lundi 29 janvier 2007

Little Bob Story - It's Only Rock'n'Roll

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Régulièrement oublié, mésestimé, décrié et on en passe, Little Bob aura dû attendre le début des années 2000 pour que l’on reconnaisse son importance et qu’on lui offre une série de rééditions décentes. Pourtant, ce personnage fort sympathique aura toute sa vie été plus à même que Johnny de chanter les bienfaits du blues, qu’il défend depuis la fin des années 60.


Première galette de cette vague de rééditions (Rendez-vous in Angels City, nettement plus alléchant, est reparu en même temps mais n’a pas croisé le chemin de mes oreilles), Ringolevio laissera un peu perplexe le djeun’s qui aura entendu parler de P’tit Bob sans jamais l’entendre jusqu’alors. A vrai dire, même moi qui possédais déjà l’édition vinyle j’ai été surpris : de High Time (1976) à Libero (2002) en passant par Living in the Fast Lane (1977), Vacant Heart (1982) ou Lost Territories (1993), le parrain des punks français a publié plus d’un album indispensable… mais Ringolevio n’en fait certainement pas parti. Abîmé par un son eighties qu’aucune réédition ne dégagera jamais complètement, ce disque réussi n’en est pas moins mineur. On aimerait bien savoir pourquoi le label a choisi de ressortir celui-ci, mais bon…
 
Car Ringolevio, n’en déplaise aux détracteurs de Roberto, reste tout de même un très bon disque s’ouvrant sur le hurlement (culte) de Lemmy « Motörhead» Kilmister directement enchaîné avec le titre éponyme (sûrement LE classique de ce dixième opus). Avec également « Life Goes on » et « Motorcycle Boy », il forme un trio de titres féroces qu’il serait criminel de manquer. La première impression est que ça marche moins bien sur les mid-tempos, mais c’est en fait un trompe l’œil : tout bêtement les chansons toutes guitares dehors ont-elles beaucoup moins vieilli que d’autres plus sophistiquées. Ce qui est d’ailleurs regrettable, car le traitement funk appliqué à la reprise de « Hush » semble très intéressant sur le papier… manque de bol, c’est le genre de trip qui était hyper moderne en 1987 mais déjà périmé en 88. Heureusement ces mid-tempos sont illuminées par l’impétueuse et irrésistible « Crosses on the Hill », le genre de titre à mi chemin en la ballade et le blues déchirant que Little Bob n’a tout simplement JAMAIS foiré. Il y a tout sur ce morceau : la montée en puissance, la voix du Maître… frisson garanti.
 
Évidemment, les disques ont été faits à l’époque où ils ont été faits : la meilleure remasterisation de tout les temps n’empêchera jamais certains titres de pécher par excès de mode, à l’image de ces « Shadow Lane » ou « Tell Everybody the Truth » sonnant comme la rencontre improbable entre le hard FM américain de l’époque, la basse vrombissante new-wave et le chant de Robert Plant. Mais dans l’ensemble, Ringolevio tient particulièrement bien la route – en tout cas certainement mille fois mieux que certaines productions hair-metal de l’époque. Tout bêtement parce que Little Bob Story (cover-band mythique de Bob dissout juste après cet opus) réunissait deux choses que peu de groupes possèdent : un groove furieux et une âme, une vraie.
 
Ce n’est donc pas leur plus mauvais album, juste le moins bon. Et vu le mal qu’on a encore aujourd’hui à trouver du Little Bob sur le marché, mieux vaut ne pas bouder son plaisir !

A noter que cette réédition est accompagnée de l'EP Cover Girl (paru deux ans plus tôt), relativement anecdotique si ce n'est le morceau...
« Cover Girl »  (y aurait-il une logique en ce bas monde ?)
👍 Ringolevio 
Little Bob Story | Accord/MusiDisc, 1987