Jo Nesbø fait partie de ces rares auteurs dont on pourrait tout à fait se passer de critiquer les bouquins pour se contenter de dire : c'est super, achetez-le ! Sans aucun doute le plus grand auteur de polar européen en activité, il est jusqu'alors toujours parvenu à éviter l'écueil dans lequel se vautrent hélas trop souvent les auteurs de romans policiers en série - celui dévastateur de l'écriture à la chaîne (le pourtant talentueux Michael Connelly voit très bien ce que je veux dire). Dans les aventures de Harry Hole, point d'incohérences sérielles ni de surenchère inutile, peut-être cela va-t-il venir (au bout de cinq épisodes - sauf erreur - il a déjà été viré puis réhabilité, ce qui prend généralement une décennie littéraire à la plupart des ses collègues)... pour l'instant, l'édifice tient. Et Nesbø s'est imposé depuis déjà quelques années comme un authentique label de qualité.
On sait donc qu'on ne sera pas déçu avec Le Sauveur... et on ne l'est effectivement pas. Plongé au cœur d'une étrange guerre de succession autour de l'Armée du Salut d'Oslo, Hole patauge comme de juste en eaux troubles, et l'auteur de composer un de ces remarquables puzzles narratifs dont il a le secret. Sa grande force ? Outre une écriture sur le fil, une capacité rare à combiner toutes les obsessions du roman noir (regard sur la société contemporaine, atmosphères dévastées et plongées au cœur d'une réalité dérangeante) avec les exigences du roman policier "traditionnel"... ce qui se traduit par un roman extrêmement riche et fouillé, tout à la fois réflexion troublante sur les séquelles de la guerre des Balkans et énigme haletante et... ludique. Un talent comme on en croise peu, qui rappelle d'ailleurs plus souvent les films noirs que les romans, avec une succession de séquences courtes, entrecroisées, dont la longue exposition est une illustration renversante. Une lente montée en puissance, une hausse progressive du taux d'adrénaline du lecteur, une tension palpable... on devine l'arrivée du drame, on le craint autant qu'on l'espère... impossible de ne pas penser à la fin de l'American Tabloïd d'Ellroy, construite sur le même schéma et que les cinquante premières pages du Sauveur égalent en virtuosité.
Quoi ? Ce dernier argument ne vous suffit pas ?
Soit, mais il y en a un autre de poids : c'est un Nesbø.
Par conséquent si vous avez tout bien suivi vous allez répondre : c'est super ! J'achète ! Et vous auriez foutrement tort de dire le contraire...
On sait donc qu'on ne sera pas déçu avec Le Sauveur... et on ne l'est effectivement pas. Plongé au cœur d'une étrange guerre de succession autour de l'Armée du Salut d'Oslo, Hole patauge comme de juste en eaux troubles, et l'auteur de composer un de ces remarquables puzzles narratifs dont il a le secret. Sa grande force ? Outre une écriture sur le fil, une capacité rare à combiner toutes les obsessions du roman noir (regard sur la société contemporaine, atmosphères dévastées et plongées au cœur d'une réalité dérangeante) avec les exigences du roman policier "traditionnel"... ce qui se traduit par un roman extrêmement riche et fouillé, tout à la fois réflexion troublante sur les séquelles de la guerre des Balkans et énigme haletante et... ludique. Un talent comme on en croise peu, qui rappelle d'ailleurs plus souvent les films noirs que les romans, avec une succession de séquences courtes, entrecroisées, dont la longue exposition est une illustration renversante. Une lente montée en puissance, une hausse progressive du taux d'adrénaline du lecteur, une tension palpable... on devine l'arrivée du drame, on le craint autant qu'on l'espère... impossible de ne pas penser à la fin de l'American Tabloïd d'Ellroy, construite sur le même schéma et que les cinquante premières pages du Sauveur égalent en virtuosité.
Quoi ? Ce dernier argument ne vous suffit pas ?
Soit, mais il y en a un autre de poids : c'est un Nesbø.
Par conséquent si vous avez tout bien suivi vous allez répondre : c'est super ! J'achète ! Et vous auriez foutrement tort de dire le contraire...
👍👍 Le Sauveur
Jo Nesbø | Gallimard "Série noire", 2005