Fin du commencement ou commencement de la fin, les avis divergent quant à l'appréciation du premier (et meilleur) album des Kinks dans les années soixante-dix. Très populaire mais souvent mésestimé par les puristes, ambitieux pour de mauvaises raisons (Ray Davies l'a clairement calibré pour être un succès et n'a d'ailleurs jamais essayé de le cacher) Lola V.S. Powerman & The Money-Go-Round (à l'instar de ses deux successeurs 1) pose question dès lorsqu'on veut écrire à son sujet. Car si l'on pourrait tout à fait naturellement avoir envie de le réhabiliter... on n'arrive pas vraiment à être sûr et certain qu'il en ait besoin. Le fait est que Lola a presque autant d'adorateurs que de détracteurs, quoi de plus normal de la part d'un album charnière à plus d'un titre ?
C'est que ce vrai-faux concept-album (Davies y suit une ligne directrice mais n'offre pas de véritable histoire) avait en 1970 des allures de retour gagnant qui laissent forcément un peu perplexe à présent que The Village Green Preservation Society est unanimement reconnu comme l'un des tous meilleurs album des Kinks et qu'Arthur (or the Decline and Fall of the British Empire) est en passe de connaître le même sort. Aujourd'hui on sait tous qu'en 1970 Ray Davies et ses sbires étaient très, très loin d'être has-been... le truc, c'est qu'à l'époque eux-mêmes étaient persuadés du contraire. Et c'est un Ray désespéré de ne plus régner sur les charts qui jette toute sa hargne dans ce disque, fait de sa rancœur envers le music-business le fil conducteur de l'album et raccorde ses morceaux avec les modes d'alors jusqu'à décrocher un énorme tube : « Lola »... qui aujourd'hui est loin d'être le titre le plus connu ni du groupe ni même d'un album pour lequel le terme paradoxe semble décidément avoir été inventé. Car il y a évidemment quelque chose d'assez perturbant à relire certaines critiques d'époque saluant le grand retour des Kinks... avec un album objectivement (mais que vaut l'objectivité si l'on pas le recul ?) moins bon que n'importe lequel des précédents.
On écoutera donc la réédition avec une curiosité certaine (que celui qui écoute Lola régulièrement nous jette la première pierre - si tant est qu'il existe), redécouvrant un opus tout à fait réussi dans sa volonté de... réussir, jamais aussi putassier qu'on a bien voulu le dire mais effectivement assez loin du son Kinks des années soixante. Si quelques passages (dont justement « Lola », encore un paradoxe !) peuvent évoquer Arthur ou The Village Green, on a plus souvent l'impression d'entendre d'excellents inédits de Slade (« Powerman », « The Contenders »), le titre le plus traditionnel du lot étant étonnamment (ou pas, remarquez) « Strangers »... bluette dispensable signée non par Ray, mais par Dave. Quoiqu'il en soit c'est loin d'être désagréable, c'est admirable de tension et d'ironie (« Top of the Pops », bien sûr, évidemment - forcément !), c'est même régulièrement brillant (« Get Back in Line », « This Time Tomorrow »)... beaucoup trop brillant en fait pour être aussi mineur que le prétendent d'aucuns. On se dit d'ailleurs à l'écoute d' « Apeman » que le concept d'œuvre mineure est décidément des plus relatifs, à ce tarif là autant considérer que la pop anglaise n'a offert que des daubes depuis lors - non ? L'ensemble est certes inégal et pas toujours très cohérent (ce qui la fout un peu mal pour un concept-album), cependant essayons d'être justes (puisque le recul nous y autorise) : Lola V.S. Powerman n'enfonce-t-il pas largement les trois quarts des albums estampillé rock ou hard parus en 1970 ?
1 Percy et Muswell Hillbillies, pour leur part carrément déconsidérés et qu'il faudra bien se résoudre un jour à réhabiliter
C'est que ce vrai-faux concept-album (Davies y suit une ligne directrice mais n'offre pas de véritable histoire) avait en 1970 des allures de retour gagnant qui laissent forcément un peu perplexe à présent que The Village Green Preservation Society est unanimement reconnu comme l'un des tous meilleurs album des Kinks et qu'Arthur (or the Decline and Fall of the British Empire) est en passe de connaître le même sort. Aujourd'hui on sait tous qu'en 1970 Ray Davies et ses sbires étaient très, très loin d'être has-been... le truc, c'est qu'à l'époque eux-mêmes étaient persuadés du contraire. Et c'est un Ray désespéré de ne plus régner sur les charts qui jette toute sa hargne dans ce disque, fait de sa rancœur envers le music-business le fil conducteur de l'album et raccorde ses morceaux avec les modes d'alors jusqu'à décrocher un énorme tube : « Lola »... qui aujourd'hui est loin d'être le titre le plus connu ni du groupe ni même d'un album pour lequel le terme paradoxe semble décidément avoir été inventé. Car il y a évidemment quelque chose d'assez perturbant à relire certaines critiques d'époque saluant le grand retour des Kinks... avec un album objectivement (mais que vaut l'objectivité si l'on pas le recul ?) moins bon que n'importe lequel des précédents.
On écoutera donc la réédition avec une curiosité certaine (que celui qui écoute Lola régulièrement nous jette la première pierre - si tant est qu'il existe), redécouvrant un opus tout à fait réussi dans sa volonté de... réussir, jamais aussi putassier qu'on a bien voulu le dire mais effectivement assez loin du son Kinks des années soixante. Si quelques passages (dont justement « Lola », encore un paradoxe !) peuvent évoquer Arthur ou The Village Green, on a plus souvent l'impression d'entendre d'excellents inédits de Slade (« Powerman », « The Contenders »), le titre le plus traditionnel du lot étant étonnamment (ou pas, remarquez) « Strangers »... bluette dispensable signée non par Ray, mais par Dave. Quoiqu'il en soit c'est loin d'être désagréable, c'est admirable de tension et d'ironie (« Top of the Pops », bien sûr, évidemment - forcément !), c'est même régulièrement brillant (« Get Back in Line », « This Time Tomorrow »)... beaucoup trop brillant en fait pour être aussi mineur que le prétendent d'aucuns. On se dit d'ailleurs à l'écoute d' « Apeman » que le concept d'œuvre mineure est décidément des plus relatifs, à ce tarif là autant considérer que la pop anglaise n'a offert que des daubes depuis lors - non ? L'ensemble est certes inégal et pas toujours très cohérent (ce qui la fout un peu mal pour un concept-album), cependant essayons d'être justes (puisque le recul nous y autorise) : Lola V.S. Powerman n'enfonce-t-il pas largement les trois quarts des albums estampillé rock ou hard parus en 1970 ?
👍👍 Lola V.S. Powerman & The Money-Go-Round, Part One
The Kinks | Pye Record, 1970
1 Percy et Muswell Hillbillies, pour leur part carrément déconsidérés et qu'il faudra bien se résoudre un jour à réhabiliter