Michael Moorcock, tout le monde le sait, est fort apprécié sur Le Golb. J'ai renoncé à expliquer pourquoi, constatant qu'en dépit de mes longues digressions sur le sujet une bonne part des habitués des lieux a continué à me poser régulièrement la même question : Mais enfin Thom, comment peux-tu, toi, lire cette grosse daube d'heroïc-fantasy de mes deux ? Ceux-là seront sans doute ravis d'apprendre aujourd'hui que Count Brass, au vue de sa qualité moyenne, risque d'être mon dernier Moorcock avant un bon moment (de toute façon je n'ai pas réussi à mettre la main sur le volume deux... et vu le niveau du premier je ne suis pas trop motivé...).
Count Brass, donc, comme son nom ne l'indique pas, est en fait la suite de Runestaff, antique série moorcockienne déjà largement évoquée dans ces pages. On ne va pas trop déflorer l'intrigue mais, tout de même, avouons avoir eu une petite angoisse avant même de commencer le livre : le Count Brass, en dehors du fait qu'il est une espèce de Général De Gaulle à la sauce Moorcock, est bel et bien mort à la fin de Runestaff (plus précisément dans cet épisode). Par conséquent l'idée d'une possible résurrection du bonhomme (qui plus est un personnage très, très secondaire de la série) ne fait pas du tout envie, et alors que je lisais les deux premières pages et apprenais que Brass errait dans les marécages de Kamarg... un doute m'a assailli : avais-je vraiment envie, finalement, de connaître les nouvelles aventures de Dorian Hawkmoon ? Est-ce je ne préférais pas en rester là, laisser le héros couler des jours heureux avec sa femme et ses enfants, dans un monde en paix où les fleurs poussaient dans les champs ? J'aurais sans doute mieux fait !
Car non content de nous ressortir Brass du Monde des Morts, Moorcock nous ressort carrément tous les personnages de la première série sans exception - ce qui vu le carnage qui la clôturait se situe tout de même aux confins du foutage de gueule. C'est pas qu'on les aimait pas... simplement niveau cohérence, c'est quand même moyen, d'autant que les péripéties amènent nos héros à visiter des lieux qu'ils ont déjà visités et à affronter des gens qu'ils sont sensés avoir déjà tué. En fait on dirait un Best of Runestaff, en d'autres termes : même en acceptant l'abbération consistant à ressusciter la moitié des personnages... difficile d'accrocher à une histoire aussi désespérément prévisible.
Il serait toutefois injuste de clouer Count Brass - le livre - au pilori pour autant. Car bien entendu comme l'écrasante majorité des romans de Moorcock il ne peut être réellement jugé qu'à l'aune du cycle dans lequel il s'inscrit... or si le sous-titre français est trompeur (Les Nouvelles aventures de Hawkmoon... ça se passe de commentaire) le sous-titre original, pour sa part, ne laisse pas de place au doute : il s'agit d'une nouvelle série consacrée à Dorian Hawkmoon et (cela va sans dire) au Comte Brass (qui lui donne carrément son titre). Par conséquent sans doute faudrait-il considérer cet épisode comme un volume sinon d'exposition (puisqu'on connaît déjà tout le monde) du moins de transition entre deux époques d'une même quête, idée renforcée par le livre lui-même.
En effet, Count Brass a ceci d'étonnant que s'il propose exactement les mêmes personnages projetés dans le même univers et confrontés aux mêmes intrigues... son atmosphère générale est tout à fait différente de celle d'autrefois. Logique : entre ce livre et The Secret of the Runestaff huit années se sont écoulées dans la vie d'un Moorcock devenu entre temps un auteur confirmé... et l'indispensable cycle d'Elric est passé par-là. D'où sans doute des climats désormais plus sombres, un univers globalement plus inquiétant... et surtout un final proprement exceptionnel (et d'une redoutable noirceur), qui survient à quinze pages de l'épilogue, prend complètement à revers et sauve le texte de l'ennui profond dans lequel il semblait engoncé depuis le début.
Donc... si dire qu'arrivé là le lecteur est dévoré par une irrépressible envie de lire la suite serait sans aucun doute excessif (ledit lecteur a malgré tout somnolé durant les trois quarts du livre), dire : Cette fois-ci Hawkmoon et moi - c'est fini ! ... le serait sans doute tout autant. De toute façon s'il y a bien un truc que les amateurs de Moorcock savent, c'est qu'avec lui rien n'est jamais complètement fini...
Count Brass, donc, comme son nom ne l'indique pas, est en fait la suite de Runestaff, antique série moorcockienne déjà largement évoquée dans ces pages. On ne va pas trop déflorer l'intrigue mais, tout de même, avouons avoir eu une petite angoisse avant même de commencer le livre : le Count Brass, en dehors du fait qu'il est une espèce de Général De Gaulle à la sauce Moorcock, est bel et bien mort à la fin de Runestaff (plus précisément dans cet épisode). Par conséquent l'idée d'une possible résurrection du bonhomme (qui plus est un personnage très, très secondaire de la série) ne fait pas du tout envie, et alors que je lisais les deux premières pages et apprenais que Brass errait dans les marécages de Kamarg... un doute m'a assailli : avais-je vraiment envie, finalement, de connaître les nouvelles aventures de Dorian Hawkmoon ? Est-ce je ne préférais pas en rester là, laisser le héros couler des jours heureux avec sa femme et ses enfants, dans un monde en paix où les fleurs poussaient dans les champs ? J'aurais sans doute mieux fait !
Car non content de nous ressortir Brass du Monde des Morts, Moorcock nous ressort carrément tous les personnages de la première série sans exception - ce qui vu le carnage qui la clôturait se situe tout de même aux confins du foutage de gueule. C'est pas qu'on les aimait pas... simplement niveau cohérence, c'est quand même moyen, d'autant que les péripéties amènent nos héros à visiter des lieux qu'ils ont déjà visités et à affronter des gens qu'ils sont sensés avoir déjà tué. En fait on dirait un Best of Runestaff, en d'autres termes : même en acceptant l'abbération consistant à ressusciter la moitié des personnages... difficile d'accrocher à une histoire aussi désespérément prévisible.
Il serait toutefois injuste de clouer Count Brass - le livre - au pilori pour autant. Car bien entendu comme l'écrasante majorité des romans de Moorcock il ne peut être réellement jugé qu'à l'aune du cycle dans lequel il s'inscrit... or si le sous-titre français est trompeur (Les Nouvelles aventures de Hawkmoon... ça se passe de commentaire) le sous-titre original, pour sa part, ne laisse pas de place au doute : il s'agit d'une nouvelle série consacrée à Dorian Hawkmoon et (cela va sans dire) au Comte Brass (qui lui donne carrément son titre). Par conséquent sans doute faudrait-il considérer cet épisode comme un volume sinon d'exposition (puisqu'on connaît déjà tout le monde) du moins de transition entre deux époques d'une même quête, idée renforcée par le livre lui-même.
En effet, Count Brass a ceci d'étonnant que s'il propose exactement les mêmes personnages projetés dans le même univers et confrontés aux mêmes intrigues... son atmosphère générale est tout à fait différente de celle d'autrefois. Logique : entre ce livre et The Secret of the Runestaff huit années se sont écoulées dans la vie d'un Moorcock devenu entre temps un auteur confirmé... et l'indispensable cycle d'Elric est passé par-là. D'où sans doute des climats désormais plus sombres, un univers globalement plus inquiétant... et surtout un final proprement exceptionnel (et d'une redoutable noirceur), qui survient à quinze pages de l'épilogue, prend complètement à revers et sauve le texte de l'ennui profond dans lequel il semblait engoncé depuis le début.
Donc... si dire qu'arrivé là le lecteur est dévoré par une irrépressible envie de lire la suite serait sans aucun doute excessif (ledit lecteur a malgré tout somnolé durant les trois quarts du livre), dire : Cette fois-ci Hawkmoon et moi - c'est fini ! ... le serait sans doute tout autant. De toute façon s'il y a bien un truc que les amateurs de Moorcock savent, c'est qu'avec lui rien n'est jamais complètement fini...
✋ The Chronicles of Castle Brass, vol. I : Count Brass
Michael Moorcock | Mayflower, 1973