« Mesdames, Mesdemoiselles et messieurs... bienvenue ! Nous décollons immédiatement pour un voyage intergalactique, en quête d'une Fleur de Métal. Prenez place dans ce rêve sidéral, téléportez-vous dans le Cosmic Show... »
Ce qu'il y a de bien avec Jad Wio c'est que chaque disque propose une incarnation différente, si bien que leur unique live officiel ne pouvait être qu'un album à part entière (on ne sera même pas surpris qu'il en aille de même pour le Best of posthume qu'ils ne manqueront pas de sortir... enfin on n'est pas pressé, hein). Dont acte : de loin leur disque le plus rock'n'roll le Cosmic Show ne propose quasiment que du matériel connu tout en ne ressemblant pas spécialement à Fleur de Métal (l'album dont il est sensé être le pendant live) et en n'évoquant que très ponctuellement Monstre-toi (album suivant qui paraîtra pourtant seulement un an plus tard).
Remarquablement arrangé pour un live quoique desservi par un son moyen (le (mal)propre de la plupart des lives made in France), il développe en fait le registre inverse de celui de Fleur de Métal, album franchement pop dont les compositions semblent trouver ici une forme enfin accomplie - totalement débridée. A l'honneur, le classique de 1992 voit ses pierres d'angles passées dans une étrange moulinette électrique, parfois à la limite du hard-rock et dont les relents glam-funk évoqueront à la surprise générale... Mother Love Bone. Rapprochement qui semblera peut-être étonnant tant le groupe français se situe a priori à des années lumières du très culte combo pré-grunge, mais qui vient néanmoins immanquablement à l'esprit à l'écoute des versions tonitruantes du « Beatnik de l'espace » et de « S.O.S. Mesdemoiselles » (qui explosent toutes deux leurs pendants studios). De leur côté les extraits de Contact gagnent en fraîcheur et en immédiateté... ce qui n'était sans doute pas bien difficile tant cette perle post-punk de 1989 semble datée lorsqu'on l'écoute en 2008. Inutile de préciser que « Priscilla » ou « Brilnombrilnom » en sortent grandies, dopées par un groove impressionnant et une énergie brute tranchant violemment avec le côté un peu lisse de l'album.
A ce petit jeu du mixer rock'n'roll les grandes gagnantes sont évidemment les compos les plus abrasives (une « Fleur de Métal » étonnamment heavy ou un « 36 : 15 Madsex » plus féroce encore qu'à l'accoutumée) d'autant mieux mises en valeur que Jad Wio ne lésine pas sur ces ballades psychédéliques dont lui seul à le secret (« Tsé Tsé » bien sûr, « La Plus belle créature » évidemment, mais aussi et surtout la fabuleuse « Monster Needs Love Too »). Certes le côté ténébreux, dangereux du groupe de Denis Bortek passe complètement à la trappe au profit d'une atmosphère plus joviale, sinon carrément festive ; en témoigne cette explosive (et fort à propos) reprise finale de « Sweet Transvestite », là où l'on aurait bien pris une lampée d' « Amour à la hâte » ou de « Colors in My Dream » histoire de finir sur une touche tout aussi sexy mais plus feutrée. C'est un autre versant du groupe, sans doute moins fascinant mais qui bien calé entre ses deux chefs-d'œuvre apporte de la fraîcheur, de la nuance et de l'humanité. Ce que devrait amener tout live digne ce nom, en somme...
👍👍 Cosmic Show
Jad Wio | Squatt, 1994