mardi 18 décembre 2007

Serge Moati - Oui-Oui contre les méchants fachos

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Au risque de paraître un brin condescendant je dois bien avouer que je n’attendais pas grand chose d’un roman de Serge Moati. Je ne sais même pas trop pourquoi je l’ai lu ?... Afin de me prouver que personne ne pouvait être bon dans tous les domaines ?

C’est que le C.V. du monsieur force le respect, lui qui a su révolutionner l’interview politique à la télévision, amener un très large public aux plus grands auteurs en les adaptant avec talent, proposer des travaux documentaires chaque fois plus riches et plus originaux. Monsieur Moati, qui pour quelqu’un de ma génération fait un peu partie des meubles, on a du respect pour lui par ici.

De là à tout lui passer il y a quand même une marge : qui aime bien chatie, et pour avoir osé écrire aussi mal un livre aussi niais, Serge mériterait à coup sûr d’être privé de dessert au prochain repas de famille. L’histoire est bien sûr mignonne tout plein, dans laquelle un narrateur raconte ses souvenirs d’enfance, les nobles luttes de son père contre le fascisme et le colonialisme, la Tunisie des années 40/50… mignonne, oh oui. Mais surtout affligeante de sentimentalisme niaiseux, d’utopisme rose bonbon et de pseudo héroïsme bas de plafond. Le résultat est épique – dans tous les sens du terme : quand Serge Moati se tâte de faire du style, mes enfants, ça ne rigole pas. De la belle phrase complexe pourrie de virgules un peu partout, de la métaphore filée sur trois pages, attention danger : poésie en prose... Mouais. Sans vouloir se montrer mesquin on se contentera de noter qu’un romancier débutant et totalement inconnu mettrait sans doute dix ans avant de trouver un éditeur pour un livre à l’écriture aussi franchement balourde, pompière, parfois absolument grotesque. Quand on n’est pas un véritable écrivain et qu’on est dépourvu de style, la moindre des politesses c’est tout de même d’éviter de faire des moulinets avec les bras. Et de traiter son sujet avec la pudeur qui s’impose, plutôt que de tenter un hold-up sensationnaliste sur la Résistance et les belles idées.

Car évidemment, Moati mène sa fresque avec une lourdeur équivalente à sa poésie. De grands idéaux, des gens beaux et courageux, des larmes et du pathos à en pleurer noyés dans des violons piqués chez Clayderman… emballé c’est pesé, ça fera un beau téléfilm du samedi soir sur France 3. Le troisième âge sera enchanté, quant aux fascites... ils pourront dormir tranquille. Non mais vraiment, Serge… vous qui étiez si fin dans vos analyses politiques, si subtil dans vos documentaires… comment avez-vous pu vous métamorphoser à ce point en éléphant dans le magasin de porcelaines de l’histoire ?

Alors non : je n’en attendais pas grand chose, de cette Villa Jasmin - j’en ai eu encore moins. A l’heure où l’on nous explique à tout va qu’il faut en finir avec la repentance, j’aurais aimé pouvoir m’emballer pour un livre exaltant le Devoir de Mémoire. Las : quand je vois ce que certains en font, je me dis qu’ils devraient de temps en temps lui associer son corollaire – le Devoir de Réserve.


👎👎 Villa Jasmin 
Serge Moati | Fayard, 2003

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