Longtemps Pigalle a été l'un de mes groupes favoris en général, et mon groupe français favori en particulier.
Longtemps aussi, Pigallive fut celui de ses disques que j'aimais le moins. Ou disons plutôt que je ne l'écoutais jamais.
C'est seulement sur le tard (c'est-à-dire en fait la semaine dernière) que je me suis rendu compte que cet album-ci était essentiel. Peut-être bien le meilleur disque du meilleur groupe de François Hadji-Lazaro. Dont les pique-assiettes aimeraient sans doute bien faire le parrain de l'horrible, de l'insupportable, de l'abjecte nouvelle chanson française. Dans une certaine mesure cela répond à la logique la plus bête qui soit : sans Pigalle (et plus précisément sans son album Regards affligés...), pas de Miossec. Sans doute pas de Têtes Raides non plus (du moins pas dans leur virage néo-réaliste d'après 1995). Seulement la principale différence entre Pigalle et tous les artistes imbuvables (pas ceux que je viens d'évoquer, bien sûr, les autres, les Cali et compagnie) que d'aucuns présentent comme leurs héritiers c'est que la musique de FHL, Boubouche et consorts, est d'une incroyable richesse et exsude la gouaille populaire... quand celle des nouveaux chanteurs Rive Gauche est d'une pauvreté sans nom et sent bon la petite bourgeoisie s'encanaillant. Acoustique, électrique et même électronique sur la fin, l'œuvre de Pigalle est une ode à l'éclectisme, à la recherche mélodique, sonique, textuelle... l'inverse absolu de ces chanteurs sans voix et sans saveur - en somme : dans la même lignée sans tenir la même ligne.
Il est possible que Pigallive ait été enregistré à Pigalle, mais à vrai dire je n'en sais rien. Ce que je peux en revanche affirmer c'est que si un jour le rock et la chanson française se sont bel et bien accouplés, c'est sur ce live renversant. Énergique et poétique, nerveux et festif, l'album s'écoute d'une traite, se savoure jusqu'à plus soif. Les chansons (extraites des deux premiers opus du groupe, le méconnu Pigalle et l'incontournable Regards affligés...) sont quasiment toutes des classiques de l'ère alternative que François et ses copains délivrent dans leurs meilleures versions à ce jour. « Angèle » bien sûr, « Homosexuel » évidemment, « Franc-tireur » forcément... mais aussi l'explosive « Eternel salaud » ou le bouleversant « Chaland ». Nostalgie d'un Paris bigarré et cosmopolite dopée à la rage proto-punk, « Brève rencontre » ne manque pas de panache tandis que « Faits divers » groove comme rarement chez un groupe français et qu' « Une nuit » se métamorphose en quasi-rap.
Dans les meilleurs moments du concert (« Premières fois », « En bas, en haut ») l'osmose est tout simplement parfaite : la chanson réaliste percute le rock prolo, Tardi vient illustrer des vignettes de Tim Burton et Fréhel ne dédaigne pas de trinquer avec Violent Femmes. Fort, très fort. Tellement fort que l'écoute répétée impose un constant implacable : Pigalle est sans doute le meilleur groupe (de rock, de chanson - voir des deux) dont la France ait jamais accouché. Impression confirmée par la suite de la discographie, Rire & Pleurer (1993) et Alors... (1997), plus inventifs et passionnants l'un que l'autre.
Longtemps aussi, Pigallive fut celui de ses disques que j'aimais le moins. Ou disons plutôt que je ne l'écoutais jamais.
Il est possible que Pigallive ait été enregistré à Pigalle, mais à vrai dire je n'en sais rien. Ce que je peux en revanche affirmer c'est que si un jour le rock et la chanson française se sont bel et bien accouplés, c'est sur ce live renversant. Énergique et poétique, nerveux et festif, l'album s'écoute d'une traite, se savoure jusqu'à plus soif. Les chansons (extraites des deux premiers opus du groupe, le méconnu Pigalle et l'incontournable Regards affligés...) sont quasiment toutes des classiques de l'ère alternative que François et ses copains délivrent dans leurs meilleures versions à ce jour. « Angèle » bien sûr, « Homosexuel » évidemment, « Franc-tireur » forcément... mais aussi l'explosive « Eternel salaud » ou le bouleversant « Chaland ». Nostalgie d'un Paris bigarré et cosmopolite dopée à la rage proto-punk, « Brève rencontre » ne manque pas de panache tandis que « Faits divers » groove comme rarement chez un groupe français et qu' « Une nuit » se métamorphose en quasi-rap.
Dans les meilleurs moments du concert (« Premières fois », « En bas, en haut ») l'osmose est tout simplement parfaite : la chanson réaliste percute le rock prolo, Tardi vient illustrer des vignettes de Tim Burton et Fréhel ne dédaigne pas de trinquer avec Violent Femmes. Fort, très fort. Tellement fort que l'écoute répétée impose un constant implacable : Pigalle est sans doute le meilleur groupe (de rock, de chanson - voir des deux) dont la France ait jamais accouché. Impression confirmée par la suite de la discographie, Rire & Pleurer (1993) et Alors... (1997), plus inventifs et passionnants l'un que l'autre.
👑 Pigallive
Pigalle | Boucherie Productions, 1992