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A soixante ans, Nathan Glass n’attend plus grand chose de la vie. Son cancer est certes en rémission, mais lorsqu’il retourne vivre à Brooklyn, où il a passé les premières années de sa vie, c’est bel et bien pour y mourir. En tout cas c’est ce qu’il prétend. Le désire-t-il réellement ? Difficile à dire. En tout cas il retrouve là-bas son neveu, Tom. Par hasard, presque par erreur. Tom a changé, vieilli, grossi, et il a raté sa vie. Il est seul, tout comme lui. Alors ces deux-là vont se retrouver, et devenir inséparables…
Depuis le début des années 2000, l’œuvre de Paul Auster a pris un tour inattendu et assez difficile à décrire. Il semble que la cinquantaine passée (il est de 47) l’auteur de Music of Chance ait fait basculer son travail vers autre chose. De fait, lorsque l’on parcourt ses trois derniers romans, s’il est indéniable que la plume est toujours là l’univers, en revanche, semble en pleine mutation. C’était déjà tangible dans The Book of Illusions (infiniment plus achevé que n’importe lequel de ses ouvrages précédents) et Oracle Night. C’est évident dans The Brooklyn Follies.
Moins parfait que le premier et moins singulier que le second, ce dernier en roman en date (qu’on pourrait tout à fait voir comme la conclusion d’un triptyque tant il semble par moment répondre aux deux précédents) est un livre particulièrement surprenant en cela que pour la première fois depuis vingt ans, Paul Auster a écrit un roman qui ne ressemble justement jamais à du Paul Auster – ou très peu. Dans la forme peut-être. Dans le fond, sûrement pas. Combien de ses bouquins pourraient être résumés de manière linéaire, chapitre par chapitre ? Aucun (ou quasiment pas). Il s’agit même probablement de son histoire la plus simple d’accès et la moins complexe.
Pour autant ce n’est pas sa moins réussie, loin s’en faut. Dans les destins éternellement liés de Nathan, de Tom mais aussi de Harry et même de la petite Lucy, Auster a injecté de la douceur, de la simplicité, une grâce étrange. Tout dans The Brooklyn Follies est délicieux et épuré. Finies les intrigues à tiroirs et les histoires en forme d’escaliers en colimaçons. Le narrateur, pour n’en être pas moins fin et lettré, est un homme simple et émouvant… comme les autres d’ailleurs. Comme Tom, comme Harry…j ’ai lu tous les romans de Paul Auster (certains plusieurs fois) et pourtant c’est la première fois je croise que des personnages issus de son imagination me semblent si familiers, si crédibles et si humains. Ce ne sont plus de simples symboles : ils prennent corps. Ils sont là. Et ils sont bouleversants. Je m’attendais à lire un grand cri d’amour de l’auteur à sa ville, et je me suis pris en pleine poire un grand cri d’amour de l’auteur… à l’humanité. Rien que ça !
J’ai refermé le livre totalement abruti par sa beauté, par sa poésie… par sa fantaisie, aussi, parce que j’ai ri plus d’une fois en lisant ce livre tout de même pas hyper joyeux dans le fond (Paul Auster reste Paul Auster, à savoir l’écrivain le mieux nommé du monde – une groupie de Chateaubriand ne peu décemment pas être une comique née). Oui, j’ai été charmé par The Brooklyn Follies, qui n’est certes pas son livre le plus réussi mais peut-être son plus émouvant.
Comme quoi parfois les vieux adages mentent : avec Paulo, c’est beau de vieillir.
A soixante ans, Nathan Glass n’attend plus grand chose de la vie. Son cancer est certes en rémission, mais lorsqu’il retourne vivre à Brooklyn, où il a passé les premières années de sa vie, c’est bel et bien pour y mourir. En tout cas c’est ce qu’il prétend. Le désire-t-il réellement ? Difficile à dire. En tout cas il retrouve là-bas son neveu, Tom. Par hasard, presque par erreur. Tom a changé, vieilli, grossi, et il a raté sa vie. Il est seul, tout comme lui. Alors ces deux-là vont se retrouver, et devenir inséparables…
Depuis le début des années 2000, l’œuvre de Paul Auster a pris un tour inattendu et assez difficile à décrire. Il semble que la cinquantaine passée (il est de 47) l’auteur de Music of Chance ait fait basculer son travail vers autre chose. De fait, lorsque l’on parcourt ses trois derniers romans, s’il est indéniable que la plume est toujours là l’univers, en revanche, semble en pleine mutation. C’était déjà tangible dans The Book of Illusions (infiniment plus achevé que n’importe lequel de ses ouvrages précédents) et Oracle Night. C’est évident dans The Brooklyn Follies.
Moins parfait que le premier et moins singulier que le second, ce dernier en roman en date (qu’on pourrait tout à fait voir comme la conclusion d’un triptyque tant il semble par moment répondre aux deux précédents) est un livre particulièrement surprenant en cela que pour la première fois depuis vingt ans, Paul Auster a écrit un roman qui ne ressemble justement jamais à du Paul Auster – ou très peu. Dans la forme peut-être. Dans le fond, sûrement pas. Combien de ses bouquins pourraient être résumés de manière linéaire, chapitre par chapitre ? Aucun (ou quasiment pas). Il s’agit même probablement de son histoire la plus simple d’accès et la moins complexe.
Pour autant ce n’est pas sa moins réussie, loin s’en faut. Dans les destins éternellement liés de Nathan, de Tom mais aussi de Harry et même de la petite Lucy, Auster a injecté de la douceur, de la simplicité, une grâce étrange. Tout dans The Brooklyn Follies est délicieux et épuré. Finies les intrigues à tiroirs et les histoires en forme d’escaliers en colimaçons. Le narrateur, pour n’en être pas moins fin et lettré, est un homme simple et émouvant… comme les autres d’ailleurs. Comme Tom, comme Harry…j ’ai lu tous les romans de Paul Auster (certains plusieurs fois) et pourtant c’est la première fois je croise que des personnages issus de son imagination me semblent si familiers, si crédibles et si humains. Ce ne sont plus de simples symboles : ils prennent corps. Ils sont là. Et ils sont bouleversants. Je m’attendais à lire un grand cri d’amour de l’auteur à sa ville, et je me suis pris en pleine poire un grand cri d’amour de l’auteur… à l’humanité. Rien que ça !
J’ai refermé le livre totalement abruti par sa beauté, par sa poésie… par sa fantaisie, aussi, parce que j’ai ri plus d’une fois en lisant ce livre tout de même pas hyper joyeux dans le fond (Paul Auster reste Paul Auster, à savoir l’écrivain le mieux nommé du monde – une groupie de Chateaubriand ne peu décemment pas être une comique née). Oui, j’ai été charmé par The Brooklyn Follies, qui n’est certes pas son livre le plus réussi mais peut-être son plus émouvant.
Comme quoi parfois les vieux adages mentent : avec Paulo, c’est beau de vieillir.
👍👍👍 The Brooklyn Follies
Paul Auster | Henry Holt and Co., 2005