...
Ne réglez pas votre ordinateur en vain : non, vous n’avez jamais entendu parler d’Andy Dale Petty, vous n’avez jamais entendu la moindre note de sa musique et à moins de l’avoir croisé dans la rue par hasard lors de vos dernières vacances en Alabama vous n’avez pas la moindre idée de ce à quoi il ressemble. Tout va bien, c’est normal. C’est même pour ça qu’on vous en parle : vous ne pouvez pas passer à côté. Ou plutôt si, mais cet été Le Golb, dans son immense mansuétude, vous offre l’occasion unique de découvrir avant tout le monde un artiste qui à coup sûr comptera dans les années à venir. Vous en rêviez ? Eh bien voilà : grâce à nous vous pourrez enfin faire partie de cette caste insupportable, de ces gens à baffer qui, au moment où vous leur faites découvrir votre dernier coup de cœur, vous répondent immanquablement « Ah mais oui ! Bien sûr, Andy Dale Petty… bien sûr que je connais. Attends, t’as jamais entendu son premier album ? Il est bien meilleur que le dernier, bien moins commercial, je t’assure… » Ce genre.
Andy Dale Petty, donc, a tout compris. Premier album qui n’a pas l’air d’en être un, affublé d’un titre bizarre emprunté à The Dark Tower de Stephen King, All God’s Children Have Shoes réussit là où les plus grands noms ont échoué : il réconcilie folk, country (non, ce n’est pas pareil) et pop au gré de treize morceaux ni trop luxuriants ni trop rugueux, enveloppés dans une production ni trop moderne ni trop old-school. Si on voulait faire dans la formule à l’emporte-pièce on dirait qu’All God’s Children Have Shoes est à peu près tout ce que les (bons) derniers albums d’Adam Green et de Beck ne sont pas : léger sans être futile, roots sans être poussiéreux, émouvant sans être démonstratif. Beck, justement – venons-y. Il y a quatorze ans déjà le blondinet dégingandé publiait One Foot in the Grave, chef-d’œuvre de folk pied au plancher destiné à devenir l’un des albums les plus copiés des années quatre-vingt-dix – dans la longue tradition du souvent imité, jamais égalé. Beck lui-même ne parvint jamais à réitérer ce disque miraculeux de hargne acoustique, de dérision mêlée de désespoir. Quant à ses suiveurs… n’en parlons pas.
Or c’est précisément One Foot in the Grave qui vient en premier à l’esprit à l’écoute d’"Alabama Jubilee", et ce sentiment ne fait que s’amplifier lorsque retentit la joyeusement mélancolique "Empty Bottle Blues". Non pas tant dans la forme (All God’s Children Have Shoes répond à un format country / folk sans doute plus traditionnel) que dans le fond et dans le ton. Ironie en bandoulière ("The Coo-coo Bird"), psychédélisme discret ("Sunflower River Blues"), émotion contenue ("The Ghost of the Goatman")… Andy Dale Petty développe une palette impressionnante, parodie ses maîtres avec bonne humeur ("I’m Walking Down the Line" pour Cash ; "He Turned the Water into Wine" pour Woody Guthrie), tout ça à seulement… dix-huit ans ! Même pas encore l’âge légal pour acheter de la bière que déjà Andy nous régale de chansons de vieux cowboys avinés (Joe Hill) et file un coup de jeune à ce bon vieux Far West. Inutile de dire que l’idée est réjouissante, le vivier country manquant cruellement de jeunes pousses décomplexées en cette fin de décennie 2000. Cette brindille-ci ne vendra sans doute jamais des palettes entières d’albums (ne rêvons pas non plus), mais pour un peu que les fées des majors se penchent sur son cas sans s’en servir pour assaisonner leur soupe on lui prédira volontiers un avenir à la Sparklehorse (qu’elle évoque sur "The House is Near") : celui d’un artiste culte et chéri de son petit public, dont on attend chaque nouvelle sortie avec un agréable pincement au cœur.
Ne réglez pas votre ordinateur en vain : non, vous n’avez jamais entendu parler d’Andy Dale Petty, vous n’avez jamais entendu la moindre note de sa musique et à moins de l’avoir croisé dans la rue par hasard lors de vos dernières vacances en Alabama vous n’avez pas la moindre idée de ce à quoi il ressemble. Tout va bien, c’est normal. C’est même pour ça qu’on vous en parle : vous ne pouvez pas passer à côté. Ou plutôt si, mais cet été Le Golb, dans son immense mansuétude, vous offre l’occasion unique de découvrir avant tout le monde un artiste qui à coup sûr comptera dans les années à venir. Vous en rêviez ? Eh bien voilà : grâce à nous vous pourrez enfin faire partie de cette caste insupportable, de ces gens à baffer qui, au moment où vous leur faites découvrir votre dernier coup de cœur, vous répondent immanquablement « Ah mais oui ! Bien sûr, Andy Dale Petty… bien sûr que je connais. Attends, t’as jamais entendu son premier album ? Il est bien meilleur que le dernier, bien moins commercial, je t’assure… » Ce genre.
Andy Dale Petty, donc, a tout compris. Premier album qui n’a pas l’air d’en être un, affublé d’un titre bizarre emprunté à The Dark Tower de Stephen King, All God’s Children Have Shoes réussit là où les plus grands noms ont échoué : il réconcilie folk, country (non, ce n’est pas pareil) et pop au gré de treize morceaux ni trop luxuriants ni trop rugueux, enveloppés dans une production ni trop moderne ni trop old-school. Si on voulait faire dans la formule à l’emporte-pièce on dirait qu’All God’s Children Have Shoes est à peu près tout ce que les (bons) derniers albums d’Adam Green et de Beck ne sont pas : léger sans être futile, roots sans être poussiéreux, émouvant sans être démonstratif. Beck, justement – venons-y. Il y a quatorze ans déjà le blondinet dégingandé publiait One Foot in the Grave, chef-d’œuvre de folk pied au plancher destiné à devenir l’un des albums les plus copiés des années quatre-vingt-dix – dans la longue tradition du souvent imité, jamais égalé. Beck lui-même ne parvint jamais à réitérer ce disque miraculeux de hargne acoustique, de dérision mêlée de désespoir. Quant à ses suiveurs… n’en parlons pas.
Or c’est précisément One Foot in the Grave qui vient en premier à l’esprit à l’écoute d’"Alabama Jubilee", et ce sentiment ne fait que s’amplifier lorsque retentit la joyeusement mélancolique "Empty Bottle Blues". Non pas tant dans la forme (All God’s Children Have Shoes répond à un format country / folk sans doute plus traditionnel) que dans le fond et dans le ton. Ironie en bandoulière ("The Coo-coo Bird"), psychédélisme discret ("Sunflower River Blues"), émotion contenue ("The Ghost of the Goatman")… Andy Dale Petty développe une palette impressionnante, parodie ses maîtres avec bonne humeur ("I’m Walking Down the Line" pour Cash ; "He Turned the Water into Wine" pour Woody Guthrie), tout ça à seulement… dix-huit ans ! Même pas encore l’âge légal pour acheter de la bière que déjà Andy nous régale de chansons de vieux cowboys avinés (Joe Hill) et file un coup de jeune à ce bon vieux Far West. Inutile de dire que l’idée est réjouissante, le vivier country manquant cruellement de jeunes pousses décomplexées en cette fin de décennie 2000. Cette brindille-ci ne vendra sans doute jamais des palettes entières d’albums (ne rêvons pas non plus), mais pour un peu que les fées des majors se penchent sur son cas sans s’en servir pour assaisonner leur soupe on lui prédira volontiers un avenir à la Sparklehorse (qu’elle évoque sur "The House is Near") : celui d’un artiste culte et chéri de son petit public, dont on attend chaque nouvelle sortie avec un agréable pincement au cœur.
👍👍 All God's Children Have Shoes
Andy Dale Petty | Voodo Rythm Records, 2008
Aucun commentaire:
La publication de nouveaux commentaires n'est pas autorisée.