mardi 9 septembre 2008

Neil Young - Canadian Caesar

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Destination : années quatre-vingt dix.

Pour Neil Young, la décennie du come-back. Comme toutes les autres. Neil Young n'a jamais cessé de partir puis de revenir, de s'effondrer puis de ressusciter au moment où on l'attendais le moins. Neil Young est le survivant ultime, celui qui ne sera jamais complètement fini, le seul dinosaure sans doute dont on sait qu'il faudra de toute façon toujours attendre quelque chose (le sensationnel Chrome Dream II de l'an passé en témoigne).

En 1991 Neil Young est donc au sommet de son retour en grâce du moment, libéré d'une décennie quatre-vingt en dents de scie par une paire d'albums essentiels (Freedom et Ragged Glory) qu'il s'empresse d'aller défendre sur scène au long d'une tournée cataclysmique où les fines fleurs de la scène grunge (Pearl Jam et Stone Temple Pilots en tête) se bousculent pour assurer sa première partie. La réhabilitation est en marche - tant pis si quelques vieux bougons le taxent au passage de démagogie. Neil Young n'a rien tant aimé, c'est vrai, que se refaire une virginité sur le dos des plus jeunes. Et après ? Il l'a toujours fait en essayant de préserver l'essentiel (l'authenticité et la dignité), à l'inverse d'un Iggy surfant honteusement sur les modes (pour le meilleur - American Caesar - comme le pire - Naughty Little Doggy) et loin d'un Bowie préférant toujours s'inspirer des nouvelles générations plutôt que de collaborer avec elles. Les vieux cons (euh non... : bougons) Weld, de toute façon, se chargera de les faire taire.

Car s'il y a beaucoup d'excellents lives de Neil Young, ce fracassant double-album demeurera sans doute à jamais la référence ultime en la matière (de Neil Young... et de live !), véritable best-of présentant un Loner électrique et enragé talonné par un Crazy Horse au sommet de son art. Peut-être bien le meilleur disque pour découvrir l'un et les autres tant tout y est, des tubes R&R à en pleuvoir (« Rockin' in the Free World », « Fuckin' Up », « Like a Hurricane », « Crime in the City »), des classiques transfigurés (« Cortez the Killer », dantesque ; « Hey, Hey, My, My », démoniaque) et une reprise de « Blowin' in the Wind » aussi habitée que sursaturée - protestation habile contre une première Guerre du Golf dont l'épisode deux fit oublier que le prologue avait nettement moins divisé l'opinion publique. Le coup de Hendrix pendant la Guerre du Vietnam... ? Franchement, à part Neil Young, qui aurait pu oser le refaire sans se couvrir de ridicule ? Déjà à l'époque le Loner peut tout se permettre, et la nostalgie poignante de « Powderfinger » comme l'énergie crue de « Cinnamon Girl » de rappeler que ce songwriter-là au moins n'a pas volé le titre de parrain du grunge (ni du punk ni tout ce que voulez... : Neil Young est le Parrain, tout court). Et si Weld était tout simplement son meilleur album ? La question mérite d'être posée tant Neil Young aura rarement été si rageur, si puissant, si émouvant... si tout simplement rock'n'roll.


👑 Weld 
Neil Young | Reprise, 1991