mercredi 5 novembre 2008

Pourquoi ? Parce que !

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Pourquoi j'en ai ras-le-bol qu'on en ait ras-le-bol de l'autofiction...

... peut-être, sans doute... sûrement parce que si le terme autofiction ne veut déjà pas dire grand-chose en soi, la phrase "y en a ras-le-bol de l'autofiction" ne veut pour sa part rien dire du tout. Je m'explique : considérons tout d'abord qu'il est acquis pour les lecteurs du Golb qu'il n'y a pas UNE autofiction mais des tas de manière d'écrire sur soi. Que l'étiquette, à force de désigner tout le monde (d'Angot à Jaenada en passant par Laurens, Ernaux et un tas d'autres n'ayant rien à voir), ne désigne dans le fond personne. Considérons ceci et interrogeons-nous donc sur le sens profond de la phrase "y en a ras-le-bol de l'autifiction". De quoi parles-tu, noble détracteur de l'autofiction, toi qui bien souvent fut autrefois l'un des journalistes coupables d'avoir fait une non-mode d'un non-courant ? Bah, des trucs genres Christine Angot mec - on se comprend. Oui ? Non : on ne se comprend pas. C'est quoi les trucs genre Christine Angot ? Où sont donc les deux cents sous-Angot saturant le marché ? C'est n'importe quoi : on peut haïr profondément Angot, ses pires détracteurs reconnaissent qu'elle est unique (et cette unicité est d'ailleurs la raison principale de sa médiatisation). Dès lors que veut dire la phrase "y en ras-le-bol de l'autofiction" ? Qui sont tous ces auteurs d'autofictions qui pullulent dans les librairies, trustent les charts et inondent les bibliothèques au point que Bégaudeau 1 et tant d'autres en aient absolument ras-le-bol ? Des noms ! Il en faut ! Car moi, quand je vais dans une librairie, je me sens plus régulièrement inondé par les sous-Marc Levy et les auteurs de polars franchouillards (ou scandinouillards) à deux balles... plutôt que par les apparemment superstars de l'autofiction. D'ailleurs même en me creusant un long moment j'arrive à peine à aligner plus de vingt noms d'auteurs pouvant être affiliés à ce courant (et encore : je compte les auteurs étrangers ainsi que moi-même - qui ne pratique l'autofiction que de manière occasionnelle et ne suis pas édité... c'est vous dire si Le Journal d'un dépressif ordinaire (ou presque) menace la littérature française).

Vous n'en avez pas ras-le-bol, vous, des formules toutes faites dont on vous bourre le crâne à longueur d'années ?


Pourquoi les Brèves de blog me laissent coi...


... ce qui n'est pas peu dire, attendu que je n'ai foutu les pieds sur le blog de Pierre Assouline qu'une fois, totalement par hasard (sinon carrément par erreur). Non que j'en pense du mal, d'ailleurs... j'ai juste un problème avec les blogs de pipoles journalistes 2, que je trouve souvent d'une qualité inversement proportionnelle à celles de leurs papiers au sein de la presse (la vraie, la seule), comme s'ils ne savaient pas trop quoi foutre de l'immense liberté que leur fournit le Net. Comme s'ils faisaient ça pour être dans le coup, sans trop y croire et sans trop s'investir. Sans trop chercher surtout à faire autre chose. Du coup, je ne les lis pas, ne parvenant pas à trouver quelle valeur ajoutée ils apportent à l'info ou à l'avis (attention : je parle dans l'absolu, et pas de Pierre Assouline lui-même, puisque je ne le lis pas, donc). Assouline qui, par ailleurs, ne m'a jamais autant énervé que d'autres blogueurs (sans doute parce qu'on lui doit cet essai remarquable qu'est L’Épuration des intellectuels). Car on ne peut l'ignorer : Pierre Assouline est le plus farouche détracteur qui soit des... blogs. D'où mon étonnement de le voir publier Brève de blogs, ouvrage principalement axé autour des commentaires reçus sur son... blog. La mise en abyme pourrait être amusante ; elle donne surtout le tournis. Outre le fait que l'avant-propos enfonce un nombre considérable de portes ouvertes sur le Net, le contenu du livre donne une vision assez terrifiante de la toile, compilant somme toute ce qu'elle offre de plus détestable : foire d'empoigne, attitude post-moderne la plus pathétique (c'est à dire : qui ne sait même pas qu'elle est une incarnation du post-modernisme... la plus courante en fait), on en ressort avec la sensation que le Net est avant tout un gros bordel où le plus incisif côtoie le plus navrant... sensation qui bien sûr n'est pas réellement fausse (nous sommes les premiers à nous en plaindre) mais n'en demeure pas moins extrêmement parcellaire. Car en prenant le truc le plus foutraque qui soit (les commentaires d'un blog, parfois bien pires que les posts d'un forum) on ne peut pas dire qu'Assouline attaque la montagne par son versant le plus accessible... ni le plus séduisant. Et c'est cet aspect qui me laisse coi : que pensera le lecteur non-initié au Net (en admettant qu'il existe, ce dont on peut douter) sinon que ce livre "signé" (entre guillemets, forcément) par un journalisme crédible est représentatif (ce fameux mot). Quand il ne l'est dans le fond que des commentaires sur le blog de M. Assouline 3, lequel minore d'emblée le contenu de l'objet : "Brèves de blogs", tout de même. L'analogie est évidente et fort peu valorisante pour l'internaute anonyme - c'est à dire pour tous les internautes qui apprendront donc médusés que leurs débats parfois extrêmement pointus (qu'on aille faire un tour sur Art-Rock pour s'en convaincre) ne valent pas mieux que des discussions de PMU. Non vraiment : l'entreprise de Pierre Assouline, dont les activités bloguiennes m'indifféraient jusqu'alors complètement, me laisse coi. Qu'on m'autorise à m'interroger sur la légitimité d'un tel livre, qui n'a rien d'une enquête et franchement pas grand chose d'une étude - entre nous n'importe quel blogueur pourrait faire de même. Ça tombe bien : Pierre Assouline s'interroge lui-même souvent sur la légitimité des blogueurs. La balle au centre, donc ? Probablement. Il n'empêche que, volontairement ou non, "Brèves de blog" stigmatise le principal travers de l'internaute : croire, renforcé en cela par l'anonymat, que sa parole est dépourvue d'écho et que ses écrits ne prêtent pas à conséquence. C'est ce refus de l'internaute de se définir, de se positionner par rapport à d'autres que lui-même, qui ressort d'un livre qui, au-delà de son aspect bâtard, soulève d'intéressantes questions... d'une bien étrange manière.


Pourquoi Yasmina Khadra me laisse encore plus coi...


... parce que vraiment, à force, ça vire à l'obsession : j'en viens à souhaiter le rencontrer, discuter avec lui, pour essayer de comprendre. Je m'explique : l'autre jour alors que je regardais tranquillement Ardisson vautré dans mon canapé, ce dans l'unique but de voir si Stéphane Guillon continuait à me piquer mes blagues... l'autre jour donc, l'homme en noir annonce qu'il va recevoir Yasmina Khadra. On sortait d'un plateau où on venait de constater, grâce à Guy Carlier et Christophe Alévêque (c'était un plateau spécial pour m'énerver), que personne n'avait jamais lu un livre de Le Clézio. Autant vous dire que j'en ai salivé, car bien sûr ils n'avaient jamais entendu parler non plus de Yasmina Khadra - ce qui en dit long sur la place microcosmique désormais dévolue à l'écrivain dans notre société (il va sans dire que si Yasmina Khadra avait baisé Laura Smet, Guy Carlier aurait dévoré L'Attentat). Je m'apprêtais à zapper... euh oui, j'allais zapper, je m'en excuse. C'est parce que comme je le disais plus haut : Yasmina Khadra me laisse coi. Je suis toujours perplexe quand je le vois interviewé tant cet homme, auteur subtil dont j'ai souvent dit ici le plus grand bien, me semble totalement inintéressant dès qu'on lui tend un micro. Donc : j'allais zapper. Ce que je n'ai pas fait puisqu'Ardisson a annoncé, accrochez-vous, qu'on allait parler de l'Affaire Khadra. MERDE ! me dis-je. Une affaire Khadra ? Mais... qu'est-ce que c'est cette histoire ? Pas grand-chose, j'aurais pu m'en douter, mais que voulez-vous : je suis un incurable curieux. Or donc voici que Mimi (pour les fans) vivrait très mal le fait de ne pas figurer sur les listes de prix littéraires, ce depuis... toujours. Ah. Je ne le savais pas mais allez comprendre : ça ne m'a pas surpris. Il me semble qu'il est quasiment établi comme loi fondamentalement fondamentale régissant l'univers des lettres qu'un bouquin s'écoulant par palettes entières ne peut pas recevoir de prix, une règle officieuse qui se vérifie presque systématiquement. Sauf que non, en fait. Yasmina Khadra pense que c'est parce qu'il est un militaire. Enfin il s'interroge. Ardisson suggère que peut-être les membres de l'Académie Goncourt seraient racistes. Enfoiré de Jorge Semprun - il nous a bien caché son jeu pendant toutes ces années ! Et je ne vous parle pas de Didier Decoin, ce gars qu'on prenait pour un pauvre mou consensuel et qui est en fait l'auteur de nombreux pamphlets sous le pseudonyme de Pierre Val. Bien sûr bien sûr. Je ne vous cache que pour le coup, j'étais d'accord avec Christophe Alévêque (j'aurais jamais cru ça possible) : qu'est-ce qu'il en a foutre, Yasmina Khadra, avec le succès qu'il a, de pas être sur les listes de prix ? Quand on voit ce qu'il vend en une semaine et ce que vendent la plupart des dix derniers Goncourt... et plus encore quand on songe au nombre colossal d'auteurs excellents qui ne vendent rien... on nage quelque part entre l'absurdité absolue et l'indécence crasse. Bah oui, mais non : Mimi persiste à s'étonner, s'inquiète, il le dit : "ça me blesse". Ça nous fait une belle jambe. Quand on connaît un tant soit peu sa bio on serait tenté de se dire que l'homme a dû traverser des épreuves autrement plus blessantes, mais il persiste et signe, à m'en faire m'écrouler de mon canapé. C'est une affaire, c'est essentiel, et ça mérite de venir en parler vingt minutes à la télé. Plus que de son dernier livre, Ce que le jour doit à la nuit, qu'il présente d'une fort curieuse manière... puisque comme un genre de réponse à la vision de l'Algérie dans L’Étranger de Camus. Et voilà donc que Khadra nous parle de l'Algérie de Camus... comme si L’Étranger avait été un livre sur l'Algérie. On l'entend, et on se dit qu'en 2008 il en est encore là : à "Killing an Arab". Ça laisse sans voix, surtout que bon... la réponse à L’Étranger, rien que l'idée est assez grotesque, ça me rappelle quand à quatorze ans j'ai eu l'idée d'écrire la version inversée de Tartuffe où il apparaissait comme le gentil qui a de bonnes raisons de mal agir. Ça vous situe le niveau du propos... sans vouloir préjuger de la qualité d'un livre que j'ai acheté mais pas encore lu. Car le plus amusant est que je suis convaincu qu'il est bien mieux que ce que l'interview de l'auteur laisse supposer. Il y a vraiment quelque chose d'étrange chez ce type, d'incompréhensible même : comment peut-on être un écrivain aussi subtil, aussi profond et aussi doué... et à côté de ça être un être humain aussi dégoulinant de naïveté ? Comment peut-on écrire des choses aussi justes et nuancées et se noyer dans le manichéisme bas du front dans lequel il s'est complu au moment du dernier Salon du Livre 4 ? Vous voulez un avis qui n'engage que moi ? Chaque fois que je l'entends parler je me demande si c'est vraiment lui qui écrit ces livres superbes ! Autre hypothèse : je ne sais pas lire, et en fait ses livres sont aussi niais que ses interviews, simplement je ne m'en rends pas compte. Après tout pourquoi pas...


Pourquoi je vous parle de tout ça...



... alors que fondamentalement vous vous en foutez ? Eh bien tout simplement parce que ces imbéciles d'Américains ont eu l'excellente idée de placer leurs élections un mardi de manière à ne pas respecter la désormais célèbre trêve du mercredi (cette trêve de l'actu qui m'autorise à écrire mon petit billet tranquillement). Franchement, c'est bien une illustration de l'égoïsme américain dans toute sa splendeur. Mettre les élections à une heure où on ne peut pas les suivre en direct ! Comme s'ils élisaient juste leur Président à eux. Ils nous avaient déjà fait le coup pour le Mondial 94 - voilà qu'ils récidivent. Du coup à l'heure du bouclage (minuit environ) j'étais bien incapable de dire qui était le nouveau Président des États-Unis, sujet qui m'intéresse évidemment autant que vous... quand bien même je n'aurai pas cédé à cette épuisante obamania (je dis "épuisante" pour ne pas dire "débile"). J'avoue que je ne suis pas peu fier, puisque je suis parvenu jusqu'aux élections à ne jamais écrire ni Barack, ni Obama, à laisser les Américains vivre leurs élections peinards en dépit de tout ce que cela implique pour le reste du monde, et à sauver les (é)lecteurs du Golb de cette surmédiatisation proprement délirante qui n'a fait que s'amplifier ces trois dernières semaines - à tel point qu'hier matin en allumant la télé alors que j'étais mal réveillé j'ai cru l'espace d'une seconde qu'il y avait des présidentielles anticipées en France et que Barack Obama était candidat ! D'ailleurs ce matin, la sympathique Maïtena Biraben a franchi le cap que la plupart de ses collègues étaient à deux doigts de franchir depuis des semaines, le temps d'un lapsus qui figurera sans doute au zapping de l'année : "Nous venons d'élire... euh ! les américains viennent d'élire Barack Obama"... j'en ai ri de bon cœur, à peine levé (il était environ sept heures), avant de me laisser parcourir par ce petit frisson de satisfaction orgasmique que seuls auront ressenti tous ceux qui se sont retenus pendant des mois de clamer que décidément, ces crétins d'Américains sont un peuple formidable (oh putain... ça fait du bien !!!). God Bless America, le slogan risque de revenir à la mode, et allez comprendre pourquoi je ne suis pas convaincu que ce soit un mal. Un Président de couleur. Quand les Français n'ont même pas été foutus d'élire une femme ! 5 Bientôt viendront les dures réalités, la dé-cristallisation et toutes ces choses inévitables... mais jusqu'au vingt janvier prochain (les Présidents Américains prêtent toujours serment le jour de mon anniversaire !), je ne vois aucune bonne raison de bouder notre plaisir. La preuve : j'ai fini par effacer toutes mes vannes sur Obama (j'en avais une caisse, vous imaginez bien depuis le temps....) pour clore pour une fois l'édito de la semaine sur une note d'espoir - ce n'est pas si fréquent.

Et d'ici aux élections de 2012 j'espère bien qu'Obama, après avoir marché sur l'eau, sera parvenu à placer les États-Unis sur le même fuseau horaire que nous.



(1) Désolé, j'ai pas pu me retenir... mais bon allez, cette semaine c'est vacances, on peut bien s'autoriser un petit plaisir !
(2) Mais non Christian ! Pas toi !
(3)
Blog parmi les plus lus qui soient sur le Web francophone... et qui par définition attire fatalement plus de commentaires sans intérêt que d'autres, c'est le prix du succès.
(4)
Il avait choisi la voie du boycott, protestant ainsi (quoiqu'il s'en soit depuis défendu d'une curieuse manière) contre la présence d'Israël en tant que pays invité...
(5)
Il serait en effet assez vain de croire que le sexe de Ségolène Royal n'a pas joué dans sa défaite... les Français ayant avant tout préféré un Président viril et prétendument rassurant - on rigole - à une supposée incompétente...

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