...
Quatre lignes de faille, quatre monologues, quatre époques.
La thèse, simple à concevoir, difficile à exprimer : c’est dans le passé que résident les secrets du présent, et dans le présent que se prépare l’avenir.
A travers ces quatre monologues intérieurs chipés à quatre membres d’une famille middle-class pas si frappée qu’elle en a l’air, Nancy Huston, avec élégance, finesse et un style à pleurer d’admiration, remet tout simplement l’histoire en perspective. Celle d’hier (via les parties de Randall, Sadie et Kristina), mais aussi probablement celle de demain (en se glissant dans la peau de Sol, qui est censé parler en 2004 mais très franchement ça ne change pas grand-chose). Cette construction n’a rien de très original ; pourtant elle est exceptionnelle… certaines choses ne s’expliquent et se ressentent, tout simplement.
Nancy Huston l’a parfaitement assimilé, et tandis qu’elle radiographie la folie ordinaire d’Américains presque normaux, sa plume virevolte, oscillant entre rage sourde et émotion contenue. On est séduit, charmé. Et, rapidement, envoûté. Parce qu’il y a un souffle incroyable dans ce style coup de poing, parce que le propos est universel et parce que l’auteure a eu l’idée particulièrement brillante de l’aborder sous l’angle de l’enfance.
C’est l’autre particularité de ce roman : ces monologues ne sont pas isolés dans le temps. Huston donne l’impression de s’être déplacée sans cesse pour pouvoir capter le ressenti de chacun des personnages précisément au moment de l’enfance. Et alors qu’on pourrait croire qu’il n’existe aucun point commun entre l’enfance de Sol en 2004 et celle de Kristina en 1945, on se surprend à y trouver des accointances – des convergences même. Les angoisses se traduisent différemment, mais ce sont les mêmes. Ainsi que ces réflexions, ces interrogations et autres contemplations sans cesse aux confins de la folie. Arrière-grand-mère, grand-mère, fils, petit-fils… même combat.
Comme si l’histoire, finalement, n’était qu’un éternel recommencement. Ce qui d’ailleurs n’est pas totalement faux (tout du moins dans la perspective du texte) : après tout, la narration procède à rebours de la chronologie. De fait la fin du roman correspond au début de l’histoire.
Entre vous et moi : à part Monsieur Faulkner, quel autre écrivain est jamais parvenu à bâtir ce genre de cathédrale ?
Quatre lignes de faille, quatre monologues, quatre époques.
La thèse, simple à concevoir, difficile à exprimer : c’est dans le passé que résident les secrets du présent, et dans le présent que se prépare l’avenir.
A travers ces quatre monologues intérieurs chipés à quatre membres d’une famille middle-class pas si frappée qu’elle en a l’air, Nancy Huston, avec élégance, finesse et un style à pleurer d’admiration, remet tout simplement l’histoire en perspective. Celle d’hier (via les parties de Randall, Sadie et Kristina), mais aussi probablement celle de demain (en se glissant dans la peau de Sol, qui est censé parler en 2004 mais très franchement ça ne change pas grand-chose). Cette construction n’a rien de très original ; pourtant elle est exceptionnelle… certaines choses ne s’expliquent et se ressentent, tout simplement.
Nancy Huston l’a parfaitement assimilé, et tandis qu’elle radiographie la folie ordinaire d’Américains presque normaux, sa plume virevolte, oscillant entre rage sourde et émotion contenue. On est séduit, charmé. Et, rapidement, envoûté. Parce qu’il y a un souffle incroyable dans ce style coup de poing, parce que le propos est universel et parce que l’auteure a eu l’idée particulièrement brillante de l’aborder sous l’angle de l’enfance.
C’est l’autre particularité de ce roman : ces monologues ne sont pas isolés dans le temps. Huston donne l’impression de s’être déplacée sans cesse pour pouvoir capter le ressenti de chacun des personnages précisément au moment de l’enfance. Et alors qu’on pourrait croire qu’il n’existe aucun point commun entre l’enfance de Sol en 2004 et celle de Kristina en 1945, on se surprend à y trouver des accointances – des convergences même. Les angoisses se traduisent différemment, mais ce sont les mêmes. Ainsi que ces réflexions, ces interrogations et autres contemplations sans cesse aux confins de la folie. Arrière-grand-mère, grand-mère, fils, petit-fils… même combat.
Comme si l’histoire, finalement, n’était qu’un éternel recommencement. Ce qui d’ailleurs n’est pas totalement faux (tout du moins dans la perspective du texte) : après tout, la narration procède à rebours de la chronologie. De fait la fin du roman correspond au début de l’histoire.
Entre vous et moi : à part Monsieur Faulkner, quel autre écrivain est jamais parvenu à bâtir ce genre de cathédrale ?
👑 Lignes de faille
Nancy Huston | Actes Sud, 2006