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Si son œuvre cinématographique a pris un tour étonnamment sombre et radicalement différent depuis le grandiose Match Point, force est de constater que l’œuvre littéraire de Woody Allen, pour sa part, n’a pas bougé d’un iota. Toujours aussi légère, décalée, spirituelle et, il faut bien le reconnaître : complètement cheap. Autant on peut s’amuser (ou s’agacer) d’entendre depuis quarante ans l’auteur de Manhattan ou Bullets over Broadway clamer qu’il n’est pas un grand cinéaste, autant il n’a jamais eu besoin de préciser qu’il n’était pas un grand écrivain : sa bibliographie ne laisse pas de place au doute.
Mere Anarchy s’inscrit donc dans la lignée des grands succès (à défaut de grands classiques) de ce cher vieux Woody, les Without Feathers et autres Side Effects. Soit donc une collection d’aphorismes ironico-fatalistes (mal) planqués dans des nouvelles dont certaines sont très drôles et d’autres franchement poussives. Certes tout ceci est sans prétention. Mais n’avoir aucune grande ambition littéraire n’interdit pas de faire preuve d’un chouia de rigueur, et c’est là que le bât blesse : autant on ne peut qu’être d’accord avec Allen lorsqu’il assène à longueur d’interviews que les gens sérieux l’ennuient, autant il est indéniable que même les œuvres les plus drôles sont écrites sérieusement – parce que l’humour est un travail sérieux (c’est bien connu). Woody ne peut l’ignorer, lui qui a très sérieusement écrit et réalisé certaines des comédies les plus hilarantes de tous les temps (Bananas, Everything You Always Wanted to Ask About Sex…). Or là, on a surtout l’impression d’un recueil rédigé à la va-vite sur un coin de table et compilé par-dessus la jambe, sans même faire le tri entre les textes. C’était déjà le cas dans ses autres livres ; ici c’est d’autant plus flagrant (et déplorable) que Mere Anarchy ne bénéficie pas du même effet de surprise ni de la même originalité.
Ici réside l’autre défaut majeur de ce bouquin : nombreux seront ceux qui auront l’impression de l’avoir déjà lu. S’il est indéniable que le monde est tout aussi absurde aujourd’hui qu'il l'était en 1975, retrouver les mêmes personnages, les mêmes situations (voire les mêmes sentences !) avec trente ans de décalage… c’est assez peu réjouissant. Aussi sympathiques que soient les meilleurs textes de Mere Anarchy, on préfèrera toujours l’original à la copie carbone.
Bref : on reprocha longtemps à Woody Allen de toujours faire le même film, et assurément cela était faux. Un mensonge honteux, une calomnie colportée par ses innombrables détracteurs : il n’a pas fallu attendre 2005 pour que sa filmographie soit joyeusement éclectique et délicieusement barrée. En revanche, difficile de nier que Woody Allen écrit toujours le même livre. Et même pas un très bon.
Si son œuvre cinématographique a pris un tour étonnamment sombre et radicalement différent depuis le grandiose Match Point, force est de constater que l’œuvre littéraire de Woody Allen, pour sa part, n’a pas bougé d’un iota. Toujours aussi légère, décalée, spirituelle et, il faut bien le reconnaître : complètement cheap. Autant on peut s’amuser (ou s’agacer) d’entendre depuis quarante ans l’auteur de Manhattan ou Bullets over Broadway clamer qu’il n’est pas un grand cinéaste, autant il n’a jamais eu besoin de préciser qu’il n’était pas un grand écrivain : sa bibliographie ne laisse pas de place au doute.
Mere Anarchy s’inscrit donc dans la lignée des grands succès (à défaut de grands classiques) de ce cher vieux Woody, les Without Feathers et autres Side Effects. Soit donc une collection d’aphorismes ironico-fatalistes (mal) planqués dans des nouvelles dont certaines sont très drôles et d’autres franchement poussives. Certes tout ceci est sans prétention. Mais n’avoir aucune grande ambition littéraire n’interdit pas de faire preuve d’un chouia de rigueur, et c’est là que le bât blesse : autant on ne peut qu’être d’accord avec Allen lorsqu’il assène à longueur d’interviews que les gens sérieux l’ennuient, autant il est indéniable que même les œuvres les plus drôles sont écrites sérieusement – parce que l’humour est un travail sérieux (c’est bien connu). Woody ne peut l’ignorer, lui qui a très sérieusement écrit et réalisé certaines des comédies les plus hilarantes de tous les temps (Bananas, Everything You Always Wanted to Ask About Sex…). Or là, on a surtout l’impression d’un recueil rédigé à la va-vite sur un coin de table et compilé par-dessus la jambe, sans même faire le tri entre les textes. C’était déjà le cas dans ses autres livres ; ici c’est d’autant plus flagrant (et déplorable) que Mere Anarchy ne bénéficie pas du même effet de surprise ni de la même originalité.
Ici réside l’autre défaut majeur de ce bouquin : nombreux seront ceux qui auront l’impression de l’avoir déjà lu. S’il est indéniable que le monde est tout aussi absurde aujourd’hui qu'il l'était en 1975, retrouver les mêmes personnages, les mêmes situations (voire les mêmes sentences !) avec trente ans de décalage… c’est assez peu réjouissant. Aussi sympathiques que soient les meilleurs textes de Mere Anarchy, on préfèrera toujours l’original à la copie carbone.
Bref : on reprocha longtemps à Woody Allen de toujours faire le même film, et assurément cela était faux. Un mensonge honteux, une calomnie colportée par ses innombrables détracteurs : il n’a pas fallu attendre 2005 pour que sa filmographie soit joyeusement éclectique et délicieusement barrée. En revanche, difficile de nier que Woody Allen écrit toujours le même livre. Et même pas un très bon.
👎 Mere Anarchy [L'Erreur est humaine]
Woody Allen | Random House, 2007