est qui ? qui fait quoi ? pourquoi qui fait quoi ?) que dans la forme : entièrement écrit en focalisation interne, The Bridesmaid n’est qu’une interminable digression de Ruth Rendell visant à concentrer toute l’aura de mystère autour du personnage de Senta, alors que la clé du livre repose dans celui de Philip. Seulement comme tous les chapitres (à l’exception des trois derniers) sont narrés à travers son regard, le lecteur est perpétuellement distrait, baladé du début à la fin par une auteure au sommet de son art.
Et ainsi, le lecteur devient le confident (le complice) de Philip, passant deux-cent-cinquante pages à se dire : Oh putain, mais c’est qui, en fait, cette Senta ?, alors là-même que la bonne question devrait être : Oh putain, mais c’est quoi en fait, ce Philip ? Quand on comprend qu’on a fait fausse route, il est déjà trop tard. La machine s’est mise en branle de manière implacable et d’autant plus insidieuse que l’autre coup de poker menteur de Ruth Rendell repose dans une structure narrative absolument à contre-courant de tout roman policier « normal » : dans The Bridesmaid, il ne se passe quasiment rien. Ou presque. C’est un roman relativement statique, dont les personnages se déplacent peu et dont les péripéties se comptent sur les doigts d’une main. Pourtant, tout est là, dès le départ. Dans des détails, des fragments de dialogues, des pistes habilement glissées au détour d’un passage d’apparence anodine. Il suffirait juste de bien chercher…
Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un roman remarquable, sans doute un des tous meilleurs de son auteure. Un livre sombre, lent et fascinant, dont on ressort totalement abruti et avec l’impression de s’être fait mener par le bout du nez de la première à la dernière page.
Et le pire, c’est que ça nous aura fait plaisir !
Philip est un jeune homme qu’on pourrait considérer comme pur. Sain(t) de corps et d’esprit. A ceci près que deux choses, dans la vie, le terrorisent : les femmes et la mort. Or (pas de bol) ces deux choses le persécutent sans relâche. Les femmes l’entourent, elles sont trois, elles sont étranges, et pour cause : la première est une jeune fille portée disparue qu’il n’a jamais rencontrée. La seconde, une statue de la déesse Flore, quasi personnage de cette curieuse histoire. La dernière, c’est Senta, la demoiselle d’honneur rencontrée au mariage de sa sœur dont Philip est tombé éperdument amoureux. Quant à la mort, elle est là, tout le temps, partout. Elle semble entourer le jeune homme, en permanence…
Ce remarquable petit roman est bâti autour des apparences. Tant dans le fond (qui est qui ? qui fait quoi ? pourquoi qui fait quoi ?) que dans la forme : entièrement écrit en focalisation interne, The Bridesmaid n’est qu’une interminable digression de Ruth Rendell visant à concentrer toute l’aura de mystère autour du personnage de Senta, alors que la clé du livre repose dans celui de Philip. Seulement comme tous les chapitres (à l’exception des trois derniers) sont narrés à travers son regard, le lecteur est perpétuellement distrait, baladé du début à la fin par une auteure au sommet de son art.
Et ainsi, le lecteur devient le confident (le complice) de Philip, passant deux-cent-cinquante pages à se dire : Oh putain, mais c’est qui, en fait, cette Senta ?, alors là-même que la bonne question devrait être : Oh putain, mais c’est quoi en fait, ce Philip ? Quand on comprend qu’on a fait fausse route, il est déjà trop tard. La machine s’est mise en branle de manière implacable et d’autant plus insidieuse que l’autre coup de poker menteur de Ruth Rendell repose dans une structure narrative absolument à contre-courant de tout roman policier « normal » : dans The Bridesmaid, il ne se passe quasiment rien. Ou presque. C’est un roman relativement statique, dont les personnages se déplacent peu et dont les péripéties se comptent sur les doigts d’une main. Pourtant, tout est là, dès le départ. Dans des détails, des fragments de dialogues, des pistes habilement glissées au détour d’un passage d’apparence anodine. Il suffirait juste de bien chercher…
Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un roman remarquable, sans doute un des tous meilleurs de son auteure. Un livre sombre, lent et fascinant, dont on ressort totalement abruti et avec l’impression de s’être fait mener par le bout du nez de la première à la dernière page.
Et le pire, c’est que ça nous aura fait plaisir !
👍👍👍 The Bridesmaid [La Demoiselle d'honneur]
Ruth Rendell | Doubleday, 1989