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On ne dira jamais assez à quel point L’Adversaire, le précédent roman d’Emmanuel Carrère, est un des livres exceptionnels et incontournables de ces dernières années. Nous en reparlerons dans quelques temps, mais rappelons d’abord de quoi il s’agissait : un roman documenté (et non, comme l’écrivent les illettrés, un roman documentaire) consacré au mythomane meurtrier (et foutrement bien nommé) Jean-Claude Romand, sur lequel Carrère enquête nombre d’années afin de livrer une fiction d’autant plus vraie que nature que cette nature justement ne l’était pas, vraie.
Il est important de se souvenir de ce livre au moment d’entamer la lecture d’Un roman russe car c’est tout simplement le même. Pas sur le fond, évidemment, mais en pratique Emmanuel Carrère applique tout bêtement à lui-même le même travail de recherche documentaire qu’il appliqua autrefois à Romand – ce qui ne manquera pas de déstabiliser le lecteur non averti. Voilà que notre auteur se lance dans une bien sinueuse quête identitaire, au gré d’un voyage « retour aux sources » en Russie qui le verra affronter un de ces secrets dont seules les grandes familles aristocratiques ont le… secret, c’est le cas de le dire.
Déroutant, donc, puis rapidement fascinant au fur et à mesure qu’au simple texte autobiographique s’ajoutent des éléments de roman d’amour, d’essai sur la Russie contemporaine… pour aboutir au final à trois cents pages allergiques à toute tentative de définition – mais non dénuées de charme. Car l’écriture est là, aussi sèche que belle, qui cimente le tout pour lui conférer la cohésion qui semble parfois à deux doigts de lui échapper.
Osons le dire : écrit par un autre, on aurait sans doute trouvé Un roman russe nombriliste et un brin chiant. Ecrit par Emmanuel Carrère, c’est con à dire, mais c’est forcément bien (même si ça ne méritait sans doute pas un tel battage). Très au-dessus, en tout cas, de la mêlasse autofictionnelle à laquelle certains critiques mal embouchés ont cru bon de comparer ce curieux petit livre…
On ne dira jamais assez à quel point L’Adversaire, le précédent roman d’Emmanuel Carrère, est un des livres exceptionnels et incontournables de ces dernières années. Nous en reparlerons dans quelques temps, mais rappelons d’abord de quoi il s’agissait : un roman documenté (et non, comme l’écrivent les illettrés, un roman documentaire) consacré au mythomane meurtrier (et foutrement bien nommé) Jean-Claude Romand, sur lequel Carrère enquête nombre d’années afin de livrer une fiction d’autant plus vraie que nature que cette nature justement ne l’était pas, vraie.
Il est important de se souvenir de ce livre au moment d’entamer la lecture d’Un roman russe car c’est tout simplement le même. Pas sur le fond, évidemment, mais en pratique Emmanuel Carrère applique tout bêtement à lui-même le même travail de recherche documentaire qu’il appliqua autrefois à Romand – ce qui ne manquera pas de déstabiliser le lecteur non averti. Voilà que notre auteur se lance dans une bien sinueuse quête identitaire, au gré d’un voyage « retour aux sources » en Russie qui le verra affronter un de ces secrets dont seules les grandes familles aristocratiques ont le… secret, c’est le cas de le dire.
Déroutant, donc, puis rapidement fascinant au fur et à mesure qu’au simple texte autobiographique s’ajoutent des éléments de roman d’amour, d’essai sur la Russie contemporaine… pour aboutir au final à trois cents pages allergiques à toute tentative de définition – mais non dénuées de charme. Car l’écriture est là, aussi sèche que belle, qui cimente le tout pour lui conférer la cohésion qui semble parfois à deux doigts de lui échapper.
Osons le dire : écrit par un autre, on aurait sans doute trouvé Un roman russe nombriliste et un brin chiant. Ecrit par Emmanuel Carrère, c’est con à dire, mais c’est forcément bien (même si ça ne méritait sans doute pas un tel battage). Très au-dessus, en tout cas, de la mêlasse autofictionnelle à laquelle certains critiques mal embouchés ont cru bon de comparer ce curieux petit livre…
👍 Un roman russe
Emmanuel Carrère | P.O.L., 2007