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John Irving et moi, on est tellement copains que tout le monde croit que je le déteste. Il est temps lever le malentendu : contrairement à une idée reçue véhiculée par certaines personnes mal intentionnées, je ne trouve pas John Irving nul. Si c'était le cas je n'aurais certainement pas pris la peine de lire ce livre (mine de rien c'est au moins le quatrième que je m'envoie de lui - je n'ai pas pour habitude de consacrer autant de temps à un auteur que je méprise). Non : je le trouve juste un peu surestimé, voire même parfois beaucoup. Ça n'a rien à voir.
Il est arrivé qu'Irving me fasse rire aux éclats. Il est arrivé aussi qu'il me fasse royalement chier. En ce sens il me semble que son meilleur roman est The World According to Garp, puisqu'il m'a fait les deux effets kiss-cool simultanément.
C'est dans la première catégorie (drôle, donc) que s'inscrit ce roman-ci, même si de là à rire aux éclats il y a une marge que je n'ai pas franchie - cependant je ris rarement aux éclats en lisant. Difficile de ne pas se délecter de cette histoire pour le moins burlesque, succession de petites chroniques d'une famille américaine presqu'ordinaire que l'on peut picorer selon l'humeur. Du grand-père entraîner de foot à l'ours domestique, toute une galerie de personnages défile sous nos yeux avec plus ou moins de bonheur et d'efficacité. Globalement, ça marche. On aurait sans doute aimé que les personnages soient un poil plus étoffés et les situations plus poussées encore du côté de l'absurdité, mais en l'état on rit - c'est l'essentiel. Derrière mon exemplaire, il y a une citation de Vonnegut, et en effet c'est dans cette direction que penche l'Irving de The Hotel New Hampshire. Ce roman copieux lorgne du côté de l'axe Vonnegut - Brautigan, en sans doute un peu plus mélancolique que le premier et un peu mieux écrit que le second. Si vous aimez ces deux auteurs, ce bouquin est pour vous. A un bémol près : je n'y ai pas retrouvé le côté transgressif qui me plaît tant chez Vonnegut et Brautigan. Irving a un humour bon-enfant qui fait parfois mouche, mais on ne trouvera rien ici de très corrosif ni de particulièrement subtil. D'ailleurs les plus courtes sont les meilleures, c'est bien connu ; si les deux seigneurs suscités ne l'ont jamais oublié, John Irving ne semble pas au courant de ce vieil adage sous-entendant qu'un bon roman humoristique doit être compact et ramassé. Tout en étant souvent inspiré, son Hotal New Hampshire m'a paru trop long... au bout de trois-cents pages, je commençais à décrocher. Force est d'admettre néanmoins que le système de narration en quasi épisodes permet de contourner ce problème - à condition toutefois de mettre deux mois à finir le livre.
Donc oui, c'est drôle, c'est sympa, c'est plutôt bien foutu, c'est indéniablement bien écrit. Bref : c'est du John Irving. Sans doute pas du meilleur, mais j'ai lu infiniment pire.
John Irving et moi, on est tellement copains que tout le monde croit que je le déteste. Il est temps lever le malentendu : contrairement à une idée reçue véhiculée par certaines personnes mal intentionnées, je ne trouve pas John Irving nul. Si c'était le cas je n'aurais certainement pas pris la peine de lire ce livre (mine de rien c'est au moins le quatrième que je m'envoie de lui - je n'ai pas pour habitude de consacrer autant de temps à un auteur que je méprise). Non : je le trouve juste un peu surestimé, voire même parfois beaucoup. Ça n'a rien à voir.
Il est arrivé qu'Irving me fasse rire aux éclats. Il est arrivé aussi qu'il me fasse royalement chier. En ce sens il me semble que son meilleur roman est The World According to Garp, puisqu'il m'a fait les deux effets kiss-cool simultanément.
C'est dans la première catégorie (drôle, donc) que s'inscrit ce roman-ci, même si de là à rire aux éclats il y a une marge que je n'ai pas franchie - cependant je ris rarement aux éclats en lisant. Difficile de ne pas se délecter de cette histoire pour le moins burlesque, succession de petites chroniques d'une famille américaine presqu'ordinaire que l'on peut picorer selon l'humeur. Du grand-père entraîner de foot à l'ours domestique, toute une galerie de personnages défile sous nos yeux avec plus ou moins de bonheur et d'efficacité. Globalement, ça marche. On aurait sans doute aimé que les personnages soient un poil plus étoffés et les situations plus poussées encore du côté de l'absurdité, mais en l'état on rit - c'est l'essentiel. Derrière mon exemplaire, il y a une citation de Vonnegut, et en effet c'est dans cette direction que penche l'Irving de The Hotel New Hampshire. Ce roman copieux lorgne du côté de l'axe Vonnegut - Brautigan, en sans doute un peu plus mélancolique que le premier et un peu mieux écrit que le second. Si vous aimez ces deux auteurs, ce bouquin est pour vous. A un bémol près : je n'y ai pas retrouvé le côté transgressif qui me plaît tant chez Vonnegut et Brautigan. Irving a un humour bon-enfant qui fait parfois mouche, mais on ne trouvera rien ici de très corrosif ni de particulièrement subtil. D'ailleurs les plus courtes sont les meilleures, c'est bien connu ; si les deux seigneurs suscités ne l'ont jamais oublié, John Irving ne semble pas au courant de ce vieil adage sous-entendant qu'un bon roman humoristique doit être compact et ramassé. Tout en étant souvent inspiré, son Hotal New Hampshire m'a paru trop long... au bout de trois-cents pages, je commençais à décrocher. Force est d'admettre néanmoins que le système de narration en quasi épisodes permet de contourner ce problème - à condition toutefois de mettre deux mois à finir le livre.
Donc oui, c'est drôle, c'est sympa, c'est plutôt bien foutu, c'est indéniablement bien écrit. Bref : c'est du John Irving. Sans doute pas du meilleur, mais j'ai lu infiniment pire.
✋ The Hotel New Hamphire
John Irving | Black Swan, 1981