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Richard a un boulot chiant, une copine qu’il adore, une collection de trolls en plastique. Il est gentil, un peu rêveur, vaguement ado attardé sur les bords – bref un brave type tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pourtant sa vie va basculer violemment lorsqu’un soir il tombera en pleine rue sur une jeune fille maculée de sang. De nouvelles perspectives vont s’ouvrir à lui, dangereuses, forcément dangereuses, mais terriblement excitantes pour le lecteur qui lui sait très bien que quand on est un personnage de roman, c’est toujours un très mauvais plan de vouloir aider les jeunes filles en détresse…
Les effets d’annonce ont ceci de merveilleux qu’ils finissent souvent par s’annuler les uns les autres. Dans un premier temps, tout le monde m’a vendu Neverwhere comme un chef-d’œuvre. La vie nous jouant parfois des tours, une fois le livre acheté je ne suis plus tombé que sur des gens trouvant que Neil Gaiman était un auteur très surestimé, nouvelliste brillant mais romancier maladroit. Du coup je me suis retrouvé à ne plus rien attendre de Neverwhere, surpris à me dire que ce n’était franchement pas si mal écrit qu’on me l’avait dit… et bien entendu enchanté par l’univers fantastique le plus original qu’il m’ait été donné de voir depuis très longtemps.
Figurez-vous qu’en dessous de notre monde, il y a un autre monde. Et en dessous de Londres, un autre Londres, beaucoup moins attirant mais beaucoup plus délirant que l’original (ce qui n’est pas peu dire). Rien que l’idée et le renversement des valeurs qu’elle implique mériteraient un prix, d’autant que Gaiman fait preuve d’une inventivité bien trop rare dans le domaine du… euh… d’ailleurs de quel genre littéraire s’agit-il ? Excellente question : patchwork de fantastique traditionnel, de SF et de fantasy, Neverwhere a des airs de tambouille d’autant plus jubilatoires que l’auteur a l’intelligence de ne jamais trop se prendre au sérieux. Burlesque, ludique, voici un petit roman qui s’avale sans respirer pendant les dimanches grisonnants d’un novembre normand.
Petit bémol néanmoins : si l’univers est d’une richesse impressionnante et les personnages parfaitement campés, l’intrigue en elle-même est hélas des plus convenues. Les rebondissements sont tout de même franchement téléphonés, les ficelles épaisses comme des lignes à haute tension... ce qui d'ailleurs m’avait déjà un peu embarrassé avec Stardust, du même auteur. Embarrassé, oui, car quand un Pratchett évolue clairement dans le domaine de la parodie un Gaiman s’adonne à l’art nettement plus subtil du décalage. Ici il joue si bien de l’alternance premier/second degré que je n’arrive pas à déterminer si ces facilités narratives sont volontaires ou non. Qu’importe, du reste, puisque mon bémol recèle un compliment caché : si pointilleux comme je suis j’ai pu passer outre cet aspect du livre, c’est que vraiment les autres sont enthousiasmants.
Richard a un boulot chiant, une copine qu’il adore, une collection de trolls en plastique. Il est gentil, un peu rêveur, vaguement ado attardé sur les bords – bref un brave type tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pourtant sa vie va basculer violemment lorsqu’un soir il tombera en pleine rue sur une jeune fille maculée de sang. De nouvelles perspectives vont s’ouvrir à lui, dangereuses, forcément dangereuses, mais terriblement excitantes pour le lecteur qui lui sait très bien que quand on est un personnage de roman, c’est toujours un très mauvais plan de vouloir aider les jeunes filles en détresse…
Les effets d’annonce ont ceci de merveilleux qu’ils finissent souvent par s’annuler les uns les autres. Dans un premier temps, tout le monde m’a vendu Neverwhere comme un chef-d’œuvre. La vie nous jouant parfois des tours, une fois le livre acheté je ne suis plus tombé que sur des gens trouvant que Neil Gaiman était un auteur très surestimé, nouvelliste brillant mais romancier maladroit. Du coup je me suis retrouvé à ne plus rien attendre de Neverwhere, surpris à me dire que ce n’était franchement pas si mal écrit qu’on me l’avait dit… et bien entendu enchanté par l’univers fantastique le plus original qu’il m’ait été donné de voir depuis très longtemps.
Figurez-vous qu’en dessous de notre monde, il y a un autre monde. Et en dessous de Londres, un autre Londres, beaucoup moins attirant mais beaucoup plus délirant que l’original (ce qui n’est pas peu dire). Rien que l’idée et le renversement des valeurs qu’elle implique mériteraient un prix, d’autant que Gaiman fait preuve d’une inventivité bien trop rare dans le domaine du… euh… d’ailleurs de quel genre littéraire s’agit-il ? Excellente question : patchwork de fantastique traditionnel, de SF et de fantasy, Neverwhere a des airs de tambouille d’autant plus jubilatoires que l’auteur a l’intelligence de ne jamais trop se prendre au sérieux. Burlesque, ludique, voici un petit roman qui s’avale sans respirer pendant les dimanches grisonnants d’un novembre normand.
Petit bémol néanmoins : si l’univers est d’une richesse impressionnante et les personnages parfaitement campés, l’intrigue en elle-même est hélas des plus convenues. Les rebondissements sont tout de même franchement téléphonés, les ficelles épaisses comme des lignes à haute tension... ce qui d'ailleurs m’avait déjà un peu embarrassé avec Stardust, du même auteur. Embarrassé, oui, car quand un Pratchett évolue clairement dans le domaine de la parodie un Gaiman s’adonne à l’art nettement plus subtil du décalage. Ici il joue si bien de l’alternance premier/second degré que je n’arrive pas à déterminer si ces facilités narratives sont volontaires ou non. Qu’importe, du reste, puisque mon bémol recèle un compliment caché : si pointilleux comme je suis j’ai pu passer outre cet aspect du livre, c’est que vraiment les autres sont enthousiasmants.
👍👍 Neverwhere
Neil Gaiman | BBC Books, 1996