jeudi 16 novembre 2006

William Faulkner - Son dernier coup d'archet...

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Dernier livre publié du vivant de son auteur, The Reivers est très loin d’être le meilleur roman de Faulkner. C'est même sans doute le moins réussi, à égalité avec Pylon. Cependant c’est un livre important et touchant. A travers les pérégrinations d’un gamin (Lucius), de son chauffer et de son domestique noir, Faulkner y cède pour la première fois (la dernière - puisqu’il est décédé quelques mois plus tard) à une tentation à laquelle il a pris un malin plaisir à résister durant dix-sept romans : celle de l’autobiographie.

Non pas que Faulkner raconte sa vie dans The Reivers. Mais il est admis par tous ses biographes que c’est dans ce roman en apparence léger (voire même totalement dépourvu d’ambition comparé aux autres) que l’auteur se livre le plus. Lui-même n’a jamais fait beaucoup d’efforts pour le cacher : s’il s’agit de fiction, le caractère de Lucius est très proche du sien (ou tout du moins du sien au même âge). Ce qui est donc déjà en soi une excellente raison à cette lecture, quand bien même le lecteur de passage ne connaissant pas du tout Faulkner serait fort mal inspiré d’attaquer avec celle-ci.

Du reste, ne pas confondre légèreté et drôlerie. Je suis souvent sidéré lorsque je lis dans des essais critiques très sérieux que The Reivers est un livre drôle. Et je me dis dans ces cas-là que les universitaires et moi n’avons manifestement pas le même sens de l’humour. The Reivers essaie bien d’être drôle – il n’y arrive jamais complètement. La veine comique n’est décidément pas la qualité première de William Faulkner, ce qui rend ce roman un peu curieux : imaginez une succession de vannes qui tombent systématiquement à plat. Cela finirait par vous faire sourire, non ? Là, c’est exactement ça : plus l’auteur essaie de créer des situations drôles, plus il foire, et plus le lecteur ri. Je me suis même demandé, durant cette seconde lecture, si cet état de fait n’était pas totalement volontaire (avec Faulkner, c’est toujours difficile de savoir !).

En somme, la lecture de ce livre ne sera indispensable qu’aux fans complétistes de l’autre William le plus connu de toute l'histoire littéraire. Eux seront ravis par cet ultime pied de nez de Faulkner : quitter ses lecteurs sur une œuvre légère et sans prétention après plus de trente ans au service de la tragédie, c’est ce qui s’appelle partir en beauté.


👍 The Reivers [Les Larrons]
William Faulkner | Vintage Classics, 1962