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Un famille d’américains à baffer emménage au milieu de la nuit dans le charmant petit village de Cholong-sur-Avre. Eh oui : un vrai petit village, et en plus en Normandie. Un programme prometteur, en somme… d’autant que pour une fois, la bizarrerie ne vient pas tant de l’intolérance des riverains que de la famille Blake elle-même, qui semble cacher un lourd secret. Trop lourd sans doute pour les blogueurs et autres critiques du Net, qui l’ont presque tous révélé – à l’instar de Cuné nous ne tomberons pas dans ce piège. Un rebondissement, foireux ou pas, qui survient au-delà de la page quarante, ça ne doit pas être dévoilé.
Le cas échéant le rebondissement de Benacquista est éventé par le titre du roman (heureusement rares sont les gens à savoir ce qu’il désigne – outre le chien des Blake) et un peu déroutant parce que… contrairement à ce qu’on pourra lire ici ou là sur le mode « Une famille en apparence ordinaire… »… Fred, Maggie et les enfants ne semblent pas ordinaires une seule seconde – ce qui au lieu de créer un décalage donne une étonnante sensation de vitesse. Sensation qui persiste au fil des pages et devient rapidement l’atout majeur du roman : loin de constituer le ressort du livre, le suspens entourant la véritable identité de nos héros sert de nouveau départ, de détonateur libérant la verve de Benacquista. Particulièrement en forme l’auteur des Morsures de l’Aube déroule, enchaîne les scénettes plus dingos les unes que les autres, accélère dans les montées… et le lecteur éberlué de se dire : Non attends… il va pas oser quand même ?… OH LA VACHE…!!!
Un effet puissant dont le résultat immédiat est de permettre à un auteur (qu’on imagine s’éclatant comme un gosse) une surenchère dans la loufoquerie qui jamais ne nuit à son livre. Parce que précisément il avance tambour battant, chaque « épisode » chassant le précédent et s’annonçant à coup sûr comme encore plus barré et encore plus fort. A tel point qu’en toute logique après le passage de la projection, situé au centre du bouquin, on se dit que le climax est atteint et que la tension va un peu retomber… et non ! Ca repart pour un tour. Nouvel épisode, nouveau trip, le livre monte en puissance à chaque chapitre (et échappe en cela au syndrome soufflet qui retombe frappant de plein fouet la seconde moitié de Saga). De ce point de vue l’influence de l’écriture télé n’a sans doute jamais été aussi forte chez l’auteur (j’entends évidemment par-là dans la construction – pas le style).
Est-ce de cette même écriture télé qu’émane le seul bémol du livre ? Difficile à dire, difficile même de dire précisément pourquoi… mais il se dégage de l’ensemble une impression de facilité qui en atténue un peu la portée. La trame de départ tient au final sur un confetti plié en quatre, l’auteur se contentant derrière de décliner toutes les possibilités qu’elle lui offre – oubliant au passage qu’écrire un livre drôle n’interdit pas de proposer des personnages crédibles. Ceux de Malavita sont surtout des archétypes malmenés par une plume de talent, involontairement drôles mais tout de même un peu creux. On est plus dans la parodie (très) légère et bon-enfant (voire consensuelle) que dans la satire vitriolée façon Saga . En somme il manque au livre le petit plus qu’on trouve chez un Brautigan – auteur dont on devine ici l’influence mais dont le n’importe quoi a un sens. Le n’importe quoi de Tonino Benacquista c’est plutôt du n’importe quoi gratuit, si j’ose dire. Du n’importe quoi hilarant mais qui ne raconte pas grand chose. Mais bon : hilarant quand même. On referme donc le livre en se disant qu’il aurait pu être meilleur, on devine qu’on l’oubliera rapidement… mais sur le coup on aura bien ri. C’est de loin l’essentiel.
Un famille d’américains à baffer emménage au milieu de la nuit dans le charmant petit village de Cholong-sur-Avre. Eh oui : un vrai petit village, et en plus en Normandie. Un programme prometteur, en somme… d’autant que pour une fois, la bizarrerie ne vient pas tant de l’intolérance des riverains que de la famille Blake elle-même, qui semble cacher un lourd secret. Trop lourd sans doute pour les blogueurs et autres critiques du Net, qui l’ont presque tous révélé – à l’instar de Cuné nous ne tomberons pas dans ce piège. Un rebondissement, foireux ou pas, qui survient au-delà de la page quarante, ça ne doit pas être dévoilé.
Le cas échéant le rebondissement de Benacquista est éventé par le titre du roman (heureusement rares sont les gens à savoir ce qu’il désigne – outre le chien des Blake) et un peu déroutant parce que… contrairement à ce qu’on pourra lire ici ou là sur le mode « Une famille en apparence ordinaire… »… Fred, Maggie et les enfants ne semblent pas ordinaires une seule seconde – ce qui au lieu de créer un décalage donne une étonnante sensation de vitesse. Sensation qui persiste au fil des pages et devient rapidement l’atout majeur du roman : loin de constituer le ressort du livre, le suspens entourant la véritable identité de nos héros sert de nouveau départ, de détonateur libérant la verve de Benacquista. Particulièrement en forme l’auteur des Morsures de l’Aube déroule, enchaîne les scénettes plus dingos les unes que les autres, accélère dans les montées… et le lecteur éberlué de se dire : Non attends… il va pas oser quand même ?… OH LA VACHE…!!!
Un effet puissant dont le résultat immédiat est de permettre à un auteur (qu’on imagine s’éclatant comme un gosse) une surenchère dans la loufoquerie qui jamais ne nuit à son livre. Parce que précisément il avance tambour battant, chaque « épisode » chassant le précédent et s’annonçant à coup sûr comme encore plus barré et encore plus fort. A tel point qu’en toute logique après le passage de la projection, situé au centre du bouquin, on se dit que le climax est atteint et que la tension va un peu retomber… et non ! Ca repart pour un tour. Nouvel épisode, nouveau trip, le livre monte en puissance à chaque chapitre (et échappe en cela au syndrome soufflet qui retombe frappant de plein fouet la seconde moitié de Saga). De ce point de vue l’influence de l’écriture télé n’a sans doute jamais été aussi forte chez l’auteur (j’entends évidemment par-là dans la construction – pas le style).
Est-ce de cette même écriture télé qu’émane le seul bémol du livre ? Difficile à dire, difficile même de dire précisément pourquoi… mais il se dégage de l’ensemble une impression de facilité qui en atténue un peu la portée. La trame de départ tient au final sur un confetti plié en quatre, l’auteur se contentant derrière de décliner toutes les possibilités qu’elle lui offre – oubliant au passage qu’écrire un livre drôle n’interdit pas de proposer des personnages crédibles. Ceux de Malavita sont surtout des archétypes malmenés par une plume de talent, involontairement drôles mais tout de même un peu creux. On est plus dans la parodie (très) légère et bon-enfant (voire consensuelle) que dans la satire vitriolée façon Saga . En somme il manque au livre le petit plus qu’on trouve chez un Brautigan – auteur dont on devine ici l’influence mais dont le n’importe quoi a un sens. Le n’importe quoi de Tonino Benacquista c’est plutôt du n’importe quoi gratuit, si j’ose dire. Du n’importe quoi hilarant mais qui ne raconte pas grand chose. Mais bon : hilarant quand même. On referme donc le livre en se disant qu’il aurait pu être meilleur, on devine qu’on l’oubliera rapidement… mais sur le coup on aura bien ri. C’est de loin l’essentiel.
👍 Malavita
Tonino Benacquista | Folio, 2004