jeudi 20 septembre 2007

Honoré de Balzac - Femmes je vous...

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Un petit recueil, deux courts textes – et comme toujours Balzac enchante.

Difficile de trop s’épancher sur des récits dépassant à peine les cent pages à eux deux, mais au moins peut-on dire que ce cher Honoré ne manquera pas de surprendre tous ceux qui depuis pas loin de deux siècles fustigent sa prétendue misogynie.

Balzac après tout n’était qu’un homme de son époque, et à tout prendre il n’était sans doute pas le pire du lot. Certes les femmes qu’il aimait à peindre étaient généralement soient des pestes, soient des veuves, soient des vielles, soient des dévotes. Soient tout ça à la fois. Mais l’humour avec lequel il brocardait les petits travers de ses contemporaines a à tout prendre moins vieilli que la foutue cristallisation des romantiques, et pourra même sembler infiniment moins machiste – Balzac tape globalement sur les hommes et les femmes avec un égal bonheur.

Excellente illustration de tout cela, Madame Firmiani s’avère par ailleurs un texte remarquablement écrit, au point qu’on se demande comment il est possible d’offrir à la fois un ouvrage si court et si construit. Avec légèreté et sophistication l’auteur y brosse le portrait d’une mystérieuse vieille de vingt-huit ans (drôle d’époque, tout de même) victime de la plus vieille perversion au monde : la rumeur. Rien de révolutionnaire en soi, si ce n’est que le traitement infligé à ce sujet pourtant déjà vieux comme le monde au dix-neuvième est proprement stupéfiant : en cinéaste avant l’heure, Balzac réalise une superbe ouverte avec (imagine-t-on) une succession de plans fixes sur des échantillons représentatifs de la population, qui lâchent les uns après les autres des : Oh bah ouais, Madame Firmiani, bien sûr, je la connais… etc. Brillant, vraiment, et un peu triste aussi puisqu’après cela on termine très vite ce texte – assailli par la sensation que ses cent dernières pages sont manquantes.

Antérieur de deux ans mais placé après dans le recueil (allez comprendre) Étude de femmes n’a pas grand chose d’une étude mais propose en revanche un fort joli portrait de femme. Celui d’une dévote (qu’est-ce que je vous disais déjà ?) victime de l’inénarrable Rastignac, seul personnage de toute l’histoire littéraire capable de vous hanter en se contentant de boire une tasse de thé. Plus court que Madame Firmiani l’ensemble paraît paradoxalement bien plus cohérent, sans doute parce que Balzac prend cette fois-ci la peine d’agrémenter ses miniatures d’une petite intrigounette (pas grand-chose de grandiose : un mini récit aussi simple que réjouissant) histoire que le lecteur du vingt-et-unième siècle se rappelle que le Grand Honoré était autre chose qu’un excellent portraitiste. Il n’en fallait pas plus pour faire le bonheur du fan que je suis, quand bien même le lecteur de passage restera sans doute un peu sur sa fin.


👍 Madame Firmiani 
Honoré de Balzac | Arvensa, 1832