...
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi les mariages sont des genres d’interminables cauchemars. Les messes, les photos, les vins d’honneur… après il y a le repas qui n’en finit plus, sans parler de tous ces invités que vous n’aimez pas forcément mais que vous vous êtes sentis obligés de convier. Non, vraiment : les mariages c’est tellement chiant pour tout le monde qu’on se demande pourquoi les gens se marient quand même. Heureusement depuis que j’ai lu Une pièce montée je me sens nettement moins seul.
Car c’est peu ou prou ce que nous racontent les personnages de Blandine Le Callet dans ce petit roman si anodin en apparence, si efficace en réalité. Les premières pages ne m’ont pourtant pas enthousiasmé : j’ai trouvé le style fade, l’ambiance un peu poussiéreuse… ça me faisait penser à tous ces livres sociologico- mélancoliques qui pullulaient dans les années soixante-dix / quatre-vingt. Pourtant, arrivé au terme du premier chapitre, j’ai avalé la suite en quelques heures : Une pièce montée distille son venin discrètement mais puissamment, et force est d’admettre qu’on se laisse embarquer.
Le grand talent de Blandine Le Callet est d’avoir su faire de ses faiblesses une force. En l’occurrence la faiblesse numéro un est stylistique. Seulement voilà : dans Une pièce montée, l’auteure adopte successivement les points de vues des différents convives du mariage. Or comme elle use d’un style simple, doux, un peu terne parfois mais totalement malléable, elle parvient admirablement à se glisser dans la peau de chacun, à sauter de l’un à l’autre, à varier tant les réflexions que les registres de langage en fonction du personnage… et de fait à les rendre tous, les uns après les autres, criants de vérité. Mieux : en alternant ainsi les voix, elle se permet quelques audaces, comme de multiplier les avis et regards sur un seul et même personnage (par exemple la mariée) pour finalement brosser de lui un portrait en creux kaléidoscopique et parfaitement maîtrisé.
Pour le reste que personne ne s’y trompe : l’histoire en elle-même c’est du rebattu deux-cent-cinquante fois. Autant j’ai été fasciné par l’aisance de Le Callet pour jongler avec les points de vue, autant le fond ne m’a pas scotché le moins du monde (ce mariage ressemble à dix mille mariages de littérature avant lui). Ce sera mon principal bémol. Mais il est de taille. A vous de voir si ça vous tente de le surmonter.
👍 Une pièce montée
Blandine Le Callet | Stock, 2006
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi les mariages sont des genres d’interminables cauchemars. Les messes, les photos, les vins d’honneur… après il y a le repas qui n’en finit plus, sans parler de tous ces invités que vous n’aimez pas forcément mais que vous vous êtes sentis obligés de convier. Non, vraiment : les mariages c’est tellement chiant pour tout le monde qu’on se demande pourquoi les gens se marient quand même. Heureusement depuis que j’ai lu Une pièce montée je me sens nettement moins seul.
Car c’est peu ou prou ce que nous racontent les personnages de Blandine Le Callet dans ce petit roman si anodin en apparence, si efficace en réalité. Les premières pages ne m’ont pourtant pas enthousiasmé : j’ai trouvé le style fade, l’ambiance un peu poussiéreuse… ça me faisait penser à tous ces livres sociologico- mélancoliques qui pullulaient dans les années soixante-dix / quatre-vingt. Pourtant, arrivé au terme du premier chapitre, j’ai avalé la suite en quelques heures : Une pièce montée distille son venin discrètement mais puissamment, et force est d’admettre qu’on se laisse embarquer.
Le grand talent de Blandine Le Callet est d’avoir su faire de ses faiblesses une force. En l’occurrence la faiblesse numéro un est stylistique. Seulement voilà : dans Une pièce montée, l’auteure adopte successivement les points de vues des différents convives du mariage. Or comme elle use d’un style simple, doux, un peu terne parfois mais totalement malléable, elle parvient admirablement à se glisser dans la peau de chacun, à sauter de l’un à l’autre, à varier tant les réflexions que les registres de langage en fonction du personnage… et de fait à les rendre tous, les uns après les autres, criants de vérité. Mieux : en alternant ainsi les voix, elle se permet quelques audaces, comme de multiplier les avis et regards sur un seul et même personnage (par exemple la mariée) pour finalement brosser de lui un portrait en creux kaléidoscopique et parfaitement maîtrisé.
Pour le reste que personne ne s’y trompe : l’histoire en elle-même c’est du rebattu deux-cent-cinquante fois. Autant j’ai été fasciné par l’aisance de Le Callet pour jongler avec les points de vue, autant le fond ne m’a pas scotché le moins du monde (ce mariage ressemble à dix mille mariages de littérature avant lui). Ce sera mon principal bémol. Mais il est de taille. A vous de voir si ça vous tente de le surmonter.
👍 Une pièce montée
Blandine Le Callet | Stock, 2006