Est-ce parce que leur (co) fondateur Mike Watt est désormais bassiste des Stooges ? L'heure de redécouvrir les Minutemen semble en tout cas venue, et tant qu'à faire de les rééditer autant commencer par ce qu'ils semblent avoir fait de mieux. Soit donc ce quatrième opus parfois considéré comme le meilleur album américain des années quatre-vingt - on suppose par des gens qui n'ont jamais posé une oreille ni sur Daydream Nation ni sur Surfer Rosa ni sur Hootenanny (The Replacements) ni sur le Zen Arcade de Hüsker Dü. Un Zen Arcade paru la même année, ce qui laisse à penser qu'en 1984 la mode chez les punks était donc au ralentissement de tempo et à la publication de doubles albums qu'on aurait avantageusement pu réduire de moitié. La différence étant que si Zen Arcade demeure aujourd'hui encore un chef-d'œuvre intouchable, le classique des Minutemen a eu un peu tendance à se tasser avec le temps.
Pour être tout à fait exact on mesure sans problème à son écoute l'impact que Double Nickels on the Dime a pu avoir sur les générations suivantes : le jeu de basse démentiel de Mike Watt a sans aucun doute changé la vie des jeunes Red Hot, Faith No More et autres Primus ; le trip americana a, à n'en pas doute, eu un impact essentiel sur des formations contemporaines comme Calexico ou Wilco ; la diversité de l'ensemble préfigure de manière étonnante les premiers disques de la Mano Negra (en beaucoup mieux produit - et c'est heureux). On poussera même jusqu'à souligner qu'on entrevoit sur ce disque, en filigranes, les embryons de groupes aussi divers que R.E.M., Whiskeytown ou eels. Pour le côté historique de l'affaire, donc, rien à dire : c'est du lourd, de l'éprouvé - du qui a fait date.
Le problème c'est que même avec la meilleure volonté du monde écouter Double Nickels on the Dime dans son intégralité relève du sacerdoce. On y trouve suffisamment de bonnes choses pour changer la face du rock américain, mais quarante-trois titres... rendez-vous compte ! Quel artiste pourrait se permettre de publier un disque parfait sur une telle durée ? Probablement aucun, et ce très bon album pâtit de son côté Grand N'importe Quoi (vous avez remarqué vous aussi comme les alternos ont toujours adoré le N'importe quoi TM ?). Ca part dans tous les sens, on saute sans vergogne du punk à la jazz-pop et de la country au funk, sans doute le groupe s'amuse t'il beaucoup - ça n'empêche pas que certains passages soient un brin ennuyeux. On a même un doute : est-ce que ce ne serait pas pour se payer notre tronche qu'ils ont intitulé l'un des morceaux « Cohesion » ?
Reste donc, outre une poignée de chansons parfaites (« My Heart & the Real World », « There ain't Shit on TV », « Corona ») et un groove impeccable de bout en bout, le sentiment latent d'avoir affaire à un disque important. De ceux qu'il est plus que chaudement recommandé de connaître sinon de posséder, mais dont l'honnêteté oblige à avouer qu'on ne les écoute pas plus d'une fois par an... et encore : généralement pour se rappeler vite fait de quoi il retourne - éventuellement pour faire découvrir à un ami.
Pour être tout à fait exact on mesure sans problème à son écoute l'impact que Double Nickels on the Dime a pu avoir sur les générations suivantes : le jeu de basse démentiel de Mike Watt a sans aucun doute changé la vie des jeunes Red Hot, Faith No More et autres Primus ; le trip americana a, à n'en pas doute, eu un impact essentiel sur des formations contemporaines comme Calexico ou Wilco ; la diversité de l'ensemble préfigure de manière étonnante les premiers disques de la Mano Negra (en beaucoup mieux produit - et c'est heureux). On poussera même jusqu'à souligner qu'on entrevoit sur ce disque, en filigranes, les embryons de groupes aussi divers que R.E.M., Whiskeytown ou eels. Pour le côté historique de l'affaire, donc, rien à dire : c'est du lourd, de l'éprouvé - du qui a fait date.
Le problème c'est que même avec la meilleure volonté du monde écouter Double Nickels on the Dime dans son intégralité relève du sacerdoce. On y trouve suffisamment de bonnes choses pour changer la face du rock américain, mais quarante-trois titres... rendez-vous compte ! Quel artiste pourrait se permettre de publier un disque parfait sur une telle durée ? Probablement aucun, et ce très bon album pâtit de son côté Grand N'importe Quoi (vous avez remarqué vous aussi comme les alternos ont toujours adoré le N'importe quoi TM ?). Ca part dans tous les sens, on saute sans vergogne du punk à la jazz-pop et de la country au funk, sans doute le groupe s'amuse t'il beaucoup - ça n'empêche pas que certains passages soient un brin ennuyeux. On a même un doute : est-ce que ce ne serait pas pour se payer notre tronche qu'ils ont intitulé l'un des morceaux « Cohesion » ?
Reste donc, outre une poignée de chansons parfaites (« My Heart & the Real World », « There ain't Shit on TV », « Corona ») et un groove impeccable de bout en bout, le sentiment latent d'avoir affaire à un disque important. De ceux qu'il est plus que chaudement recommandé de connaître sinon de posséder, mais dont l'honnêteté oblige à avouer qu'on ne les écoute pas plus d'une fois par an... et encore : généralement pour se rappeler vite fait de quoi il retourne - éventuellement pour faire découvrir à un ami.
👍 Double Nickels on the Dime
The Minutemen | SST Records, 1984