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Joe Strummer mort, Mick Jones peinant à faire décoller son nouveau projet (pourtant intéressant pour ce qu’on a pu en entendre) Carbon/Silicon, Paul Simonon has-been depuis 1982… pas besoin de se gratter la tête bien longtemps pour comprendre à qui peut profiter la sortie de ce coffret dantesque.
Oui, dantesque. Pensez donc : soixante-six titres ! TOUS les singles du Clash en packaging original (quoique forcément réduit) avec les faces B et tout le tralala… l’intégrale du best of du greatest hits… de quoi filer une overdose à chaque journaliste de Rock & Folk. Diantre ! Ne cherchez plus : votre tonton est un punk repenti (bref : un bobo fan de Ben Harper) ? Vous avez trouvé son cadeau de Noël. Tout n’y est pas, évidemment, puisque ce sont des singles. Mais disons que presque tout y est, de « White Riot » (1976) à « Sex Mad Roar » (1985)… les gaillards ont soigné l’objet, avec même une certaine élégance si l'on considère que Jones et Simonon ne faisaient plus partie du groupe lorsque sont sortis les derniers disques (l’album Cut the Crap et l’EP This Is England) et qu’on ne leur en aurait pas voulu de les occulter.
Bref : un pan entier de l’histoire de la musique défile dans nos oreilles émerveillées… explosion brit-punk (« 1977 », « Capital Radio », « Remote Control », « London’s Burning », « Clash City Rocker »), pop langoureuse (« City of the Dead », « Lost in the Supermarket »), reggae (« (White Man) In Hammersmith Palais »), rock nerveux (« Tommy Gun », « London Calling »), funk (« Train in Vain », qui est bien dans le coffret contrairement à ce que j'ai lu dans je ne sais plus quel article, plus précisément à la piste 34), rap avant l’heure (« The Magnificent Seven »), dub (« Straight to Hell »), disco (« Rock the Casbah »), garage (« Know Your Rights », « Should I Stay or Should I Go »)… n’en jetez plus, la coupe est pleine. Pas de problème, on prend tout. Même les inédits.
Comment ça il n’y a pas d’inédits ?
Et non : pas d’inédits. Pas un seul. Et vous savez pourquoi ? Tout bêtement parce que ça fait au moins dix ans qu'il n'y a plus un seul inédit des Guns of Brixton ! On trouve ici des faces B, certes, mais qui sont déjà sorties sur dix-huit compiles et dix-huit albums remasterisés et qui, au final, n’ont plus qu’une importance très relative à l’heure du téléchargement. Evidemment, c’est cool de retrouver les titres des EPs Black Market Clash ou This Is Radio Clash, mais fondamentalement ça n’apporte pas grand chose – ni aux fans qui les ont déjà depuis des lustres ni aux néophytes qui ne peuvent pas les apprécier puisque n’ayant pas conscience qu’il s’agit de titres rares… ceci explique sans doute le soin apporté au coffret en lui-même (superbe), à tout le packaging (admirable)… et souligne simultanément l’ambiguïté d’un tel objet. Car si ni le fan ni le gamin souhaitant découvrir le plus grand groupe de son temps n’y trouvent leur compte, qui y trouvera le sien ? Le collectionneur ? Mais le collectionneur, et je sais de quoi je parle puisque j’en suis un, il préfèrera toujours avoir les originaux vinyle…
… alors voilà où j’en suis de ma réflexion : je ne sais pas. Oui, je l’ai acheté. Mais je n’ai pas encore compris à quoi ça servait. A rien, peut-être. A faire de l’argent, tout au plus. Auquel cas le pari est rempli : les exs Clash ont fait de l’argent (et en feront encore car ce coffret est d’ores et déjà promis à un bel avenir) sans avoir l’air d’en faire, avec une grande classe et en refourguant un objet dépassant le cadre de simple pompe à fric.
Reste à éclaircir trois petits détails :
D’abord, aucun fan du groupe n’ira conseiller ce coffret pour le découvrir (il redirigera le curieux vers les albums The Clash ou London Calling).
Ensuite, même si la légende a fait son œuvre, il serait très con de croire que c’est parce qu’il s’agit du Clash que tous ces singles sont bons : « Do It Now » ou « Overpowered by Funk » (par exemple) sont des horreurs.
Enfin, Joe Strummer, de son vivant, a toujours refusé ce genre de compilations roboratives.
Pourquoi Action Joe devrait-il subir ça une fois mort ?
Joe Strummer mort, Mick Jones peinant à faire décoller son nouveau projet (pourtant intéressant pour ce qu’on a pu en entendre) Carbon/Silicon, Paul Simonon has-been depuis 1982… pas besoin de se gratter la tête bien longtemps pour comprendre à qui peut profiter la sortie de ce coffret dantesque.
Oui, dantesque. Pensez donc : soixante-six titres ! TOUS les singles du Clash en packaging original (quoique forcément réduit) avec les faces B et tout le tralala… l’intégrale du best of du greatest hits… de quoi filer une overdose à chaque journaliste de Rock & Folk. Diantre ! Ne cherchez plus : votre tonton est un punk repenti (bref : un bobo fan de Ben Harper) ? Vous avez trouvé son cadeau de Noël. Tout n’y est pas, évidemment, puisque ce sont des singles. Mais disons que presque tout y est, de « White Riot » (1976) à « Sex Mad Roar » (1985)… les gaillards ont soigné l’objet, avec même une certaine élégance si l'on considère que Jones et Simonon ne faisaient plus partie du groupe lorsque sont sortis les derniers disques (l’album Cut the Crap et l’EP This Is England) et qu’on ne leur en aurait pas voulu de les occulter.
Bref : un pan entier de l’histoire de la musique défile dans nos oreilles émerveillées… explosion brit-punk (« 1977 », « Capital Radio », « Remote Control », « London’s Burning », « Clash City Rocker »), pop langoureuse (« City of the Dead », « Lost in the Supermarket »), reggae (« (White Man) In Hammersmith Palais »), rock nerveux (« Tommy Gun », « London Calling »), funk (« Train in Vain », qui est bien dans le coffret contrairement à ce que j'ai lu dans je ne sais plus quel article, plus précisément à la piste 34), rap avant l’heure (« The Magnificent Seven »), dub (« Straight to Hell »), disco (« Rock the Casbah »), garage (« Know Your Rights », « Should I Stay or Should I Go »)… n’en jetez plus, la coupe est pleine. Pas de problème, on prend tout. Même les inédits.
Comment ça il n’y a pas d’inédits ?
Et non : pas d’inédits. Pas un seul. Et vous savez pourquoi ? Tout bêtement parce que ça fait au moins dix ans qu'il n'y a plus un seul inédit des Guns of Brixton ! On trouve ici des faces B, certes, mais qui sont déjà sorties sur dix-huit compiles et dix-huit albums remasterisés et qui, au final, n’ont plus qu’une importance très relative à l’heure du téléchargement. Evidemment, c’est cool de retrouver les titres des EPs Black Market Clash ou This Is Radio Clash, mais fondamentalement ça n’apporte pas grand chose – ni aux fans qui les ont déjà depuis des lustres ni aux néophytes qui ne peuvent pas les apprécier puisque n’ayant pas conscience qu’il s’agit de titres rares… ceci explique sans doute le soin apporté au coffret en lui-même (superbe), à tout le packaging (admirable)… et souligne simultanément l’ambiguïté d’un tel objet. Car si ni le fan ni le gamin souhaitant découvrir le plus grand groupe de son temps n’y trouvent leur compte, qui y trouvera le sien ? Le collectionneur ? Mais le collectionneur, et je sais de quoi je parle puisque j’en suis un, il préfèrera toujours avoir les originaux vinyle…
… alors voilà où j’en suis de ma réflexion : je ne sais pas. Oui, je l’ai acheté. Mais je n’ai pas encore compris à quoi ça servait. A rien, peut-être. A faire de l’argent, tout au plus. Auquel cas le pari est rempli : les exs Clash ont fait de l’argent (et en feront encore car ce coffret est d’ores et déjà promis à un bel avenir) sans avoir l’air d’en faire, avec une grande classe et en refourguant un objet dépassant le cadre de simple pompe à fric.
Reste à éclaircir trois petits détails :
D’abord, aucun fan du groupe n’ira conseiller ce coffret pour le découvrir (il redirigera le curieux vers les albums The Clash ou London Calling).
Ensuite, même si la légende a fait son œuvre, il serait très con de croire que c’est parce qu’il s’agit du Clash que tous ces singles sont bons : « Do It Now » ou « Overpowered by Funk » (par exemple) sont des horreurs.
Enfin, Joe Strummer, de son vivant, a toujours refusé ce genre de compilations roboratives.
Pourquoi Action Joe devrait-il subir ça une fois mort ?
👍👍 The Singles
The Clash | Sony BMG, 2006