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Tradition oblige lorsqu’arrive décembre le rédacteur (c’est moi) commence à tirer les conclusions, gribouiller les bilans, compter les points… bref : à rédiger son article-somme de la semaine prochaine. Et c’est généralement à ce moment que ce rédacteur-également-appelé-moi se rend compte qu’un disque est passé à la trappe malgré un planning millimétré. Ecarté faute de temps. Probablement que le rédacteur-qui-parle-à-la-troisième personne-pour-faire-sérieux l’a glissé sous la pile en comptant y revenir – « Ce n’est pas une priorité » a-t-il fait de sa grosse voix d’EPE.
C’est ainsi qu’on se retrouve à chroniquer mi-décembre un album paru fin septembre, désolé (car Tahiti 80 avait sans doute plus besoin de pub que – au hasard – Delerm) mais tout de même pas contrit (car un EPE ne fait jamais que ce qu’il veut ).
Mais venons-en au fait (l’EPE est d’un bavard…), c’est à dire à Activity Center, quatrième opus du plus grand groupe rouennais depuis les Dogs, que l’on avait pour tout dire un peu perdu de vue depuis quelques années. Il faut dire qu’à l’écoute du terne Fostbury (il y a trois ans) on en était presque venu à oublier que Tahiti 80 était l’auteur outre d’un premier album charmant (Puzzle) d’un des tous meilleurs disques pop de la décennie, l’adorable, l’irrésistible Wallpapers for the Soul. Sans rire.
Six ans après cette pépite c’est peu dire que le buzz est passé, mais honnêtement qui s’en plaindra ? Le buzz dans le cas de Tahiti 80 consistait à rappeler qu’ils étaient des stars aux Japon – on admettra que posséder le même titre de gloire que Mireille Mathieu ou les ringards de Helloween ne soit pas réellement ce qu’on souhaite à un quatuor de cette valeur. Car de valeur il est à nouveau question avec Activity Center. Certes pas marchande, et assurément pas celle que l’on s’attèle à défendre chaque semaine sur ce site. Plutôt celle que l’on encensait il y a quelques mois à propos d’Yeti (toutes proportions gardées) : celle d’une musique pop élégante et fruitée, pas révolutionnaire pour deux sous mais d’une pureté quasi cristalline par instants. Des mélodies raffinées, une voix juste et qui touche, des arrangements qui font mouche (et ça rime). Mine de rien ce n’est plus si courant de nos jours, et lorsque résonnent le tubesque "Unpredictable", son intro fulgurante et son refrain imparable… on se rappelle qu’en France, il est rare de tomber sur des groupes capables d’écrire ce genre de morceau. Non que notre douce contrée manque de collectifs valeureux : il y en a au contraire foison, dont la presse officielle serait bien inspirée de parler de temps à autre. Des groupes capables de publier des albums brillants, des chansons remarquables… oui, il y a en a beaucoup plus qu’on le croit en France.
Mais des groupes capables de publier "Unpredictable" ?… c’est-à-dire le genre de morceau qu’on sera heureux d’entendre à la radio, susceptible de plaire au plus grand nombre sans pour autant être putassier, qui vous capte le matin au réveil pour ne plus vous lâcher avant le coucher ? Non vraiment : ils ne sont pas si nombreux, les groupes capables de sortir ce genre de morceau.
Il n’y a évidemment pas qu’"Unpredictable" sur Activity Center. Il n’est d’ailleurs pas le morceau le plus représentatif d’un album plus souvent planant que catchy, dans l’ensemble plus aérien que frontal. Pourtant paradoxalement c’est sans doute, de par son énergie, sa légèreté et sa bonne humeur, le titre qui résume le mieux l’art délicat de Tahiti 80 : écrire des chansons qui rendent heureux. Peut-être n’est-il pas plus mal, finalement, de chroniquer cet album en décembre : vous pourriez bien avoir besoin de ce genre de disque pour vous réchauffer durant le rude hiver qui se prépare. Pour vous expédier le temps de trois minutes et quarante-cinq secondes dans un Brazil de fantasme. Pour vous envelopper de cette même « mélancolie joyeuse » dont on croyait que seul R.E.M. avait le secret ("Fire Escape"). Pour vous faire dodeliner de la tête au coin du feu ("Tune In"), en voiture sur les routes verglacées ("White Noise") ou pendant votre repas du jour de l’an, celui que vous détestez parce que votre meilleur pote s’est encore senti obligé d’inviter son meilleur pote à lui et que vous ne pouvez pas le saquer ("Come Around"). Ou tout simplement pour vous injecter un petit remontant en cas de déprime ("All Around")…
Oh bien sûr… Activity Center ne prétendra pas une seconde au titre d’album de l’année – peut-être même pas du mois. Comme tout ce qui rend la vie plus douce, cet album est nécessaire parce qu’anecdotique, important parce que complètement facultatif. On a tendance a l’oublier parfois mais c’est cela, l’essence de la pop-music. Ce qui par extension rend Activity Center essentiel, au moins de cette manière-là.
Qui sait si vous n’en trouverez pas d’autre ?
Tradition oblige lorsqu’arrive décembre le rédacteur (c’est moi) commence à tirer les conclusions, gribouiller les bilans, compter les points… bref : à rédiger son article-somme de la semaine prochaine. Et c’est généralement à ce moment que ce rédacteur-également-appelé-moi se rend compte qu’un disque est passé à la trappe malgré un planning millimétré. Ecarté faute de temps. Probablement que le rédacteur-qui-parle-à-la-troisième personne-pour-faire-sérieux l’a glissé sous la pile en comptant y revenir – « Ce n’est pas une priorité » a-t-il fait de sa grosse voix d’EPE.
C’est ainsi qu’on se retrouve à chroniquer mi-décembre un album paru fin septembre, désolé (car Tahiti 80 avait sans doute plus besoin de pub que – au hasard – Delerm) mais tout de même pas contrit (car un EPE ne fait jamais que ce qu’il veut ).
Mais venons-en au fait (l’EPE est d’un bavard…), c’est à dire à Activity Center, quatrième opus du plus grand groupe rouennais depuis les Dogs, que l’on avait pour tout dire un peu perdu de vue depuis quelques années. Il faut dire qu’à l’écoute du terne Fostbury (il y a trois ans) on en était presque venu à oublier que Tahiti 80 était l’auteur outre d’un premier album charmant (Puzzle) d’un des tous meilleurs disques pop de la décennie, l’adorable, l’irrésistible Wallpapers for the Soul. Sans rire.
Six ans après cette pépite c’est peu dire que le buzz est passé, mais honnêtement qui s’en plaindra ? Le buzz dans le cas de Tahiti 80 consistait à rappeler qu’ils étaient des stars aux Japon – on admettra que posséder le même titre de gloire que Mireille Mathieu ou les ringards de Helloween ne soit pas réellement ce qu’on souhaite à un quatuor de cette valeur. Car de valeur il est à nouveau question avec Activity Center. Certes pas marchande, et assurément pas celle que l’on s’attèle à défendre chaque semaine sur ce site. Plutôt celle que l’on encensait il y a quelques mois à propos d’Yeti (toutes proportions gardées) : celle d’une musique pop élégante et fruitée, pas révolutionnaire pour deux sous mais d’une pureté quasi cristalline par instants. Des mélodies raffinées, une voix juste et qui touche, des arrangements qui font mouche (et ça rime). Mine de rien ce n’est plus si courant de nos jours, et lorsque résonnent le tubesque "Unpredictable", son intro fulgurante et son refrain imparable… on se rappelle qu’en France, il est rare de tomber sur des groupes capables d’écrire ce genre de morceau. Non que notre douce contrée manque de collectifs valeureux : il y en a au contraire foison, dont la presse officielle serait bien inspirée de parler de temps à autre. Des groupes capables de publier des albums brillants, des chansons remarquables… oui, il y a en a beaucoup plus qu’on le croit en France.
Mais des groupes capables de publier "Unpredictable" ?… c’est-à-dire le genre de morceau qu’on sera heureux d’entendre à la radio, susceptible de plaire au plus grand nombre sans pour autant être putassier, qui vous capte le matin au réveil pour ne plus vous lâcher avant le coucher ? Non vraiment : ils ne sont pas si nombreux, les groupes capables de sortir ce genre de morceau.
Il n’y a évidemment pas qu’"Unpredictable" sur Activity Center. Il n’est d’ailleurs pas le morceau le plus représentatif d’un album plus souvent planant que catchy, dans l’ensemble plus aérien que frontal. Pourtant paradoxalement c’est sans doute, de par son énergie, sa légèreté et sa bonne humeur, le titre qui résume le mieux l’art délicat de Tahiti 80 : écrire des chansons qui rendent heureux. Peut-être n’est-il pas plus mal, finalement, de chroniquer cet album en décembre : vous pourriez bien avoir besoin de ce genre de disque pour vous réchauffer durant le rude hiver qui se prépare. Pour vous expédier le temps de trois minutes et quarante-cinq secondes dans un Brazil de fantasme. Pour vous envelopper de cette même « mélancolie joyeuse » dont on croyait que seul R.E.M. avait le secret ("Fire Escape"). Pour vous faire dodeliner de la tête au coin du feu ("Tune In"), en voiture sur les routes verglacées ("White Noise") ou pendant votre repas du jour de l’an, celui que vous détestez parce que votre meilleur pote s’est encore senti obligé d’inviter son meilleur pote à lui et que vous ne pouvez pas le saquer ("Come Around"). Ou tout simplement pour vous injecter un petit remontant en cas de déprime ("All Around")…
Oh bien sûr… Activity Center ne prétendra pas une seconde au titre d’album de l’année – peut-être même pas du mois. Comme tout ce qui rend la vie plus douce, cet album est nécessaire parce qu’anecdotique, important parce que complètement facultatif. On a tendance a l’oublier parfois mais c’est cela, l’essence de la pop-music. Ce qui par extension rend Activity Center essentiel, au moins de cette manière-là.
Qui sait si vous n’en trouverez pas d’autre ?
👍 Activity Center
Tahiti 80 | Barclay, 2008