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Il arrive tout de même, parfois, que l'unanimité ait un sens. Tout le monde vous dira que Time out of Mind est fabuleux, fantastique, incontournable. L’un des tous meilleurs albums de Dylan – toutes époques confondues. Et il l'est. Et ce qui le rend si incontournable c’est justement qu’il ne sonne pas du tout comme les autres, qu’il s’impose rapidement comme une œuvre à part entière, lugubre médiation sur un amour forcément désolé et une mort qui rôde, qui donne une petite tape sur l’épaule, qui s’éloigne ou qui se rapproche – mais qui de toute façon reste toujours dans le secteur.
« Love Sick » ouvre les hostilités en annonçant bien la couleur : le Dylan cru 1997 sera sépulcral, hanté et résolument grave. Peu de respirations sur un album dont les titres s’étirent volontiers au-delà des cinq minutes, lents et longs, presque heavy dans la sensation d’inéluctabilité que provoque chez l’auditeur leur implacable déroulement. Si « Cold Irons Bound » rappelle par sa fulgurance le protest-singer d’antan, prière de ne pas s’y tromper : c’est de l’inédit que propose ici Dylan – dans tous les sens du terme. Se mettant à nu comme jamais depuis le (très) mal aimé Self-portrait, voici que le Zim se métamorphose en crooner blues habité au moins autant par le désir que par la peur d’y passer : I’m trying to get to Heaven before they close the door / Gonna sleep down in the parlor / And relive my dreams… murmure t’il sur « Tryin’ to Get to Heaven ». Ajoutant sur « Not Dark Yet » : Don't even hear a murmur of a prayer / It's not dark yet, but it's getting there.
La production de Daniel Lanois est (en effet) exceptionnelle, sa densité rendant chaleureux le son d’un disque à dominante sombre, ceci dit à relire la manière dont les critiques de l’époque insistèrent sur ce point on frôle le contresens : si Time out of Mind est un chef d’œuvre ce n’est pas parce que le producteur a fait un travail remarquable (sinon rappelez-moi de suite comment s’appelait le producteur de Desire !). C’est parce qu’il contient de grandes, de très grandes chansons, qui toutes s’inscrivent sans problème parmi le meilleur du meilleur de Dylan, entre éclats country majestueux (« Highlands ») et scies blues rugueuses (« ‘Til I Fell in Love with You », « Million Miles »…) … c’en est presque drôle, avec le recul : en un seul album de 1997 Dylan a publié plus de chefs-d’œuvre que durant les quinze années précédentes ! A tel point qu’on hésite : où est la triche ? QUI a enregistré Empire Burlesque ? Qu’il se dénonce !
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(allez c’est bon Tom Petty, ramène-toi – on t’as reconnnu)
Est-il nécessaire d’en rajouter pour vous convaincre ? Time out of Mind, comme tous les disques frappés par cette étrange grâce du désespoir, est un disque absolument essentiel. Parce que c’est peut-être le plus personnel de son génial auteur. Mais aussi tout simplement parce qu’il est fantastique. Y compris pour un gosse de dix-sept ans ne connaissant que quelques fragments du Maître.
Il arrive tout de même, parfois, que l'unanimité ait un sens. Tout le monde vous dira que Time out of Mind est fabuleux, fantastique, incontournable. L’un des tous meilleurs albums de Dylan – toutes époques confondues. Et il l'est. Et ce qui le rend si incontournable c’est justement qu’il ne sonne pas du tout comme les autres, qu’il s’impose rapidement comme une œuvre à part entière, lugubre médiation sur un amour forcément désolé et une mort qui rôde, qui donne une petite tape sur l’épaule, qui s’éloigne ou qui se rapproche – mais qui de toute façon reste toujours dans le secteur.
« Love Sick » ouvre les hostilités en annonçant bien la couleur : le Dylan cru 1997 sera sépulcral, hanté et résolument grave. Peu de respirations sur un album dont les titres s’étirent volontiers au-delà des cinq minutes, lents et longs, presque heavy dans la sensation d’inéluctabilité que provoque chez l’auditeur leur implacable déroulement. Si « Cold Irons Bound » rappelle par sa fulgurance le protest-singer d’antan, prière de ne pas s’y tromper : c’est de l’inédit que propose ici Dylan – dans tous les sens du terme. Se mettant à nu comme jamais depuis le (très) mal aimé Self-portrait, voici que le Zim se métamorphose en crooner blues habité au moins autant par le désir que par la peur d’y passer : I’m trying to get to Heaven before they close the door / Gonna sleep down in the parlor / And relive my dreams… murmure t’il sur « Tryin’ to Get to Heaven ». Ajoutant sur « Not Dark Yet » : Don't even hear a murmur of a prayer / It's not dark yet, but it's getting there.
La production de Daniel Lanois est (en effet) exceptionnelle, sa densité rendant chaleureux le son d’un disque à dominante sombre, ceci dit à relire la manière dont les critiques de l’époque insistèrent sur ce point on frôle le contresens : si Time out of Mind est un chef d’œuvre ce n’est pas parce que le producteur a fait un travail remarquable (sinon rappelez-moi de suite comment s’appelait le producteur de Desire !). C’est parce qu’il contient de grandes, de très grandes chansons, qui toutes s’inscrivent sans problème parmi le meilleur du meilleur de Dylan, entre éclats country majestueux (« Highlands ») et scies blues rugueuses (« ‘Til I Fell in Love with You », « Million Miles »…) … c’en est presque drôle, avec le recul : en un seul album de 1997 Dylan a publié plus de chefs-d’œuvre que durant les quinze années précédentes ! A tel point qu’on hésite : où est la triche ? QUI a enregistré Empire Burlesque ? Qu’il se dénonce !
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(allez c’est bon Tom Petty, ramène-toi – on t’as reconnnu)
Est-il nécessaire d’en rajouter pour vous convaincre ? Time out of Mind, comme tous les disques frappés par cette étrange grâce du désespoir, est un disque absolument essentiel. Parce que c’est peut-être le plus personnel de son génial auteur. Mais aussi tout simplement parce qu’il est fantastique. Y compris pour un gosse de dix-sept ans ne connaissant que quelques fragments du Maître.
👑 Time out of Mind
Bob Dylan | Columbia, 1997
Bob Dylan | Columbia, 1997
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