A Keith, a Kick, a Keith Keith Kick
Commençons ce premier édito de la saison en couchant sur le papier quelques évidences (ou du moins des affirmations dont nous espérons qu'elles résonneront comme telles aux chastes oreilles de nos lecteurs) :
B/ la moitié dont vous n'entendrez même pas le titre.
C/ dans tout ça, pas un seul qui sera en mesure de faire vaciller le trône des Années, d'Annie Ernaux. LE livre de 2008 (et sans doute aussi de 2009 et de 2010 - pour ne pas dire le livre de la décennie... en France tout du moins)
Ceci justement rappelé on comprendra que cette année plus qu'aucune autre la Rentrée Littéraire ne m'emballe pas, manque de bol c'est aussi cette année que dans un moment de folie je me suis juré de la couvrir. Je sais, c'est absurde. Que personne ne s'affole toutefois : j'ai lu en tout et pour tout trois livres sur les six cents et des brouettes. Eh oui : c'est aussi cette année que par le plus grand hasard j'ai lu deux fois moins vite durant l'été que durant n'importe lequel des cinq étés précédents. Qu'on aille pas y voir un quelconque lien de cause à effet, même si je conviens qu'entamer ma bonne résolution de Rentrée Littéraire par le dernier Amanda Sthers n'était sans doute pas le choix le plus judicieux s'offrant à moi.
A ce propos je tiens d'emblée à préciser que je n'ai aucun compte personnel à régler avec Madame Sthers. Non parce que comme j'en vois déjà qui rigolent, des qui se souviennent que j'avais étrillé son précédent roman... je sens déjà que je vais devoir me justifier dans les commentaires - prenons de suite les devants : en général, je ne m'acharne pas sur les gens, encore moins sur les femmes, et encore un peu moins sur les idiotes. Mais là... comment vous dire ? Était-ce l'été ? Le fait qu'une (désormais ex) amie me l'ait offert ? La présence de Keith Richards au générique ?... Je n'ai pas su résister, il a fallu que j'aille voir. Je ne vous cacherai même que c'était une lecture à charge, l'idée étant tout de même plus proche de Je me demande quels outrages elle a fait subir à Keith que de Sait-on jamais on va peut-être surpris... non parce que théoriquement tout rockeux écrira dans sa critique, à l'instar d'Agnès Léglise dans son amusant papier, qu'il ne souffre pas du syndrome du préjugé... mais bon : hypocrisie que tout cela mes amis ! La simple idée d'Amanda Sthers écrivant un truc en rapport avec Keith ne peut que révulser tout rockeux digne de ce nom1 Les préjugés n'ont rien à voir là-dedans : nous parlons, chers lecteurs, autant de philosophie de vie que d'incompatibilité génétique. Rien à voir avec un quelconque mariage d'une quelconque auteure avec un quelconque tâcheron over-consensuel... c'est une question d'essence, de style (littéraire), de registre, de... enfin bref : peu importe qu'Amanda Sthers ait partagé la vie de Patrick Bruel ou de Jean-Jacques Goldman, si elle ne pouvait écrire qu'un ouvrage catastrophique sur Keith Richards c'est avant tout parce que quelqu'un ayant écrit Ma place sur la photo (ouvrage au demeurant attachant) et Chicken Street est aux antipodes du rock'n'roll, et donc de Keith Richards (note pour nos jeunes lecteurs Keith Richards = rock'n'roll... on devrait faire apprendre ça par cœur à la école, je vous jure que ça éviterait des désagréments). On me rétorquera que ça tombe bien : elle n'a pas écrit un livre sur Keith Richards. C'est juste. On la remercie d'ailleurs de ne pas avoir prétendu le contraire. Non : Amanda Sthers a écrit un livre principalement centré sur Amanda Sthers, sujet qu'elle maîtrise on l'imagine beaucoup mieux, laquelle Amanda Sthers aurait quelque chose en elle d'un peu Keith Richards2... Sauf que...
(car bien sûr il y a un sauf que, sans quoi ce ne serait pas drôle)
... sauf que si vous avez bien suivi le raisonnement ci-dessus vous avez déjà compris que c'est encore pire ! Car l'essence d'Amanda Sthers étant à peu près l'inverse de celle de Keith Richards, la fusion des deux offre un résultat absolument terrifiant... peu importe à vrai dire que l'auteure enquille les inepties (!), invente une liaison entre Mick et Keith (!!!), s'identifie au guitariste des Stones (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!) ou s'en serve comme vecteur de son nombrilisme de mère au foyer rêvant à une vie meilleure. Peu importe les gardiens du temple rock'n'roll, peu importe la musique (absolument absente du livre) et peu importe que Keith Richards soit certes un mythe, même un vivant3 ... si Keith Me est un désastre c'est avant tout parce que c'est un livre absolument pitoyable de niaiserie, une grosse tambouille indigeste (pléonasme) dont le bazar narratif ne masque pas une seconde ni l'absence de propos (bien malin celui qui pourra répondre à la bête question : de quoi ça parle ?) ni le style d'une élève de première année de lettres moyenne. Au moins après Chicken Street Sthers a-t-elle répondu à la question essentielle Qui y-a-t-il de pire qu'un auteur signifiant écrivant des choses gentiment insignifiantes ? Réponse évidente : un auteur insignifiant jouant à l'Ecrivain-avec-un-grand-E. Au moins Marc Levy a-t-il le mérite de l'humilité...
Je disais plus haut que j'avais lu trois livres de la rentrée littéraire... seulement entre ma noble indignation, mon travail de VRP pour Isabelle Jarry et mes visions divines... il ne me reste presque plus de place pour évoquer l'excellent Jour de souffrance de Catherine Millet, étonnant jumeau pendulaire de La Vie sexuelle de Catherine M. et analyse quasi clinique de cette maladie destructrice qu'on nomme jalousie.
Il y aurait pourtant beaucoup à dire tant ce livre - un quasi-document - secoue le lecteur en posant les bonnes questions de la bonne manière - la seule qui soit viable pour une entreprise aussi complexe : celle du récit autobiographique rédigé sur le fil. Alors soit : le simple fait d'accoler le terme écrivain à Catherine Millet fait un peu drôle, à plus forte raison parce que son écriture est presque aussi scolaire que celle d'Amanda Sthers (non : j'exagère, c'était surtout pour avoir le plaisir de réussir à mettre les deux dans la même phrase - ce qui relève vous l'admettrez de la performance journalistique de premier ordre). Elle offre pourtant, en plus d'un texte assez captivant, une jolie leçon de littérature aux autofictionnalistes de tout poil : en conceptualisant sa névrose plutôt que de bêtement la raconter, elle met un merveilleux coup de boule à Christine Angot, ses clones et même ses fans. Conjuguer le vécu avec une démarche, une esthétique et une réflexion - tel est le seul intérêt dans l'écriture d'un récit autobiographique. Raconter pour raconter, aligner des évènements au premier degré, quel intérêt ? Aucun, et c'est en se confrontant à l'exemple contraire que le lecteur en prendra pleinement et définitivement conscience. Qui parlait de sortir du cadre, déjà ? Quoiqu'il en soit entre ce livre improbable et la récente interview de Jaenada chez les Chats, nous avons désormais tout le matériau nécessaire pour un article plus long sur l'autofiction - promis de longue date et systématiquement repoussé pour des raisons diverses. Soit : un blogueur plus sérieux s'y serait déjà largement consacré plutôt que de perdre son temps à dire du mal d'Amanda Sthers... je plaide coupable : pour le premier Golb This World!!! de la saison j'ai carrément choisi la facilité. C'est que voyez-vous : il n'est pas toujours facile de se remettre en jambe après de longues vacances. J'en veux pour preuve le fait qu'au départ j'avais décidé de ne pas parler de Keith Me. Puis d'en parler juste un petit peu. Puis... les choses m'ont échappé et je me suis retrouvé avec une tartine sur le sujet, en train de me maudire puisque ne pouvant rien en faire (virer la tartine pour la remettre dans un article à part... ? C'eut été encore pire ! D'autant que j'aurais été capable d'en rajouter une couche...). Accordez-moi cependant de ne pas avoir été faible sur tous les sujets : je m'étais juré de ne pas parler de l'événement pipolitique du moment et je m'y suis tenu. Vous ne lirez rien ici à propos de la prétendue grossesse de Rachida Dati, grossesse dont d'ailleurs je me permettrai de douter de la réalité tant il semble évident que manger au restaurant tous les jours pour aussi cher fasse incontestablement grossir - on murmure que les riches sont souvent gros et gras...
... je sais, je sais : c'est franchement bas, comme réflexion. Cependant j'ai de bonnes raisons de me méfier. Pas vous ? Tout de même... vous ne trouvez pas ça suspect, vous, que dix jours avant la rentrée du Golb cette rumeur enfle dangereusement ? Franchement... même dans mes rêves les plus fous je n'aurais pu rêver meilleur retour aux affaires pour les commentateurs et internautes de tout le pays, qui de fait s'en donnent déjà à cœur joie sur le sujet, et si c'était le bébé de Sarkozy, et si elle avait fait un bébé toute seule, le scandale point à l'horizon, conservera-t-elle son poste... j'ai même trouvé un blogueur pour prétendre que le père de l'enfant ne serait autre que... Keith Richards !
(heureusement, grâce à Amanda Sthers, on sait que c'est pas vrai... en revanche Voici nous apprend cette semaine que de passage en France Karis Jagger aurait fait un test ADN dans la plus grande discrétion...)
Passons sur le fait qu'en dépit de l'antipathie profonde que m'évoque la future maman je trouve assez consternant que le commun des internautes ne puisse envisager une seconde qu'un homme autre que Sarkozy (soit donc un homme normal, un homme humain !) puisse avoir envie de coucher avec Rachida Dati... le fait est que tout cela me semble bien trop beau, bien trop rigolo et bien trop facile pour être vrai. Cette histoire de bébé, un père dont le grand public ignorait l'existence, une vidéo faussement éclairante sur youtube... voilà qui tombe à point nommé pour repointer les spotlights vers une ministre dont plus grand monde ne préoccupait (faut dire que même ses amis politiques ne peuvent pas la sentir).
1. Et à vrai dire le plus démocrate et libertaire des rockeux aurait des envies d'autodafé après avoir lu la moitié de ce tissu de conneries intersidérales... non : avoir le droit de tout écrire ne signifie pas nécessairement pouvoir écrire n'importe quoi...
Commençons ce premier édito de la saison en couchant sur le papier quelques évidences (ou du moins des affirmations dont nous espérons qu'elles résonneront comme telles aux chastes oreilles de nos lecteurs) :
A/ six cents et quelques livres pour la rentrée littéraire.
B/ la moitié dont vous n'entendrez même pas le titre.
C/ dans tout ça, pas un seul qui sera en mesure de faire vaciller le trône des Années, d'Annie Ernaux. LE livre de 2008 (et sans doute aussi de 2009 et de 2010 - pour ne pas dire le livre de la décennie... en France tout du moins)
Ceci justement rappelé on comprendra que cette année plus qu'aucune autre la Rentrée Littéraire ne m'emballe pas, manque de bol c'est aussi cette année que dans un moment de folie je me suis juré de la couvrir. Je sais, c'est absurde. Que personne ne s'affole toutefois : j'ai lu en tout et pour tout trois livres sur les six cents et des brouettes. Eh oui : c'est aussi cette année que par le plus grand hasard j'ai lu deux fois moins vite durant l'été que durant n'importe lequel des cinq étés précédents. Qu'on aille pas y voir un quelconque lien de cause à effet, même si je conviens qu'entamer ma bonne résolution de Rentrée Littéraire par le dernier Amanda Sthers n'était sans doute pas le choix le plus judicieux s'offrant à moi.
A ce propos je tiens d'emblée à préciser que je n'ai aucun compte personnel à régler avec Madame Sthers. Non parce que comme j'en vois déjà qui rigolent, des qui se souviennent que j'avais étrillé son précédent roman... je sens déjà que je vais devoir me justifier dans les commentaires - prenons de suite les devants : en général, je ne m'acharne pas sur les gens, encore moins sur les femmes, et encore un peu moins sur les idiotes. Mais là... comment vous dire ? Était-ce l'été ? Le fait qu'une (désormais ex) amie me l'ait offert ? La présence de Keith Richards au générique ?... Je n'ai pas su résister, il a fallu que j'aille voir. Je ne vous cacherai même que c'était une lecture à charge, l'idée étant tout de même plus proche de Je me demande quels outrages elle a fait subir à Keith que de Sait-on jamais on va peut-être surpris... non parce que théoriquement tout rockeux écrira dans sa critique, à l'instar d'Agnès Léglise dans son amusant papier, qu'il ne souffre pas du syndrome du préjugé... mais bon : hypocrisie que tout cela mes amis ! La simple idée d'Amanda Sthers écrivant un truc en rapport avec Keith ne peut que révulser tout rockeux digne de ce nom1 Les préjugés n'ont rien à voir là-dedans : nous parlons, chers lecteurs, autant de philosophie de vie que d'incompatibilité génétique. Rien à voir avec un quelconque mariage d'une quelconque auteure avec un quelconque tâcheron over-consensuel... c'est une question d'essence, de style (littéraire), de registre, de... enfin bref : peu importe qu'Amanda Sthers ait partagé la vie de Patrick Bruel ou de Jean-Jacques Goldman, si elle ne pouvait écrire qu'un ouvrage catastrophique sur Keith Richards c'est avant tout parce que quelqu'un ayant écrit Ma place sur la photo (ouvrage au demeurant attachant) et Chicken Street est aux antipodes du rock'n'roll, et donc de Keith Richards (note pour nos jeunes lecteurs Keith Richards = rock'n'roll... on devrait faire apprendre ça par cœur à la école, je vous jure que ça éviterait des désagréments). On me rétorquera que ça tombe bien : elle n'a pas écrit un livre sur Keith Richards. C'est juste. On la remercie d'ailleurs de ne pas avoir prétendu le contraire. Non : Amanda Sthers a écrit un livre principalement centré sur Amanda Sthers, sujet qu'elle maîtrise on l'imagine beaucoup mieux, laquelle Amanda Sthers aurait quelque chose en elle d'un peu Keith Richards2... Sauf que...
(car bien sûr il y a un sauf que, sans quoi ce ne serait pas drôle)
... sauf que si vous avez bien suivi le raisonnement ci-dessus vous avez déjà compris que c'est encore pire ! Car l'essence d'Amanda Sthers étant à peu près l'inverse de celle de Keith Richards, la fusion des deux offre un résultat absolument terrifiant... peu importe à vrai dire que l'auteure enquille les inepties (!), invente une liaison entre Mick et Keith (!!!), s'identifie au guitariste des Stones (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!) ou s'en serve comme vecteur de son nombrilisme de mère au foyer rêvant à une vie meilleure. Peu importe les gardiens du temple rock'n'roll, peu importe la musique (absolument absente du livre) et peu importe que Keith Richards soit certes un mythe, même un vivant3 ... si Keith Me est un désastre c'est avant tout parce que c'est un livre absolument pitoyable de niaiserie, une grosse tambouille indigeste (pléonasme) dont le bazar narratif ne masque pas une seconde ni l'absence de propos (bien malin celui qui pourra répondre à la bête question : de quoi ça parle ?) ni le style d'une élève de première année de lettres moyenne. Au moins après Chicken Street Sthers a-t-elle répondu à la question essentielle Qui y-a-t-il de pire qu'un auteur signifiant écrivant des choses gentiment insignifiantes ? Réponse évidente : un auteur insignifiant jouant à l'Ecrivain-avec-un-grand-E. Au moins Marc Levy a-t-il le mérite de l'humilité...
Keith Your Past Goodbye
Après un tel coup de semonce on comprendra aisément que je me sois retrouvé pour le moins perturbé, tout à la fois fâché avec Stock (éditeur de cette pitrerie), la littérature, le rock'n'roll, les idiotes et même la liberté d'expression. Pas avec Keith Richards, soit. Même si Keith Richards est Dieu et que Dieu - ne lui déplaise - est tout de même un peu responsable de la médiocrité humaine et littéraire. Interrogé à ce sujet il a nié (rien détonnant de la part d'un dieu qui prétend s'être toujours désintoxiqué avant de partir en tournée)... et a alors accompli un miracle ! Se métamorphosant en attachée de presse de chez Stock, il a posé son regard sur moi et un livre dans ma main. Lis ça, mon garçon. Lis ça. Avec toutes nos excuses. Quoi ? Comment ça « nos » ? Voyons, Thom... nous sommes quatre, dans le groupe !
J'avoue qu'en lisant le nom d'Isabelle Jarry sur la couverture (c'était juste après que l'akeithée de presse ait disparu dans une énorme explosion de fumée) je me suis quand même senti un peu plus rassuré... oui car les a priori - et c'est heureux ! - fonctionnent également dans l'autre sens. Il va sans dire qu'en face de l'auteure de L'Archange perdu on se sent nettement plus en confiance...
... enfin tout de même pas au point de s'attendre à lire un ouvrage de ce calibre. Car s'il m'a toujours semblé qu'Isabelle Jarry était de la race des grands écrivains, le moins qu'on puisse dire est que sa Traversée du Désert dépasse des espérances que j'avais certes modestes (et qui se résumaient en gros à me faire oublier Keith Me le plus vite possible). Avec son titre à double-entrée et son écriture élégante, Isabelle Jarry vient tout simplement de publier un chef-d'œuvre à la construction aussi complexe que sa mise en scène est subtile, délicate et poétique. Roman d'aventures ? Polar ? Fresque historique ? Histoire d'amours passionnées ? Récit introspectif ? La Traversée du Désert est tout cela à la fois, et un peu plus encore : un de ces livres (précieux) qui vous emportent loin, très loin de vous-mêmes, vous noient dans leur univers et vous bousculent de leurs plumes. Lumineux de bout en bout, ce roman inespéré m'a happé au point que je l'avale d'une traite et le referme avec la conviction inaltérable que je venais de lire-là quelque chose de très, très supérieur à la plupart des œuvres que je lis chaque année. Un sentiment indicible et inexplicable qui, pourtant, semble faire écho à ceux de la plupart de ses lecteurs. Tant mieux - me suis-je dit lorsque je l'ai constaté. Sauf que non : Keith Richards est redescendu me voir, cette fois-ci sous l'apparence d'un cigarillo (ce qui déjà était moins étonnant) : Non, Thom. Ça ne va pas du tout : personne n'en parle. Ah bon ? Pas assez, du moins. Il est absent de beaucoup listes de la rentrée. C'est que vois-tu... on ne parle jamais assez des chefs-d'œuvre. C'est la mission que je te confie. D'accord Romeo - pardon : Keith. Je vais en écrire une critiq... UNE CRITIQUE ? Tu n'y penses pas ? Place-le carrément dans un édito... tes éditos sont bien plus lus que tes critiques. Parles-en dans un édito au titre bien racoleur - personne ne doit le louper. Après ça... tu n'auras plus qu'à courir de blog en blog, et chaque fois qu'on causera de la Rentrée Littéraire tu déposeras un commentaire pour dire que La Traversée du Désert, d'Isabelle Jarry, au Editions Stocks, 17 euros 10, livraison gratuite sur Amazon, est un chef-d'œuvre. Euh... vraiment ? Oui, vraiment. Il est temps d'utiliser tes dons pour faire le Bien, mon garçon - tu as bien assez servi ton intérêt personnel.
... enfin tout de même pas au point de s'attendre à lire un ouvrage de ce calibre. Car s'il m'a toujours semblé qu'Isabelle Jarry était de la race des grands écrivains, le moins qu'on puisse dire est que sa Traversée du Désert dépasse des espérances que j'avais certes modestes (et qui se résumaient en gros à me faire oublier Keith Me le plus vite possible). Avec son titre à double-entrée et son écriture élégante, Isabelle Jarry vient tout simplement de publier un chef-d'œuvre à la construction aussi complexe que sa mise en scène est subtile, délicate et poétique. Roman d'aventures ? Polar ? Fresque historique ? Histoire d'amours passionnées ? Récit introspectif ? La Traversée du Désert est tout cela à la fois, et un peu plus encore : un de ces livres (précieux) qui vous emportent loin, très loin de vous-mêmes, vous noient dans leur univers et vous bousculent de leurs plumes. Lumineux de bout en bout, ce roman inespéré m'a happé au point que je l'avale d'une traite et le referme avec la conviction inaltérable que je venais de lire-là quelque chose de très, très supérieur à la plupart des œuvres que je lis chaque année. Un sentiment indicible et inexplicable qui, pourtant, semble faire écho à ceux de la plupart de ses lecteurs. Tant mieux - me suis-je dit lorsque je l'ai constaté. Sauf que non : Keith Richards est redescendu me voir, cette fois-ci sous l'apparence d'un cigarillo (ce qui déjà était moins étonnant) : Non, Thom. Ça ne va pas du tout : personne n'en parle. Ah bon ? Pas assez, du moins. Il est absent de beaucoup listes de la rentrée. C'est que vois-tu... on ne parle jamais assez des chefs-d'œuvre. C'est la mission que je te confie. D'accord Romeo - pardon : Keith. Je vais en écrire une critiq... UNE CRITIQUE ? Tu n'y penses pas ? Place-le carrément dans un édito... tes éditos sont bien plus lus que tes critiques. Parles-en dans un édito au titre bien racoleur - personne ne doit le louper. Après ça... tu n'auras plus qu'à courir de blog en blog, et chaque fois qu'on causera de la Rentrée Littéraire tu déposeras un commentaire pour dire que La Traversée du Désert, d'Isabelle Jarry, au Editions Stocks, 17 euros 10, livraison gratuite sur Amazon, est un chef-d'œuvre. Euh... vraiment ? Oui, vraiment. Il est temps d'utiliser tes dons pour faire le Bien, mon garçon - tu as bien assez servi ton intérêt personnel.
Keith Me Deadly
Je disais plus haut que j'avais lu trois livres de la rentrée littéraire... seulement entre ma noble indignation, mon travail de VRP pour Isabelle Jarry et mes visions divines... il ne me reste presque plus de place pour évoquer l'excellent Jour de souffrance de Catherine Millet, étonnant jumeau pendulaire de La Vie sexuelle de Catherine M. et analyse quasi clinique de cette maladie destructrice qu'on nomme jalousie.
Il y aurait pourtant beaucoup à dire tant ce livre - un quasi-document - secoue le lecteur en posant les bonnes questions de la bonne manière - la seule qui soit viable pour une entreprise aussi complexe : celle du récit autobiographique rédigé sur le fil. Alors soit : le simple fait d'accoler le terme écrivain à Catherine Millet fait un peu drôle, à plus forte raison parce que son écriture est presque aussi scolaire que celle d'Amanda Sthers (non : j'exagère, c'était surtout pour avoir le plaisir de réussir à mettre les deux dans la même phrase - ce qui relève vous l'admettrez de la performance journalistique de premier ordre). Elle offre pourtant, en plus d'un texte assez captivant, une jolie leçon de littérature aux autofictionnalistes de tout poil : en conceptualisant sa névrose plutôt que de bêtement la raconter, elle met un merveilleux coup de boule à Christine Angot, ses clones et même ses fans. Conjuguer le vécu avec une démarche, une esthétique et une réflexion - tel est le seul intérêt dans l'écriture d'un récit autobiographique. Raconter pour raconter, aligner des évènements au premier degré, quel intérêt ? Aucun, et c'est en se confrontant à l'exemple contraire que le lecteur en prendra pleinement et définitivement conscience. Qui parlait de sortir du cadre, déjà ? Quoiqu'il en soit entre ce livre improbable et la récente interview de Jaenada chez les Chats, nous avons désormais tout le matériau nécessaire pour un article plus long sur l'autofiction - promis de longue date et systématiquement repoussé pour des raisons diverses. Soit : un blogueur plus sérieux s'y serait déjà largement consacré plutôt que de perdre son temps à dire du mal d'Amanda Sthers... je plaide coupable : pour le premier Golb This World!!! de la saison j'ai carrément choisi la facilité. C'est que voyez-vous : il n'est pas toujours facile de se remettre en jambe après de longues vacances. J'en veux pour preuve le fait qu'au départ j'avais décidé de ne pas parler de Keith Me. Puis d'en parler juste un petit peu. Puis... les choses m'ont échappé et je me suis retrouvé avec une tartine sur le sujet, en train de me maudire puisque ne pouvant rien en faire (virer la tartine pour la remettre dans un article à part... ? C'eut été encore pire ! D'autant que j'aurais été capable d'en rajouter une couche...). Accordez-moi cependant de ne pas avoir été faible sur tous les sujets : je m'étais juré de ne pas parler de l'événement pipolitique du moment et je m'y suis tenu. Vous ne lirez rien ici à propos de la prétendue grossesse de Rachida Dati, grossesse dont d'ailleurs je me permettrai de douter de la réalité tant il semble évident que manger au restaurant tous les jours pour aussi cher fasse incontestablement grossir - on murmure que les riches sont souvent gros et gras...
... je sais, je sais : c'est franchement bas, comme réflexion. Cependant j'ai de bonnes raisons de me méfier. Pas vous ? Tout de même... vous ne trouvez pas ça suspect, vous, que dix jours avant la rentrée du Golb cette rumeur enfle dangereusement ? Franchement... même dans mes rêves les plus fous je n'aurais pu rêver meilleur retour aux affaires pour les commentateurs et internautes de tout le pays, qui de fait s'en donnent déjà à cœur joie sur le sujet, et si c'était le bébé de Sarkozy, et si elle avait fait un bébé toute seule, le scandale point à l'horizon, conservera-t-elle son poste... j'ai même trouvé un blogueur pour prétendre que le père de l'enfant ne serait autre que... Keith Richards !
(heureusement, grâce à Amanda Sthers, on sait que c'est pas vrai... en revanche Voici nous apprend cette semaine que de passage en France Karis Jagger aurait fait un test ADN dans la plus grande discrétion...)
Passons sur le fait qu'en dépit de l'antipathie profonde que m'évoque la future maman je trouve assez consternant que le commun des internautes ne puisse envisager une seconde qu'un homme autre que Sarkozy (soit donc un homme normal, un homme humain !) puisse avoir envie de coucher avec Rachida Dati... le fait est que tout cela me semble bien trop beau, bien trop rigolo et bien trop facile pour être vrai. Cette histoire de bébé, un père dont le grand public ignorait l'existence, une vidéo faussement éclairante sur youtube... voilà qui tombe à point nommé pour repointer les spotlights vers une ministre dont plus grand monde ne préoccupait (faut dire que même ses amis politiques ne peuvent pas la sentir).
Disons-le franchement : Le Golb ne mangera pas de ce pain-là. Il est évident qu'il s'agit d'un piège tendu par Sarkozy en personne, un piège bien sûr principalement adressé à votre serviteur - mais à moi on ne la fait pas comme ça ! Alors comme ça Nico tu croyais que j'allais bêtement tomber le panneau, me mettre à faire des blagues sur Rachida Dati au détriment des choses vraiment importantes (comme par exemple le fait que tu joues - avec un certain talent au demeurant - les paillassons pour Poutine ? Que tu pratiques le détournement de fonctionnaires ?) ? Pas question d'ergoter - comme tu le voudrais sûrement - sur l'hypothétique géniteur d'un hypothétique enfant qui pour l'heure ne nous a rien fait qui ne soit hypothétique. Ok : tu t'en sors bien pour cette semaine, puisque le temps d'expliquer que ton piège en est un on n'a plus le temps de le contrer et de riposter avec notre panache habituel. Je te suspecte d'ailleurs de t'être servi du livre d'Amanda pour nous distraire, d'avoir joué avec les faiblesses de l'adversaire (Alf a d'ailleurs reçu une caisse de Beaujolais hier au bureau...)... 1 - 0 pour toi. Mais ne crois-pas que la deuxième manche sera aussi simple à gagner !
Car dès la semaine prochaine... là, on va bien rire ! 4
1. Et à vrai dire le plus démocrate et libertaire des rockeux aurait des envies d'autodafé après avoir lu la moitié de ce tissu de conneries intersidérales... non : avoir le droit de tout écrire ne signifie pas nécessairement pouvoir écrire n'importe quoi...
2. Vous avez bien lu : ce grand livre se voulant ambitieux n'est en fait qu'un remix Canady Dry (ou plutôt Ice Tea) de Panthéon, les considérations existentielles de midinettes en plus et la documentation en moins
3. Quoiqu'Amanda l'ignore peut-être... elle a pas l'air bien rencardée à ce sujet, on serait pas surpris de découvrir qu'elle l'a confondu avec Brian Jones.
4. Cette chute a l'air complètement abrupte... mais en fait, non. Vous comprendrez pourquoi dans le prochain épisode...