Pour apprécier Skirt & The Fiddle il convient d'oublier tout ce que l'on sait et tout ce que l'on a déjà lu, ce qui n'est pas une mince affaire quand ce que l'on a déjà lu s'intitule Lord of the Barnyard et s'avère être l'un des deux ou trois plus grands romans des vingt dernières années. Et pourtant quelques pages suffisent pour que s'impose cette évidence : Skirt & The Fiddle n'a pas grand chose à voir avec l'œuvre culte à laquelle il fait suite, le style lui-même ayant pas mal évolué entre temps. Ce qui déstabilise un peu tout en trouvant son explication logique dans la génèse du Lord of the Barnyard lui-même (on y reviendra plus en détail sous peu), certes publié en 1998 mais écrit depuis bien plus longtemps - tout simplement une œuvre de jeunesse qui ne dit pas son nom tandis que Skirt & The Fiddle capte un Tristan Egolf plus mûr (il est né en 1971) et moins égocentré que celui que j'ai adoré lorsque j'étais moi-même adolescent.
Rien d'étonnant donc à ce que ce roman picaresque n'ait pas grand chose de la déflagration que fut (et est toujours) son prédécesseur (si ce n'est peut-être un attrait manifeste pour une lutte des classes déjà présente en filigrane dans le chef-d'œuvre susnommé). Ce n'est clairement pas cela qui déçoit, du moins pas sur la longueur. Non, ce qui reste en travers de la gorge au terme de ce texte très court, c'est un irrépressible sentiment d'inachevé - voire même de talent gâché. On sait qu'à la fin de sa vie (il a mis fin à ses jours au printemps 2005) Tristan Egolf n'était pas dans une forme olympique, rongé par la dépression et vivant assez mal son retour dans un pays qui le détestait cordialement. Ceci explique peut-être cela.
Car l'histoire de Charlie Evans, violoniste en déroute se perdant en de burlesques aventures avec un duo complètement barré constitué d'un faux anar (et vrai escroc) et d'une femme pour le moins plantureuse... cette histoire... pour n'en pas moins être sympathique et présenter des héros charismatiques, ressemble plus à une collection de sketches éparses qu'à un roman digne de ce nom, démarrant tambour battant et annonçant le meilleur (l'incipit du roman, que je ne vous dévoilerai pas, compte sans doute parmi ce qu'Egolf a produit de plus explosif) pour mieux s'effondrer tel le proverbial soufflé. D'où la nécessité d'oublier ce qu'on sait de l'auteur : s'il est concevable, légitime et même sain que son écriture ait mué... il est beaucoup moins compréhensible qu'après une merveille structurelle comme Lord of the Barnyard le même écrivain publie un ouvrage aussi bancal et mal fichu, donnant l'impression désagréable qu'il n'a pas la moindre idée de là où il va. Un accident de parcours sans aucun doute, vu le talent du bonhomme... mais un accident forcément fâcheux - puisque le destin a voulu que le parcours s'arrête peu après.
Une fois tout oublié, donc, on appréciera sans doute plus justement le sens comique (intact) d'un auteur n'ayant pas son pareil pour créer des situations décalées et des personnages au diapason. C'est tout ? Euh... oui, c'est tout. Skirt & The Fiddle n'en sera pas moins décousu et inégal, mais au moins pourra-t-on le lire sans écarquiller les yeux du début à la fin. Et arriver à la conclusion que c'est le premier roman sympathique d'un auteur prometteur... oui parce que ne pas être déçu par Skirt & The Fiddle demande accessoirement de réécrire l'histoire - à défaut de pouvoir réécrire le livre.
Rien d'étonnant donc à ce que ce roman picaresque n'ait pas grand chose de la déflagration que fut (et est toujours) son prédécesseur (si ce n'est peut-être un attrait manifeste pour une lutte des classes déjà présente en filigrane dans le chef-d'œuvre susnommé). Ce n'est clairement pas cela qui déçoit, du moins pas sur la longueur. Non, ce qui reste en travers de la gorge au terme de ce texte très court, c'est un irrépressible sentiment d'inachevé - voire même de talent gâché. On sait qu'à la fin de sa vie (il a mis fin à ses jours au printemps 2005) Tristan Egolf n'était pas dans une forme olympique, rongé par la dépression et vivant assez mal son retour dans un pays qui le détestait cordialement. Ceci explique peut-être cela.
Car l'histoire de Charlie Evans, violoniste en déroute se perdant en de burlesques aventures avec un duo complètement barré constitué d'un faux anar (et vrai escroc) et d'une femme pour le moins plantureuse... cette histoire... pour n'en pas moins être sympathique et présenter des héros charismatiques, ressemble plus à une collection de sketches éparses qu'à un roman digne de ce nom, démarrant tambour battant et annonçant le meilleur (l'incipit du roman, que je ne vous dévoilerai pas, compte sans doute parmi ce qu'Egolf a produit de plus explosif) pour mieux s'effondrer tel le proverbial soufflé. D'où la nécessité d'oublier ce qu'on sait de l'auteur : s'il est concevable, légitime et même sain que son écriture ait mué... il est beaucoup moins compréhensible qu'après une merveille structurelle comme Lord of the Barnyard le même écrivain publie un ouvrage aussi bancal et mal fichu, donnant l'impression désagréable qu'il n'a pas la moindre idée de là où il va. Un accident de parcours sans aucun doute, vu le talent du bonhomme... mais un accident forcément fâcheux - puisque le destin a voulu que le parcours s'arrête peu après.
Une fois tout oublié, donc, on appréciera sans doute plus justement le sens comique (intact) d'un auteur n'ayant pas son pareil pour créer des situations décalées et des personnages au diapason. C'est tout ? Euh... oui, c'est tout. Skirt & The Fiddle n'en sera pas moins décousu et inégal, mais au moins pourra-t-on le lire sans écarquiller les yeux du début à la fin. Et arriver à la conclusion que c'est le premier roman sympathique d'un auteur prometteur... oui parce que ne pas être déçu par Skirt & The Fiddle demande accessoirement de réécrire l'histoire - à défaut de pouvoir réécrire le livre.
👍 Skirt & The Fiddle [Jupons & Violons]
Tristan Egolf | Atlantic Books, 2002
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