samedi 30 juin 2007

Anne Rice - Season of the Witch

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Lue il y a longtemps la trilogie dite « des sorcières » (The Lives of the Mayfair Witches, en VO) d’Anne Rice m’avait laissé peu de souvenirs sinon des bribes suffisamment agréables pour que j’aie envie de la relire presque dix ans plus tard. Je m’y suis donc attelé, quelques mois après en avoir fini avec les Vampires Chronicles.

Quelques mois, oui… mais sans doute pas assez : lorsqu’on enchaîne les deux, la famille Mayfair souffre inévitablement de la comparaison avec Lestat et ses copains. Des personnages plus orignaux et plus complexes, certes, mais aussi une mythologie très différente qui semblera sans doute plus accessible au commun des (im)mortels. Le vampire, paraît-il, est de toutes les figures de la mythologie fantastique la plus populaire… loin devant la sorcière, qui pour une raison que j’ignore semble plus souvent fasciner quelques courageux initiés plutôt que le grand public. Or comment savoir quels mythes revisite une auteure lorsqu’on ne connaît pas trop les éléments de base de toute bonne histoire mettant en scène des sorcières ? Si je ne doute pas que le travail d’Anne Rice soit ici aussi considérable que pour les vampires, j’avoue avoir souvent eu l’impression qu’il me manquait un morceau de la partition.

Il faut dire aussi que ce volume d’exposition, à l’image des suivants, fait appel à tout un folklore qui me parle assez peu. Les sortilèges et enchantements, la télékinésie ou le vaudou… c’est pas trop mon truc. Difficile à la lecture de The Witching Hour de ne pas se dire qu’Anne Rice, aussi talentueuse soit-elle, n’a pas tout à fait réussi son coup : son adaptation des mythes vampiriques relevait durant les premiers tomes de l’épure ; elle y balayait les lieux communs pour rebâtir plus loin une toute nouvelle légende. Ici, elle aurait plutôt tendance à empiler par-dessus une base déjà surchargée de colifichets, ce qui provoquera chez le lecteur exigeant un côté gavage assez désagréable. Rowan Mayfair est une sorcière pour le moins attachante, avec bien entendu ses préoccupations très terre à terre et ses ennuis dus à son pouvoir. Noyée dans un nombre impressionnant de digressions explicatives, elle trouve hélas peu de place pour s’émanciper (un comble dans un livre aussi long !) et l’on aurait aimé lui trouver un peu plus de consistance.

Ce qui ne signifie d’ailleurs pas que The Witching Hour soit mauvais : c’est tellement bien écrit que ça se boit comme du petit lait. L’auteure maîtrise toutes les ficelles du roman–feuilleton, n’oublie aucun ingrédient nécessaire à la captation du lecteur (double suspens intime et fantastique, érotisme suggestif, rebondissements tous les deux chapitres, morceaux de bravoure…) et le tout est porté par un genre de souffle héroïque tout à fait efficace. C’est ce qui s’appelle avoir du métier – comme dirait Jean-Michel Larqué. Dans le second volume cependant le métier fera place au talent… on en reparle bientôt !


👍 The Witching Hour 
Anne Rice | Alfred A. Knopf, 1990