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Souvent au moment de publier une critique je fais une recherche google pour voir si d’autres blogueurs de ma connaissance ont évoqué le même ouvrage. Ce n’est a priori pas le cas aujourd'hui (a priori car je n’ai pas dépassé la cinquième page), néanmoins j’ai trouvé plusieurs articles tout à fait intéressants sur Time’s Arrow - livre qui manifestement inspire ses commentateurs. Articles d’autant plus intéressants à vrai dire qu’ils présentent des différences pour le moins criantes : si quasiment tous ces internautes ont adoré le bouquin, en revanche… ils le résument absolument tous d’une manière complètement différente ! Un phénomène pour le moins surprenant qui dit bien la richesse de ce remarquable roman de… cent-cinquante pages !
Souvent au moment de publier une critique je fais une recherche google pour voir si d’autres blogueurs de ma connaissance ont évoqué le même ouvrage. Ce n’est a priori pas le cas aujourd'hui (a priori car je n’ai pas dépassé la cinquième page), néanmoins j’ai trouvé plusieurs articles tout à fait intéressants sur Time’s Arrow - livre qui manifestement inspire ses commentateurs. Articles d’autant plus intéressants à vrai dire qu’ils présentent des différences pour le moins criantes : si quasiment tous ces internautes ont adoré le bouquin, en revanche… ils le résument absolument tous d’une manière complètement différente ! Un phénomène pour le moins surprenant qui dit bien la richesse de ce remarquable roman de… cent-cinquante pages !
Avant d’être une histoire, Time’s Arrow est un concept. Aussi simple qu’efficace et aussi efficace qu’inédit : prendre le temps de l'intrigue à rebrousse-poil, de manière à la faire rouler plutôt que se dérouler. Raconter l’histoire à l’envers, raconter le monde à l’envers. Ce qui donne par conséquent un livre qui au lieu de s’achever sur une mort démarre sur une résurrection – à ceci près bien sûr que Todd Friendly ne revient pas d’entre les morts à proprement dire : c’est juste sa vie qui défile en sens inverse. Rien de plus logique donc que de le voir ensuite rajeunir au fur et à mesure et faire tout le parcours de son existence en commençant par la fin.
L’idée est en soi originale. Mais c’est surtout sa mise en scène qui est redoutable : l’intrigue ne connaît du coup aucun temps mort, et ce qui aurait pu n’être qu’une biographie fictive relativement banale se change en un improbable thriller à la poursuite de l’identité de Todd Friendly. Ou comment Martin Amis nous fait lentement mais sûrement remonter à son péché originel, usant d’un ange particulièrement caustique en lieu et place du chœur de la tragédie. On songera évidemment (et l’on aura raison) au film Irréversible, construit quelques années plus tard suivant le même schéma. Il y aurait sans doute là un exercice de littérature comparée des plus intéressants, ne fût-ce que parce que ces deux œuvres ont le même revers de médaille : remises dans le bon sens elles ne présenteraient qu’un intérêt relatif (affirmation peut-être discutable à propos de Time’s Arrow, soit – mais dont on n'en discutera pas afin d'éviter de révéler la fin à ceux qui ne l’ont pas lu).
Les similitudes entre les deux s’arrêteront de toute façon là où commence le principal paradoxe du roman d’Amis (voire peut-être sa morale implicite) : quoiqu’on fasse, quoiqu’on pense et quoiqu’on écrive… le temps s’écoule toujours de la même manière pour le lecteur. Très court, Time’s Arrow , c’est ce qui fait à la fois son génie formel et sa faiblesse symbolique, n’est pas construit à contrario du suspens. A l’envers de la chronologie mais à l’endroit de la narration, si vous préférez. La fin est au début mais ce début est bel et bien l’incipit – aucun doute là-dessus.
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Aurait-il fallu pousser le vice jusqu’à écrire l’histoire de manière totalement linéaire pour mieux placer ensuite la dernière page en lieu et place de la première ?... Il va sans dire que c’est une liberté plus aisée à prendre lors du montage d’un film que lors de la rédaction d’un livre. Il n’empêche : ce fut certes le parti pris de Gaspar Noë dans son film, mais aussi et surtout celui de Faulkner dans nombre de ses livres. Ici, en dépit d’un concept séduisant, Time’s Arrow s’avère au final un roman très ordinaire. Brillant, mais pas si singulier qu’on pourrait le croire de prime abord. Un bémol qui n’enlève rien au talent de l’ensemble, mais qui laisse tout de même un micro-goût d’inachevé : en prenant un risque supplémentaire Martin Amis aurait pu accoucher d’un incroyable chef-d’œuvre.
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Aurait-il fallu pousser le vice jusqu’à écrire l’histoire de manière totalement linéaire pour mieux placer ensuite la dernière page en lieu et place de la première ?... Il va sans dire que c’est une liberté plus aisée à prendre lors du montage d’un film que lors de la rédaction d’un livre. Il n’empêche : ce fut certes le parti pris de Gaspar Noë dans son film, mais aussi et surtout celui de Faulkner dans nombre de ses livres. Ici, en dépit d’un concept séduisant, Time’s Arrow s’avère au final un roman très ordinaire. Brillant, mais pas si singulier qu’on pourrait le croire de prime abord. Un bémol qui n’enlève rien au talent de l’ensemble, mais qui laisse tout de même un micro-goût d’inachevé : en prenant un risque supplémentaire Martin Amis aurait pu accoucher d’un incroyable chef-d’œuvre.
👍👍 Time's Arrow [La Flèche du temps]
Martin Amis | Jonathan Cape, 1991