jeudi 23 novembre 2006

Nuala O'Faolain - Tragicomédie socionirique

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A l’approche de la cinquantaine, Kathleen Burke, journaliste à TravelWrite, décide de raccrocher et de se lancer dans l’écriture d’un livre sur le « scandale Talbot » : une relation sulfureuse entre une aristocrate anglaise et un Irlandais subalterne qui secoua l’Irlande au milieu du XIXème – peu après la fameuse Great Potato Famine… et puis…

…et puis je ne dis plus rien ! car juste après, Nuala O’Faolain s’embarque dans quelque chose de totalement différent dont je vous laisse la surprise. Heureusement, ai-je envie d’ajouter, car durant les cinquante premières pages le livre a failli me tomber des mains. Au point que j’en aurais presque donné raison à l’ami de Kathleen, Alex, lorsque celui-ci émit des réserves sur cette idée d’écrire un livre supplémentaire sur « des Irlandais ressassant leurs malheurs » - ce qui selon lui n’aurait intéressé personne. Personne je ne sais pas. Moi, probablement pas en effet.

C’est là toute la finesse de l’auteure : comme si elle avait conscience des limites-mêmes de son roman. Car plus Kathleen se rapproche de l’affaire Talbot, plus cette histoire lui semble indissociable de celle de l’Irlande – et plus elle est inquiète.

L’idée géniale de Nuala O’Faolain tient dans le personnage même de Kathleen Burke : une Irlandaise, certes, mais une Irlandaise bourrée de préjugés, qui ne connaît finalement pas grand chose à son pays et va le découvrir au cours de son enquête. Ça, c’était vraiment bien vu. Et alors que tout ce qu’elle connaît vraiment de l’Irlande (ou quasiment) provient des livres d’histoire, Kathleen va progressivement explorer son pays et ses souvenirs par le petit bout de la lorgnette… ainsi son livre (au même titre que celui dont elle est l’attachante héroïne) deviendra non pas une œuvre traitant de l’Irlande mais une œuvre parlant des Irlandais en tant que peuple, et même en tant qu'individus.

Ce serait mentir que de dire que l'on ne ressent une petite déception à cette lecture. J’en avais entendu et lu tellement de bien (sur dix-mille blogs) que je m’attendais à tomber amoureux d’un chef-d’œuvre absolu. Il faudra repasser. Un livre contenant autant de longueurs (on pourrait facilement couper 150 pages sur les 530 écrites en tout petit de mon édition) ne peut décemment pas prétendre au titre de chef-d’œuvre. Le style est sublime, très beau, très… dix-neuvième, en fait, mais la structure n’est pas assez maîtrisée pour faire de My Dream of You une œuvre incontournable. Cela dit je ne serais pas surpris que Nuala O’Faolain nous ponde un de ces quatre un roman absolument parfait et indispensable… le prochain ?

En attendant je n’en recommande pas moins la lecture de ce roman qui reste tout de même très, très au-dessus de la moyenne de ce qui se publie de nos jours…


👍👍 My Dream of You 
Nuala O'Faolain | Penguin, 2001