Mario Vargas Llosa est un auteur sympa (on n'a pas dit bon, hein, même si l'un n'empêche pas l'autre) : comme son dernier livre était un peu longuet il a bien voulu nous le résumer en une seule phrase et cette phrase, chers lecteurs, c'est son titre. Tours et détours d'une vilaine fille. Tout simplement.
Soit donc une fille, aussi jolie que (je vous le donne en mile) vilaine, qui fait rien qu'à faire tourner en bourrique un héros pourvu d'à peu près autant de charisme qu'une moule et franchement trop lisse pour qu'on le plaigne. Ils appartiennent tous deux à la jeunesse dorée de Lima, ils s'aiment (enfin surtout lui), ils se désirent (idem) et... ils se courent après. A travers le monde, et pendant des années...
(intermède : je ne sais pas vous mais moi la seule idée d'une histoire qui dure pendant des années ça me déprime à l'avance)
... donc pendant des années ils n'arrêtent pas de se manquer, des fois c'est volontaire (parce que la vilaine fille est très vilaine et que même tenez : on aurait dit que ç'aurait été genre l'incarnation du Mal), des fois non, des fois on s'en fout puisque de toute façon on sait très bien qu'ils ne se marieront pas à la fin (enfin elle, ceci dit, elle aura eu le temps de se marier quelques fois - NON MAIS QUELLE VILAINE !!!).
Tout ça est vous en conviendrez assez éculé, et c'est là, mes amis, que Mario Vargas Llosa a fait très fort : il a décidé de métonymiser son texte... ou son titre, enfin l'un métonymise l'autre c'est indéniable, j'en veux pour preuve que le livre tourne et détourne autant que la vilaine fille du titre - ce qui n'est peu pas dire. Vertigineusement construit il saute sans vergogne de lieux en époques et d'époques en personnages, au bout de cent pages on a le tournis - au bout de trois cents on crie grâce. D'autant que comme si ça ne suffisait pas l'auteur semble avoir décidé que pour la peine, il allait donner à l'ensemble une sensation de vitesse étourdissante, phrases rapides et volontiers saccadés, accélérations narratives suffocantes et invraisemblances égrainées au gré d'un vent qu'on devine violent. C'est bien mignon mais le lecteur, dans tout ça ?
Eh bien le lecteur... il est plutôt accroché en dépit d'une histoire assez terne. Il faut dire que Vargas Llosa s'y connaît pour faire monter sa mayonnaise à grand renfort de fulgurances (c'est le cas de le dire) stylistiques et de séquences érotiques assez touchantes (on n'a pas dit émoustillantes, hein...). Ce n'est hélas pas suffisant pour faire oublier cette impression de superficialité qui domine toutes les autres - on admettra que quatre cents pages pour faire le portrait d'un personnage auquel on s'est à peine attaché à la fin c'est au moins trois cent quatre-vingt-dix-neuf de trop. Centrer un livre aussi touffu sur un seul caractère dont les traits tiennent sur un ticket de métro, c'est sans aucun doute une performance digne du livre des records - pour le Nobel on restera quand même dubitatif. On a beau avoir entamé la lecture sans déplaisir, dopé par un quatrième de couverture alléchant et une sympathie naturelle pour l'œuvre de Vargas Llosa... difficile de se retrouver dans ce patchwork de romance et de fresque (proposition pouvant éventuellement être transposée au pluriel) qui défie régulièrement les lois de la crédibilité et semble affreusement terne comparé à La Maison Verte ou à L'Orgie perpétuelle. L'heure de la retraite pour Mario ?
A en juger par ce pontifiant dernier roman, la question (tout à fait tabou) mérite d'être posée...
Soit donc une fille, aussi jolie que (je vous le donne en mile) vilaine, qui fait rien qu'à faire tourner en bourrique un héros pourvu d'à peu près autant de charisme qu'une moule et franchement trop lisse pour qu'on le plaigne. Ils appartiennent tous deux à la jeunesse dorée de Lima, ils s'aiment (enfin surtout lui), ils se désirent (idem) et... ils se courent après. A travers le monde, et pendant des années...
(intermède : je ne sais pas vous mais moi la seule idée d'une histoire qui dure pendant des années ça me déprime à l'avance)
... donc pendant des années ils n'arrêtent pas de se manquer, des fois c'est volontaire (parce que la vilaine fille est très vilaine et que même tenez : on aurait dit que ç'aurait été genre l'incarnation du Mal), des fois non, des fois on s'en fout puisque de toute façon on sait très bien qu'ils ne se marieront pas à la fin (enfin elle, ceci dit, elle aura eu le temps de se marier quelques fois - NON MAIS QUELLE VILAINE !!!).
Tout ça est vous en conviendrez assez éculé, et c'est là, mes amis, que Mario Vargas Llosa a fait très fort : il a décidé de métonymiser son texte... ou son titre, enfin l'un métonymise l'autre c'est indéniable, j'en veux pour preuve que le livre tourne et détourne autant que la vilaine fille du titre - ce qui n'est peu pas dire. Vertigineusement construit il saute sans vergogne de lieux en époques et d'époques en personnages, au bout de cent pages on a le tournis - au bout de trois cents on crie grâce. D'autant que comme si ça ne suffisait pas l'auteur semble avoir décidé que pour la peine, il allait donner à l'ensemble une sensation de vitesse étourdissante, phrases rapides et volontiers saccadés, accélérations narratives suffocantes et invraisemblances égrainées au gré d'un vent qu'on devine violent. C'est bien mignon mais le lecteur, dans tout ça ?
Eh bien le lecteur... il est plutôt accroché en dépit d'une histoire assez terne. Il faut dire que Vargas Llosa s'y connaît pour faire monter sa mayonnaise à grand renfort de fulgurances (c'est le cas de le dire) stylistiques et de séquences érotiques assez touchantes (on n'a pas dit émoustillantes, hein...). Ce n'est hélas pas suffisant pour faire oublier cette impression de superficialité qui domine toutes les autres - on admettra que quatre cents pages pour faire le portrait d'un personnage auquel on s'est à peine attaché à la fin c'est au moins trois cent quatre-vingt-dix-neuf de trop. Centrer un livre aussi touffu sur un seul caractère dont les traits tiennent sur un ticket de métro, c'est sans aucun doute une performance digne du livre des records - pour le Nobel on restera quand même dubitatif. On a beau avoir entamé la lecture sans déplaisir, dopé par un quatrième de couverture alléchant et une sympathie naturelle pour l'œuvre de Vargas Llosa... difficile de se retrouver dans ce patchwork de romance et de fresque (proposition pouvant éventuellement être transposée au pluriel) qui défie régulièrement les lois de la crédibilité et semble affreusement terne comparé à La Maison Verte ou à L'Orgie perpétuelle. L'heure de la retraite pour Mario ?
A en juger par ce pontifiant dernier roman, la question (tout à fait tabou) mérite d'être posée...
👎 Tours et détours de la vilaine fille
Mario Vargas Llosa | Gallimard, 2006