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Deux gosses vivant seuls avec leur veuvo-dépressif de père s’adonnent à tous les plaisirs interdits, histoire de passer le temps. Binouzes ou anxiolytiques, tout est bon quand on s’emmerde quelque part au fin fond de la France profonde. Sans cellule familiale et sans le moindre repère… mazette : on a fondé des groupes punk pour moins que ça ! Et il ne faut pas plus de quelques lignes à Serge Joncour pour capter toute la désespérance de deux gamins ordinaires paumés dans un monde froid, moche, sale et dépourvu du moindre intérêt la télé mise à part :
« Pour le reste, pas la peine de viser une représentation parfaite, pas la peine d’essayer de ressembler à nos idoles. D’ailleurs des idoles on en a pas. Un ou deux sportifs à la rigueur. Mais du sport on en fait pas. »
De fait leur seul véritable modèle social c’est en gros les pubs fantasmagoriques pour l’Ami Ricoré. On les comprendra sans peine vu que la vie ressemble rarement à la pub et que même la pub, elle ressemble rarement aux spots Ricoré.
Le livre aurait presque pu s’arrêter-là. Cette radiographie drolatique et cruelle de la misère sociale et affective ordinaire constituait en elle-seule un roman tout à fait réussi. Mais non. Joncour enfonce le clou dans une seconde partie aussi inattendue que brillante, où nos deux héros dont on se doutait bien qu’ils risquaient de découvrir la responsabilité le font d’une bien drôle de manière : ils auraient tout aussi bien pu adopter un bébé trouvé dans une poubelle, mais avouez que c’eût été moins rigolo que de les retrouver à jouer les adultes au côté d’un couple complètement largué rencontré au détour d’une fugue. Car les grands ne sont ni plus moins déphasés que les petits, et ça c’est un argument de poids dans une société où le gamin un peu paumé est au mieux une pâte à psys – au pire un vulgaire délinquant qu’il faut mettre or d’état de nuire.
Joncour appuie donc là où ça fait mal dans un déluge de micro-séquences plus burlesques les unes que les autres. Pas un mot de trop, pas un mot de plus : In Vivo est un sacré bon livre.
Deux gosses vivant seuls avec leur veuvo-dépressif de père s’adonnent à tous les plaisirs interdits, histoire de passer le temps. Binouzes ou anxiolytiques, tout est bon quand on s’emmerde quelque part au fin fond de la France profonde. Sans cellule familiale et sans le moindre repère… mazette : on a fondé des groupes punk pour moins que ça ! Et il ne faut pas plus de quelques lignes à Serge Joncour pour capter toute la désespérance de deux gamins ordinaires paumés dans un monde froid, moche, sale et dépourvu du moindre intérêt la télé mise à part :
« Pour le reste, pas la peine de viser une représentation parfaite, pas la peine d’essayer de ressembler à nos idoles. D’ailleurs des idoles on en a pas. Un ou deux sportifs à la rigueur. Mais du sport on en fait pas. »
De fait leur seul véritable modèle social c’est en gros les pubs fantasmagoriques pour l’Ami Ricoré. On les comprendra sans peine vu que la vie ressemble rarement à la pub et que même la pub, elle ressemble rarement aux spots Ricoré.
Le livre aurait presque pu s’arrêter-là. Cette radiographie drolatique et cruelle de la misère sociale et affective ordinaire constituait en elle-seule un roman tout à fait réussi. Mais non. Joncour enfonce le clou dans une seconde partie aussi inattendue que brillante, où nos deux héros dont on se doutait bien qu’ils risquaient de découvrir la responsabilité le font d’une bien drôle de manière : ils auraient tout aussi bien pu adopter un bébé trouvé dans une poubelle, mais avouez que c’eût été moins rigolo que de les retrouver à jouer les adultes au côté d’un couple complètement largué rencontré au détour d’une fugue. Car les grands ne sont ni plus moins déphasés que les petits, et ça c’est un argument de poids dans une société où le gamin un peu paumé est au mieux une pâte à psys – au pire un vulgaire délinquant qu’il faut mettre or d’état de nuire.
Joncour appuie donc là où ça fait mal dans un déluge de micro-séquences plus burlesques les unes que les autres. Pas un mot de trop, pas un mot de plus : In Vivo est un sacré bon livre.
👍👍 In Vivo
Serge Joncour | Flammarion, 2002