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VALIS (également intitulé VALISystem dans certaines éditions) est un livre de Philip K. Dick. On y trouve donc des phénomènes étranges, des psys, de la dope, et un personnage central totalement paranoïaque.
Mais Valis est également l’un dernier romans de Philp K. Dick. Comprendre par là que l’on va y trouver un genre de mysticisme un peu curieux, et des réflexions philosophiques un peu tirées par les cheveux.
D’un point de vue purement littéraire, un bouquin de SF a totalement le droit de proposer des thèses de philos absurdes et/ou incompréhensibles (plutôt le second cas de figure en l’occurrence). Cela fait partie de la licence poétique, et ce n’est pas tellement cela qui gène. Non, le vrai problème, LE hic, c’est que Valis est un bouquin de SF qui se prend très (très très très) au sérieux. C’est pas du Arthur C. Clarke quand même (ouf), mais on reste très loin des œuvres sombres et baroques du Dick des années 60 (au hasard : The Man in the High Castle, Dr Bloodmoney…).
Pourtant, les choses commencent bien. Enfin non, elles commencent mal, mais selon la logique de l’auteur si ça commence mal pour le héros cela commence délicieusement pour le lecteur. Ce héros, Horselover (ce nom, tout de même, fallait oser !), est un religieux affublé d’une seconde personnalité (Phil) qui lui cause des tracas au point qu’il décide d’écrire son récit à la troisième personne, histoire de je cite :
« …prendre du recul et clarifier les choses… »
Vous m’en direz tant ! Heureusement qu'il n'a pas voulu les compliquer ! Enfin bref, ça commence comme du grand Philip K. Dick puisqu’on ne comprend rien pendant les vingt premières pages. Sauf que très vite, ça ressemble à du petit Philip K. Dick. C’est facile de faire la différence : le petit Philip K. Dick, c'est quand on commence à comprendre et qu’on se rend compte que ça fourmille de trucs métaphysico-loufdingues pas du tout intéressants.
(ne vous emmerdez pas à chercher, il suffit de regarder la date de parution : si c’est entre 1974 et sa mort en 1982, vous êtes pile dans le petit Philip K. Dick)
Après, donc, s’être amusé avec ses deux "moi" qui deviennent trois, l’auteur ne s’amuse plus du tout. Il devient très sérieux – trop ! – et très ennuyeux. Il cite plein de gens pour se donner l’air profondément cultivé, casse la structure du roman pour se donner l’air moderne, change de registre de langage toutes les deux pages pour marquer le trouble de son narrateur (et avoir l’air éclectique), et du coup il se paume complètement.
Je vais quand même rassurer les amateurs de l’écrivain qui me lisent : dans la seconde partie, Valis décolle subitement. L’intrigue s’emballe (apparaît, plutôt), le lecteur est totalement happé et le narrateur cesse de verser dans la théologie (ce qui paradoxalement m’a fait hurler Haleluiah !, allez comprendre !). Il est probable que tout le monde aurait pu se passer de la première partie du roman, seulement Valis est en réalité le volume premier d'une trilogie du même non qui occupa Philip K. Dick dans les dernières années de sa vie. Dans ce contexte, la partie soporifique ne représente donc qu’un petit sixième de l’œuvre globale, ce qui me semble loin d’être assez pour la clouer au pilori. D’ailleurs, à tout prendre, c’est très supérieur à son livre précédent (l’atrocement surestimé A Scanner Darkly aka Substance mort en VF, une daube assez sidérante qu’on qualifiera poliment d’auto-parodie).
Bien entendu, je vous donnerai des nouvelles des volumes deux et trois incessamment sous peu.
VALIS (également intitulé VALISystem dans certaines éditions) est un livre de Philip K. Dick. On y trouve donc des phénomènes étranges, des psys, de la dope, et un personnage central totalement paranoïaque.
Mais Valis est également l’un dernier romans de Philp K. Dick. Comprendre par là que l’on va y trouver un genre de mysticisme un peu curieux, et des réflexions philosophiques un peu tirées par les cheveux.
D’un point de vue purement littéraire, un bouquin de SF a totalement le droit de proposer des thèses de philos absurdes et/ou incompréhensibles (plutôt le second cas de figure en l’occurrence). Cela fait partie de la licence poétique, et ce n’est pas tellement cela qui gène. Non, le vrai problème, LE hic, c’est que Valis est un bouquin de SF qui se prend très (très très très) au sérieux. C’est pas du Arthur C. Clarke quand même (ouf), mais on reste très loin des œuvres sombres et baroques du Dick des années 60 (au hasard : The Man in the High Castle, Dr Bloodmoney…).
Pourtant, les choses commencent bien. Enfin non, elles commencent mal, mais selon la logique de l’auteur si ça commence mal pour le héros cela commence délicieusement pour le lecteur. Ce héros, Horselover (ce nom, tout de même, fallait oser !), est un religieux affublé d’une seconde personnalité (Phil) qui lui cause des tracas au point qu’il décide d’écrire son récit à la troisième personne, histoire de je cite :
« …prendre du recul et clarifier les choses… »
Vous m’en direz tant ! Heureusement qu'il n'a pas voulu les compliquer ! Enfin bref, ça commence comme du grand Philip K. Dick puisqu’on ne comprend rien pendant les vingt premières pages. Sauf que très vite, ça ressemble à du petit Philip K. Dick. C’est facile de faire la différence : le petit Philip K. Dick, c'est quand on commence à comprendre et qu’on se rend compte que ça fourmille de trucs métaphysico-loufdingues pas du tout intéressants.
(ne vous emmerdez pas à chercher, il suffit de regarder la date de parution : si c’est entre 1974 et sa mort en 1982, vous êtes pile dans le petit Philip K. Dick)
Après, donc, s’être amusé avec ses deux "moi" qui deviennent trois, l’auteur ne s’amuse plus du tout. Il devient très sérieux – trop ! – et très ennuyeux. Il cite plein de gens pour se donner l’air profondément cultivé, casse la structure du roman pour se donner l’air moderne, change de registre de langage toutes les deux pages pour marquer le trouble de son narrateur (et avoir l’air éclectique), et du coup il se paume complètement.
Je vais quand même rassurer les amateurs de l’écrivain qui me lisent : dans la seconde partie, Valis décolle subitement. L’intrigue s’emballe (apparaît, plutôt), le lecteur est totalement happé et le narrateur cesse de verser dans la théologie (ce qui paradoxalement m’a fait hurler Haleluiah !, allez comprendre !). Il est probable que tout le monde aurait pu se passer de la première partie du roman, seulement Valis est en réalité le volume premier d'une trilogie du même non qui occupa Philip K. Dick dans les dernières années de sa vie. Dans ce contexte, la partie soporifique ne représente donc qu’un petit sixième de l’œuvre globale, ce qui me semble loin d’être assez pour la clouer au pilori. D’ailleurs, à tout prendre, c’est très supérieur à son livre précédent (l’atrocement surestimé A Scanner Darkly aka Substance mort en VF, une daube assez sidérante qu’on qualifiera poliment d’auto-parodie).
Bien entendu, je vous donnerai des nouvelles des volumes deux et trois incessamment sous peu.
✋ Valisystem [SIVA]
Philip K. Dick | Vintage, 1978