mercredi 25 juin 2008

Cyclothématique

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Where is my mind?

Mettre le point final à un texte est toujours l'occasion d'un petit coup de déprime, le fameux post-partum de l'écrivain - peut-être en avez-vous déjà entendu parler. Quand j'ai mis un terme définitif au Journal du dépressif, en février dernier, j'ai comme d'habitude ressenti cet accablement sans doute inévitable, cette impression odieuse de ne plus jamais être capable d'écrire une ligne. C'est tout naturel. J'ignore ce qu'il en est pour tous les écrivains, vous savez : les autres, là, ceux qui ont l'idée un peu saugrenue de publier leurs œuvres. En ce qui me concerne c'est toujours un peu le même processus : la semaine qui suit la fin du texte je suis dans une espèce d'excitation étrange, orgasmique ou presque, une étonnante sensation de pouvoir qui fait que systématiquement je me lance direct dans un nouveau projet qui généralement s'arrête en plein milieu pour laisser place à une micro-dépression nerveuse. C'est bien entendu ce qui m'est arrivé en février dernier : j'ai commencé un roman que je ne finirais jamais ; abandonnant au bout de cent pages, j'ai même été doublement harassé cette fois-ci : je sortais qui plus est de deux années à n'écrire que des chroniques. De là à déduire que je n'écrirais plus jamais le moindre roman... il n'y a qu'un pas que mon ego surdimensionné et mon don naturel pour l'exagération n'ont eu aucun mal à me faire franchir.

La libération est apparue un soir, par hasard, au milieu d'un coup de fil à une personne qui m'est chère : le poste à côté de moi a passé « Live Forever », d'Oasis. Version du live Familiar to Millions. J'ignore ce qui s'est passé dans mon cerveau, mais immédiatement j'ai fait le lien avec l'adolescence, le passé... un effet madeleine parmi d'autres sans doute, néanmoins étant naturellement porté sur la nostalgie on admettra que si chaque effet madeleine devait me faire écrire un livre ma vie serait difficilement supportable.
J'ai porté High Density en moi durant de très nombreuses années avant de l'écrire, du moins avant d'en écrire une version satisfaisante puisque j'avais déjà commencé un récit à peu près similaire en novembre 2001, sous le titre fort délicat de Fuck off & Die. Affublé de pareille accroche on comprendra sans peine que je n'ai alors pas dépassé la page dix. Surtout, en 2001, je n'avais sans doute pas encore assez vécu pour écrire un texte pareil ; ce n'est pas simplement une question de recul, c'est aussi une question plus prosaïque de maturité : j'ai traîné l'adolescence derrière moi comme un fardeau, longtemps, trop longtemps sans doute... fruit de déchirements personnels qui ne sont pas trop vos oignons, fruit aussi (sans doute) d'un trop-plein de rock'n'roll qui me fit des années durant m'accrocher à un mode de vie qui ne me conviendrait assurément plus aujourd'hui. La rock'n'roll attitude ne m'a pas déserté des années après... c'est juste que comme beaucoup d'adolescents (ou de jeunes gens) j'ai trop longtemps confondu rock'n'roll attitude et rock'n'roll way of life. En somme, en 2001, quoique regardant déjà vers le passé (incurable moi-même !) j'étais encore trop immergé dans la thématique pour réussir à l'évoquer de manière probante - on retrouve ici le célèbre sortir du cadre TM.
Il pourrait être amusant que je publie à l'occasion les premières pages de Fuck off & Die pour bien montrer la différence, ou comment raconter des trucs identiques de manière radicalement opposée en fonction de l'âge, du contexte, de l'expérience - humaine et littéraire (l'un va difficilement sans l'autre). Je les ai relues hier (je n'aurais même pas eu idée de le faire en écrivant HD) et je me suis aperçu avec étonnement qu'on pouvait avoir envie d'écrire exactement la même histoire avec des intentions totalement différentes. En 2001 je ne voulais pas écrire HD : je voulais écrire l'histoire d'un petit groupe de province - mention grandeur & décadence. Fort logiquement le roman commençait par le concert ; le chapitre deux enchaînait avec un portrait de Kim ; le trois avec une longue digression sur la came. On y parlait pas du tout de musique. C'est assez symptomatique, aussi bien de mon esprit au moment de l'écrire que de l'esprit du jeune héros (qui dans cette version n'était pas le narrateur). Mais plus encore : le côté chronique adolescente , nœud du texte de 2008, était totalement absent de la chose. Même Oasis n'y était pas. Je voulais alors, réellement, écrire un roman sur le rock. Et j'ai voulu le faire des années durant, et j'ai gardé cette histoire en moi, et je me suis laissé habité par elle... et le jour où j'ai commencé HD je voulais encore écrire un roman sur un groupe de rock. Ce que je n'ai assurément pas fait : High Density n'est pas le centre névralgique de High Density. Pas du tout. Tant mieux !
Et ainsi reviens-je à la « série » (je le mets entre guillemets, vous comprendrez sûrement pourquoi) dont la publication s'est achevée le week-end dernier. J'ai commencé à l'écrire, et plus j'en parlais autour de moi plus j'avais l'impression que personne - JP mis à part - ne comprenait ce que je faisais. Au point de finir par me convaincre que cela n'intéresserait personne : Pouah ! Quelle idée d'écrire ce truc avec Oasis ! Quelle idée en effet... : jusqu'au second chapitre de HD je n'avais pas réalisé à quel point Oasis avait pu compter dans ma vie. Ce n'est d'ailleurs pas mon groupe préféré - ça ne l'était même pas il y a dix ans. C'est ce qu'il représente qui m'a intéressé là-dedans, le fait que précisément ce groupe qui a marqué son époque soit complètement tombé en désuétude aujourd'hui. En 1997 j'écoutais déjà beaucoup plus Radiohead qu'Oasis, mais ça n'aurait pas du tout eu le même intérêt avec un groupe au succès et à la légitimité toute contemporaine. Il fallait que ce soit un groupe plus ou moins oublié, plus ou moins renié, dont beaucoup de gens n'assumaient plus vraiment le fait de l'avoir aimé, qui plus est charriant quelque chose se rapprochant le plus possible de la rage adolescente (ce qui n'est assurément pas le cas de Radiohead). Donc : Oasis. Familiar to Millions, pour être précis, qui n'était évidemment pas sorti à l'époque où se déroule HD mais qui a tourné des centaines, des milliers de fois durant la rédaction. L'anecdote mérite d'être racontée : à cette époque mon poste, qui n'était déjà plus tout jeune, a fini par rendre l'âme d'une curieuse manière... ; aussi dingue que cela puisse paraître, durant un mois, le seul disque qu'il lisait encore... c'était Familiar to Millions. Les autres ne passaient pas, ou sautaient. Si ça, ça ne donne pas envie de croire aux signes... tout du moins est-ce comme ça que je l'analyse - je ne me le suis pas formalisé ainsi tandis que j'écrivais. Je n'ai d'ailleurs rien formalisé du tout en écrivant. Ce n'est qu'après coup, à la relecture, que je suis tombé de ma chaise en constatant le nombre de problématiques contemporaines que j'y avais glissé. Je n'ai pas raconté un an dans la vie d'un personnage plus ou moins inspiré de ma personne : je me suis littéralement vidé de toute mon existence, au point d'en éprouver une fatigue particulièrement accablante. On dit souvent qu'un musicien met toute sa vie dans son premier disque... High Density n'était pas mon premier roman (loin de là) mais il faut croire qu'une fois encore, j'ai plus raisonné en musicien qu'en écrivain digne de ce nom. High Density, que je viens de relire en version manuscrite (car bien entendu on espère tous qu'à présent un autre destin l'attend), fait passer quasiment tout ce que j'ai écrit depuis mes onze ans pour un brouillon. J'y ai découvert des choses que j'aurais cru ne jamais être capable de faire, la suggestion de l'émotion plutôt que son surlignage, la mise en abyme, l'utilisation de l'expérience autobiographique comme une matière et non comme une fin en soi... j'ai même réussi à mettre des symboles dedans, typiquement le truc que je rêvais de faire depuis des années...
(bah quoi ? Il y a bien des musiciens qui rêvent de jouer sur telle marque de guitare ou de composer tout un album juste avec tel ou tel type d'accord... pourquoi n'aurais-je pas droit de rêver de mettre des symboles ?)

... autrefois j'utilisais à peu près un thème par roman ; dans High Density j'ai mis au moins six thèmes distincts, j'ai réussi à créer une dynamique narrative qui me satisfait... une personne qui m'est particulièrement proche m'a déclaré un jour que c'était ce que j'avais écrit de plus personnel. Difficile à dire (je trouve tout ce que j'écris personnel - le contraire serait un peu triste), ce qui est sûr c'est que c'est assurément ce que j'ai fait de mieux et qu'à défaut de marquer un quelconque lecteur ce roman m'aura au moins marqué moi.

Mais pourquoi ce long bavardage, se demandent certains (sinon tout le monde) ? Eh bien parce que depuis samedi je suis plongé dans une incommensurable tristesse, qui n'est sans doute pas que littéraire (j'ai fini d'écrire HD en mars), et que j'ai la quasi certitude que je n'écrirai plus de texte à vocation littéraire/personnel sur ce blog. Tout simplement. Et qu'il fallait bien que je le dise, puisqu'on m'inonde de mails pour m'encourager à publier autre chose. La publication de High Density dans ces pages est d'ailleurs due à un accident : je n'ai jamais voulu publier de roman en ligne, la construction du texte n'étant en fait due qu'à ma terreur d'alors à la simple idée de réécrire un roman. On pourrait évidemment avantageusement remplacer les titres de chroniques par des numéros de chapitres, ça ne poserait strictement aucun problème... simplement j'avais à ce moment-là besoin de ce rempart pour réussir à aller au bout (j'ai bien conscience que pour quelqu'un n'ayant jamais écrit cette phrase semblera complètement ahurissante). Je m'étais lancé (vous vous en rappelez) le défi d'écrire quelque chose tout exprès pour le Crossover 2008... et je me suis pris à mon propre piège. Peut-être sans cette pression n'aurais-je rien écrit du tout ; mais au moment de publier je me suis rapidement aperçu que ce système posait trop de problèmes, au lecteur autant qu'à moi : imaginerait-on lire un roman en plus de trois mois au rythme de cinq pages par semaine ? Moi, je pensais sincèrement avoir rédigé un objet bâtard - en raison du format chronique. C'est seulement en relisant après coup que je me suis aperçu que c'était un roman, tout bêtement. Ni plus, ni moins. Et que, par le fait, ça n'avait pas sa place sur un blog. C'était évidemment agréable, grisant même, de constater l'intérêt et la fidélité de beaucoup d'entre vous. Mais ça m'a mis aussi mal à l'aise plus qu'à mon tour ; certains commentaires m'ont réellement posé problème... soit parce que je n'arrivais pas à y répondre autrement qu'en en appelant à une lecture globale... soit tout simplement parce que je n'avais pas envie que ce texte soit confronté à une critique aussi directe. Je veux dire par-là que bien entendu, vous savez à quel point je place le droit à la critique plus haut que tout le reste... sauf que recevoir des critiques détaillées sur des points précis d'un extrait d'un ensemble plus vaste... cela m'a réellement été désagréable par moments (d'autant qu'il a pu arriver, toujours en raison du format, que certains oublient la délicatesse minimum dans ce genre d'exercice... gens dont on se doute bien qu'ils n'auraient pas l'impudence d'aller voir in flesh un auteur dont ils ont lu le livre sur papier pour lui dire : je n'ai pas compris la page 14, tu peux m'expliquer, mec ?). En somme j'avais bien maîtrisé l'écriture mais je crois sincèrement m'être égaré dans les paramètres de publication. Je n'ai jamais trouvé le bon rythme, jamais trouvé la bonne manière d'amener les choses (peut-être par exemple aurais-je dû fermer les commentaires ?), rien ne s'est passé comme je l'aurais imaginé et finalement je n'avais qu'une hâte depuis mars : que ça se termine !
J'ignore par conséquent s'il y aura à l'avenir d'autres « séries » sur Le Golb. Des chroniques, des « œuvres personnelles ponctuelles »... sans aucun doute (je peux déjà vous en promettre une pour la semaine prochaine). Mais des textes longue durée... j'en doute. Soit, il ne faut jamais dire jamais. En même temps vous commencez à suffisamment me connaître pour savoir que j'ai horreur de me répéter (surtout si c'est en plus pour répéter une même erreur !). La simple idée de publier un nouveau roman sur ce blog, aujourd'hui, me semble complètement absurde... mais bon, à vrai dire aujourd'hui l'idée même d'écrire autre chose me semble complètement absurde. Je n'ai plus le moindre jus, plus la moindre idée, plus la moindre envie même. Après avoir vidé vingt-sept années d'expérience dans un seul texte, je crois, tout simplement, que j'ai besoin de vivre un peu. De préférence des choses que je n'aurais pas déjà évacuées dans High Density, des choses nouvelles qui pourraient aboutir sur des idées nouvelles - ou même simplement des envies nouvelles. Ah je sais : les fins de cycles sont presque toujours déprimantes. Mais s'il vous plaît les amis... arrêtez de me demander d'écrire autre chose : ça part d'une bonne intention mais ça m'est pour l'heure totalement impossible. J'ai écrit le texte ultime (ultime venant de moi, s'entend) sur la plupart de mes « obsessions »... honnêtement après ça qu'est-ce que je pourrais encore écrire sur l'adolescence, sur le rock'n'roll... ou tout simplement sur moi-même ? Rien. Or un écrivain, même de fiction, n'écrit jamais que sur lui-même. Vous voyez bien le problème. J'entre donc officiellement aujourd'hui dans une phase de vie.
 
I've Got a Broken Face 

Et tandis que le Tagathom poursuit sa course folle, voilà que je suis à nouveau tagué, comme quoi ces trucs c'est vraiment pire que la chienlit. Je ne devrais même pas y faire attention, seulement voyez-vous si cela vient de Showshoes, dont j'aime beaucoup le blog et l'esprit, je me dois de faire une exception. Que me demande donc ma camarade ? Rien moins que mes cinq contradictions. Avouez qu'il y a de quoi rire : je suis un nœud de contradictions, comme tout être humain qui se respecte. Réduire la liste à cinq n'a pas été facile. Voici donc toute la vérité sur un homme qui, autant ne rien vous cacher puisqu'on en parle, passe l'essentiel de son existence à changer d'avis.
1. je passe mon temps à me prendre la tête, à réfléchir, à m'introspecter à tout va... et en même temps je suis d'un naturel tellement pragmatique que mes proches me reprochent bien souvent d'être terre à terre. La vérité c'est que si je me confusionne très régulièrement, je ne me confusionne jamais très longtemps et ai pour habitude de trancher assez aisément dans le vif. La dernière fois que j'ai dû prendre une décision vraiment importante dans ma vie cela m'a pris tout au plus une après-midi... mais quelle après-midi ! Quelle intensité !

2. je suis un vrai gauchiste... mais je suis également un individualiste forcené. Et le pire, c'est que ça ne me pose aucun problème.

3. je suis quelqu'un de très tactile. Nulle connotation sexuelle là-dedans : à l'image de notre Président, quand j'aime bien les gens, je les touche tout le temps. En revanche que quiconque s'avise de me toucher de la sorte... et je lui HURLE dessus tant j'ai horreur qu'on me tripote.

4. je suis complètement égocentrique mais absolument pas égoïste (je vous assure, ça n'a rien à voir).

5. (extension logique de la 4.) je suis un maniaque du contrôle affublé d'un vrai beau caractère de cochon, je veux toujours tout décider, sur tous les sujets me touchant de près ou de loin... mais je ne décide finalement jamais de rien, car je suis doté d'une étonnante propension à faire preuve du charisme d'une moule dès que je dois dire « Non » à quelqu'un que j'apprécie. En somme on peut donc me demander de faire un truc que je n'ai absolument pas envie de faire, je vais râler, gueuler peut-être même... mais bon : je finirai quand même par le faire cinq minutes plus tard (autant vous dire que cette faiblesse est connue et appréciée de mes proches, qui en usent avec délectation).

6. je prétends ne jamais rien avoir à foutre de l'opinion générale, du regard des autres, etc... mais le moindre commentaire un peu désagréable sur mon blog peut me miner durant deux jours (KMS s'en souvient, sa fameuse réflexion sur les choix consensuels m'a pourri tous le mois de mars !).

7. je crie haut et fort que j'ai horreur des tags... mais chaque fois qu'on m'en file un je le fais, et j'y prends même tellement de plaisir que cette fois-ci j'ai ajouté deux contradictions en rab !
There Goes My Gun

Je disais plus haut que je ne pensais pas remettre de « série » sur ce blog...
Un malheur n'arrivant jamais seul je dois enchaîner en vous annonçant que ceci est le dernier édito de la saison. Oh non, ne vous en faites pas : Le Golb n'est pas en train de devenir une mega chaîne de télé avec ses émissions récurrentes qui s'arrêtent pendant l'été ! C'est surtout qu'après plusieurs mois relativement intenses (car l'écriture des éditos est presque toujours intense), Alf et moi avons un peu besoin de nous reposer, à plus forte raison parce que nous ne désespérons pas de partir en vacances. Comme c'était trop difficile de nous caler, nous avons donc décidé de suspendre les éditos et de tout simplement... partir en vacances rien que tous les deux. Je n'aurais jamais cru que cette initiative serait à l'origine de notre première dispute. Et pourtant : Alf est plus mer, moi je suis plus montagne... nous avons eu beaucoup de mal à nous décider et sommes passés à deux doigts de la rupture lorsque j'ai évoqué à la possibilité de partir en vacances avec BBB. s'il refusait d'aller à la montagne...
... mais bon : si vous avez bien lu cet édito, vous savez déjà comment la dispute s'est terminée.
MEME EN VACANCES...


... ILS PRENNENT ENCORE DES RISQUES !!!
Excellentes vacances à vous tous ; les Golb this world !!! vous donnent évidemment rendez-vous à la rentrée prochaine (et en attendant Le Golb continue bien sûr à sévir).
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