Il m'arrive - comme à vous sans doute - de m'étonner de certaines critiques lues dans la presse, plus souvent des massacres en règle que des engouements d'ailleurs, cependant je dois dire que j'ai rarement été aussi stupéfait de lire ce que je lisais que depuis que j'ai terminé The Elusive Embrace - premier roman au titre magnifique d'un des plus grands chouchous de la critique française ces dernières années : Daniel Mendelsohn. A lire les journaux il y a encore un an, Mendelsohn c'était carrément Proust, on n'avait rien lu d'aussi puissant que son The Lost depuis des lustres, impossible de passer à côté à moins de vouloir absolument manquer le plus grand écrivain de ce siècle. Je m'étais bien sûr précipité sur le livre... qui a comme beaucoup fini au fond de mon énorme cageot à bouquins pas encore lus, pour n'en ressortir qu'en décembre... mais pas bien longtemps puisque c'est alors que je découvris au détour d'une brève sur le Net que The Lost était en fait le second tome d'un cycle entamé dix ans plus tôt, et que le premier tome paraissait en janvier. Passons sur la clairvoyance d'un éditeur français publiant le second roman avant le premier. Passons sur l'impressionnante crédibilité d'une presse que je ne me rappelle pas avoir vu mentionner que The Lost était déjà le second Mendelsohn. (1) Le livre sorti... que de critiques ternes, mitigées, Mendelsohn la jouerait petit bras, rien de commun avec The Lost, blablablablabla... le summum ayant été atteint avec la critique de l'Obs. Autant vous dire qu'on s'étrangle. Déjà, le titre (Très gay, mais trop tard) fait un peu de peine mais bon - soyons sports : tout le monde n'est pas moi. La suite vaut tout de même son pensant de cacahuète, notamment cette phrase : "Ecrit il y a dix ans, il devait être excellent alors, mais il arrive trop tard en France. Car cette question de l'identité des gays, de leur psychologie, de leurs habitudes, de leur rôle dans la société, on a l'impression de l'avoir déjà lue cent fois." Bah oui ! Bien sûr. D'ailleurs tout de suite, moi, quand on me dit "question de l'identité des gays", j'ai cinquante titres qui me viennent à l'esprit. Quoi ? Pas vous ? Bande d'incultes !
Bien sûr je plaisante. J'ai bien quelques noms qui remontent à la surface de ma mémoire, mais certainement pas au point de juger le sujet éculé. Encore moins au point de ne pas m'étouffer d'indignation lorsque je lis que "Tout cela est daté, depuis que l'assimilation est acquise - du moins aux Etats-Unis et en Europe occidentale. Il n'y a plus de question gay, dans ces parties du monde gagnées par l'indifférence aux types de sexualité pratiquée. Tant mieux pour le droit au bonheur, tant pis pour une certaine catégorie d'écrits littéraires." On conseillera au soi-disant critique de sortir un peu de Paris intramuros. Le propos est non seulement idiot, mais il est contraire même aux principes fondamentaux de la littérature, qui sont (mais vous le savez déjà puisque vous disez Le Golb) que peu importe l'ancestralité du sujet - seul compte le traitement. Le style. Or ni l'écriture ni la construction The Elusive Embrace ne sont datées... bien au contraire. Un Philip Roth - car Mendelsohn est fait du même bois - ne s'y serait pas pris autrement pour radiographier le New York gay, passer au crible la psyché d'une communauté et décrypter ses mœurs avec autant d'ironie que de minutie. Le même Philip Roth qui, après cinquante ans de littérature, persiste à être torturé par la question de son identité - juive en l'occurrence. L'auteur de cette critique aurait-il osé écrire à propos d'un livre de Philip Roth (ou à propos de The Lost, du même Daniel Mendelsohn) il n'y a plus de question juive dans cette région du globe ? Sans doute pas. Il y a pourtant deux fois plus de livres sur cette question (et là cette fois on peut en citer des dizaines).
Et quand bien même ce serait le cas... quand bien même il n'y aurait plus de question juive ni question gay ni de question black (parce qu'on ne vous l'a pas encore dit à l'Obs, mais il n'y a plus non plus de question black aux USA depuis l'élection d'Obama)... quand bien même tout cela serait juste, donc, l'identité ne se résume pas à une quelconque question communautaire. Le questionnement identitaire en règle générale, souche de la littérature s'il en est, n'est pas uniquement conditionné par la manière dont votre environnement considère votre identité, l'évolution des mœurs ne suffit pas à résoudre vos questionnements intérieurs - prétendre le contrairement serait d'autant plus grotesque que cela induirait un sous-entendu encore plus crétin : il n'y aurait donc eu que les gays, il y a quelques années, pour s'interroger sur leur identité et sur leur sexualité. Les hétéros ? oh non, ça va, c'est des bons gros veaux qui ne se posent jamais de question. Bah tiens.
La vérité c'est que The Elusive Embrace, s'il ne propose en effet aucune description nouvelle d'un environnement inconnu (comme 95 % de la littérature contemporaine) explore les blessures secrètes de l'Individu avec une sensibilité et une finesse d'analyse peu communes ; qu'il ne traite pas non plus "que" de l'homosexualité (on s'en rend compte quand... on prend la peine de le lire attentivement et jusqu'au bout), mais aussi des peurs et traumas enfantins, de l'ennui urbain, de la quête du père (des sujets complètement dépassés sans doute, ça fait des lustres qu'il n'y a plus de question de l'enfance)... mais ça, on ne le lira pas beaucoup dans les nombreuses critiques de ce roman. Oui car ce qui est très fort c'est que si tous ces fins analystes pensent peu ou prou la même chose du livre - c'est à dire pas grand bien... aucun en revanche ne semble s'être dit que s'il était si décevant que ça il méritait peut-être qu'on n'en parle pas et qu'on se focalise sur d'autres ouvrages plus essentiels. Mais non, même pas cette élégance-là : on se vautre dans la complaisance facile avec un mépris manifeste pour l'auteur autant que pour le lecteur.
Car si je me concentre sur cet article précisément... je ne perds pas de vue qu'il est surtout le symptôme d'une maladie plus vaste : celle de la presse dans son ensemble, malade de son uniformité autant que de son manque de légitimité lorsque l'on touche au domaine délicat de la critique culturelle. On observera d'ailleurs le phénomène inverse (quoique parallèle) dans le cas du dernier album de Bruce Springsteen, unanimement cloué au pilori par la blogosphère. Même Ska (le plus bossophile d'entre nous), parle dans son très beau texte de "pire album jamais enregistré par une rockstar d'une cette envergure". C'est quand même pas rien. Mais non : à la lire la presse, Working On A Dream est un album fabuleux, album du mois de Rock & Folk, un évènement justifiant un hors-série pour Rolling Stone, et que je te compare tel titre aux Beatles, tel autre aux Byrds... La seule voix discordante, celle des Inrocks évoquant un album "confortable et efficace", porte déjà bien trop loin pour un disque aussi insignifiant, facile et même ringard par moments. On en vient à se demander qui parmi tous ces gens payés pour nous faire avaler de telles salades a réellement pris la peine d'écouter cet album ? Plus que jamais en ce début d'année je m'interroge sur la légitimité de gens qui du haut de leur strapontin dégueulent régulièrement leur frustration sur les blogueurs... sur le mode, justement, du ils n'ont pas de légitimité. C'est vrai que contrairement à Philippe Manœuvre ("Internet, c'est des neuneus qui prennent des faux noms pour faire semblant d'adopter des fausses attitudes à des faux problèmes") je n'ai pas fait cinq ans d'études de journalisme avec une option critique musical de coefficient huit. Hein ? Quoi ? Manœuvre non plus ?
On en est là. A constater avec tristesse que certains journalistes (pas tous, et c'est heureux - mais quand même un certain nombre) tentent de faire prendre au lecteur lambda (c'est à dire non-blogueur) des vessies pour des lanternes, se comportant comme de nobles légitimistes quand ils ne sont pour certains que de vulgaires parvenus. Je regardais l'autre jour les États Généraux de la presse en pensant à tout ça, et je me disais : de qui se moque-t-on ? Cette défiance systématique des critiques "professionnels" vis-à-vis des internautes, cette manière de se triturer le nombril le sourire aux lèvres et le majeur dressé bien droit... tout ça fait de plus en plus penser à un empire complètement décadent, dont le Prince serait devenu fou et dont les sujets n'auraient d'autre choix que de se vivre en autarcie pour oublier qu'au-dehors de leurs frontières ils ne sont même pas assiégés - ils sont juste ignorés et moqués par le reste du monde. Oh bien sûr... j'ai conscience des limites du Net, des limites du trip Power to the People. Une guerre bloc contre bloc aurait quelque chose de complètement risible d'ailleurs, vous imaginez G.T., Arbobo et Thom avec leurs petits canifs en train d'essayer de prendre le contrôle de la presse culturelle française avec ses armes économico-nucléaires ? Ce serait absurde, d'ailleurs personnellement je n'en aurais vraiment pas envie. Je persiste à voir les blogs comme une alternative et non comme un substitut - et d'ailleurs je ne lis ni plus ni moins la presse depuis que j'ai un blog. Je nous vois plus comme un complètement que comme une relève, complément se chargeant à l'occasion de réparer les erreurs et les manquements... et d'un autre côté, la défiance susmentionnée, ce mépris et cette condescendance chaque fois que je le lis un article sur les blogs... ça me donne envie au mois une fois par mois de sortir les gants de boxe. Paraîtrait que j'ai plutôt une bonne droite...
(1) En tout cas si elle l'a fait, pas grand monde n'avait daigné le lire jusqu'alors.
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Bien sûr je plaisante. J'ai bien quelques noms qui remontent à la surface de ma mémoire, mais certainement pas au point de juger le sujet éculé. Encore moins au point de ne pas m'étouffer d'indignation lorsque je lis que "Tout cela est daté, depuis que l'assimilation est acquise - du moins aux Etats-Unis et en Europe occidentale. Il n'y a plus de question gay, dans ces parties du monde gagnées par l'indifférence aux types de sexualité pratiquée. Tant mieux pour le droit au bonheur, tant pis pour une certaine catégorie d'écrits littéraires." On conseillera au soi-disant critique de sortir un peu de Paris intramuros. Le propos est non seulement idiot, mais il est contraire même aux principes fondamentaux de la littérature, qui sont (mais vous le savez déjà puisque vous disez Le Golb) que peu importe l'ancestralité du sujet - seul compte le traitement. Le style. Or ni l'écriture ni la construction The Elusive Embrace ne sont datées... bien au contraire. Un Philip Roth - car Mendelsohn est fait du même bois - ne s'y serait pas pris autrement pour radiographier le New York gay, passer au crible la psyché d'une communauté et décrypter ses mœurs avec autant d'ironie que de minutie. Le même Philip Roth qui, après cinquante ans de littérature, persiste à être torturé par la question de son identité - juive en l'occurrence. L'auteur de cette critique aurait-il osé écrire à propos d'un livre de Philip Roth (ou à propos de The Lost, du même Daniel Mendelsohn) il n'y a plus de question juive dans cette région du globe ? Sans doute pas. Il y a pourtant deux fois plus de livres sur cette question (et là cette fois on peut en citer des dizaines).
Et quand bien même ce serait le cas... quand bien même il n'y aurait plus de question juive ni question gay ni de question black (parce qu'on ne vous l'a pas encore dit à l'Obs, mais il n'y a plus non plus de question black aux USA depuis l'élection d'Obama)... quand bien même tout cela serait juste, donc, l'identité ne se résume pas à une quelconque question communautaire. Le questionnement identitaire en règle générale, souche de la littérature s'il en est, n'est pas uniquement conditionné par la manière dont votre environnement considère votre identité, l'évolution des mœurs ne suffit pas à résoudre vos questionnements intérieurs - prétendre le contrairement serait d'autant plus grotesque que cela induirait un sous-entendu encore plus crétin : il n'y aurait donc eu que les gays, il y a quelques années, pour s'interroger sur leur identité et sur leur sexualité. Les hétéros ? oh non, ça va, c'est des bons gros veaux qui ne se posent jamais de question. Bah tiens.
La vérité c'est que The Elusive Embrace, s'il ne propose en effet aucune description nouvelle d'un environnement inconnu (comme 95 % de la littérature contemporaine) explore les blessures secrètes de l'Individu avec une sensibilité et une finesse d'analyse peu communes ; qu'il ne traite pas non plus "que" de l'homosexualité (on s'en rend compte quand... on prend la peine de le lire attentivement et jusqu'au bout), mais aussi des peurs et traumas enfantins, de l'ennui urbain, de la quête du père (des sujets complètement dépassés sans doute, ça fait des lustres qu'il n'y a plus de question de l'enfance)... mais ça, on ne le lira pas beaucoup dans les nombreuses critiques de ce roman. Oui car ce qui est très fort c'est que si tous ces fins analystes pensent peu ou prou la même chose du livre - c'est à dire pas grand bien... aucun en revanche ne semble s'être dit que s'il était si décevant que ça il méritait peut-être qu'on n'en parle pas et qu'on se focalise sur d'autres ouvrages plus essentiels. Mais non, même pas cette élégance-là : on se vautre dans la complaisance facile avec un mépris manifeste pour l'auteur autant que pour le lecteur.
Car si je me concentre sur cet article précisément... je ne perds pas de vue qu'il est surtout le symptôme d'une maladie plus vaste : celle de la presse dans son ensemble, malade de son uniformité autant que de son manque de légitimité lorsque l'on touche au domaine délicat de la critique culturelle. On observera d'ailleurs le phénomène inverse (quoique parallèle) dans le cas du dernier album de Bruce Springsteen, unanimement cloué au pilori par la blogosphère. Même Ska (le plus bossophile d'entre nous), parle dans son très beau texte de "pire album jamais enregistré par une rockstar d'une cette envergure". C'est quand même pas rien. Mais non : à la lire la presse, Working On A Dream est un album fabuleux, album du mois de Rock & Folk, un évènement justifiant un hors-série pour Rolling Stone, et que je te compare tel titre aux Beatles, tel autre aux Byrds... La seule voix discordante, celle des Inrocks évoquant un album "confortable et efficace", porte déjà bien trop loin pour un disque aussi insignifiant, facile et même ringard par moments. On en vient à se demander qui parmi tous ces gens payés pour nous faire avaler de telles salades a réellement pris la peine d'écouter cet album ? Plus que jamais en ce début d'année je m'interroge sur la légitimité de gens qui du haut de leur strapontin dégueulent régulièrement leur frustration sur les blogueurs... sur le mode, justement, du ils n'ont pas de légitimité. C'est vrai que contrairement à Philippe Manœuvre ("Internet, c'est des neuneus qui prennent des faux noms pour faire semblant d'adopter des fausses attitudes à des faux problèmes") je n'ai pas fait cinq ans d'études de journalisme avec une option critique musical de coefficient huit. Hein ? Quoi ? Manœuvre non plus ?
On en est là. A constater avec tristesse que certains journalistes (pas tous, et c'est heureux - mais quand même un certain nombre) tentent de faire prendre au lecteur lambda (c'est à dire non-blogueur) des vessies pour des lanternes, se comportant comme de nobles légitimistes quand ils ne sont pour certains que de vulgaires parvenus. Je regardais l'autre jour les États Généraux de la presse en pensant à tout ça, et je me disais : de qui se moque-t-on ? Cette défiance systématique des critiques "professionnels" vis-à-vis des internautes, cette manière de se triturer le nombril le sourire aux lèvres et le majeur dressé bien droit... tout ça fait de plus en plus penser à un empire complètement décadent, dont le Prince serait devenu fou et dont les sujets n'auraient d'autre choix que de se vivre en autarcie pour oublier qu'au-dehors de leurs frontières ils ne sont même pas assiégés - ils sont juste ignorés et moqués par le reste du monde. Oh bien sûr... j'ai conscience des limites du Net, des limites du trip Power to the People. Une guerre bloc contre bloc aurait quelque chose de complètement risible d'ailleurs, vous imaginez G.T., Arbobo et Thom avec leurs petits canifs en train d'essayer de prendre le contrôle de la presse culturelle française avec ses armes économico-nucléaires ? Ce serait absurde, d'ailleurs personnellement je n'en aurais vraiment pas envie. Je persiste à voir les blogs comme une alternative et non comme un substitut - et d'ailleurs je ne lis ni plus ni moins la presse depuis que j'ai un blog. Je nous vois plus comme un complètement que comme une relève, complément se chargeant à l'occasion de réparer les erreurs et les manquements... et d'un autre côté, la défiance susmentionnée, ce mépris et cette condescendance chaque fois que je le lis un article sur les blogs... ça me donne envie au mois une fois par mois de sortir les gants de boxe. Paraîtrait que j'ai plutôt une bonne droite...
(1) En tout cas si elle l'a fait, pas grand monde n'avait daigné le lire jusqu'alors.
...
Bien écrit... Limpide... intéressant... et le dessin d'Alf est à l'avenant...
RépondreSupprimerPar contre je ne lis pas assez la presse (oui parce que moi, les blogs c'est un substitut) pour etre tombé sur un journaleux qui démonte les bloggers. je pense que ca m'amuserai... T'en as vu un ou récemment?
Ah bon, vous vous étonnez ? Moi, je ne m'étonne plus, j'ai pris mon parti depuis longtemps.
RépondreSupprimerSinon, les gants de boxe vous vont (comme toujours), à ravir.
BBB.
A noter aussi concernant le Springsteen l'étonnant accord de toutes les critiques à trouver "Outlaw Pete" génial et à le démontrer en 3 à 5 lignes (ca dépend de la largeur des colonnes), alors que tous les blogueurs s'accordent à trouver ce titre minable.
RépondreSupprimerSinon, ravi de toruver ici cette citation de Manoeuvre qui m'avait fait pourir de rire la première fois que je l'aie entendue... (Il est quand meme fort pour sortir de grosse conneries.)
"Ecrit il y a dix ans, il devait être excellent alors"
RépondreSupprimerQuelle perle !!! J'ai jamais rien lu d'aussi idiot.
Faut que j'achète ce journal ! :-D
Joli coup de gueule, Thomas !
Xavier >>> Récemment je ne crois pas en avoir vu... enfin ça dépend ce qu'on appelle "récemment" (pour moi c'est : pas depuis deux, trois mois). Mais j'en ai vu un nombre considérable aussi bien dans la presse musicale (R&F étant les champions incontestés en la matière) que dans la presse généraliste (Libé, Obs, Monde...)... il faut de toute façon replacer les choses dans leur contexte : déjà, un article sur deux prenant le Net (en général) pour sujet pointe ses supposés dangers, ses mauvais côtés... etc. Ce qui est comique, c'est que les mêmes journaux où on peut lire ce genre de choses à propos des blogs sont souvent ceux qui font la part belle, dans leurs pages, au courrier des lecteurs, voire à ce qui s'est dit sur les forums de leurs sites... et là, franchement, on avouera qu'il y a de quoi rire. La vérité c'est que la plupart du temps la presse tolère l'internaute... du moment qu'il pense comme elle (l'idéal étant qu'il ne pense pas trop), ne la remet pas en cause et continue de lui accorder un max de crédit. Nul doute que pour Manoeuvre (au hasard, parce que c'est l'exemple le plus flagrant), les gens du Net ne seraient pas des "neuneus" si on lisait sur les blogs l'apologie de la "nouvelle scène parisienne" plutôt que sa descente en flamme quasi systématique (et pas toujours juste aussi, soyons francs, nous)
RépondreSupprimerBBB. >>> ouais... mais c'est pas très facile pour écrire ;-)
Guic' >>> s'il n'avait dit ce genre de truc qu'une fois dans une itv, ça m'aurait fait marrer aussi... mais en réalité ça date de bien avant l'explosion de sa popularité via la nouvelle star. La première fois que je l'ai vu employer l'expression "neuneu" du Net, c'était carrément dans un article de R&F, au début 2007.
Zaph >>> tu n'as pas besoin de ça... la presse belge est beaucoup plus marrante. Rien que les pages politiques... et ils n'ont même pas besoin de faire blagues. Trop forts, ces belges :-)
Et maintenant que toutes les mines françaises sont fermées (donc plus de "question mineure"), "Germinal" c'est nul, donc?
RépondreSupprimer(Parce que quand il a été écrit il y a cent ans, il devait être excellent)
Super vanne (t'aurais pas des origines belges ?)
RépondreSupprimerQuelque chose de périphérique, que j'ai remarqué, aussi, c'est que dans les pages consacrées aux blogs, dans la presse, on n'y parle jamais des "meilleurs blogs". Je ne parle pas que du Golb, mais, plus généralement, de blogs intéressants, pointus, comme il y en a tant. Si les journalistes choisissent un blog, pour en parler, c'est très souvent un blog sinon mauvais, du moins, qui fait très "amateur". Alors qu'à côté, des blogs très "pros", c'est à dire : sérieux, bien documentés, proposant des articles très poussés, ne sont jamais évoqués. Il me semble que cela donne une image fort biaisée des blogs en général, et que c'est bien commode pour les critiquer après! Image que l'on retrouve d'ailleurs lorsque l'on évoque le sujet avec des gens qui n'en lisent pas. "Mais si, je te jure, il y a d'excellents blogs", est sans doute une des phrases que je prononce le plus souvent, quand je discute avec les gens.
RépondreSupprimerBBB.
J'ai pris l'habitude de ne pas lire ces pages, en fait... donc je n'en sais rien. J'entends juste dire, des fois, que X est passé dans Y, ce que je trouve très bien. Mais ça ne va pas plus loin.
RépondreSupprimerQuand je dis que R&F est une bouse... (comme le Springsteen d'ailleurs). Lisez Noise mag.
RépondreSupprimerExcellent article...
RépondreSupprimerEt sont trop forts ces critiques... s'ils découvraient un chef-d'oeuvre inconnu de Faulkner, ils seraient capables de dire "moui, c'est pas mal, mais bon, sa vision de l'Amérique n'est plus tout à fait en phase avec l'Amérique de 2009... dommage..."
Et face à une oeuvre oubliée de Mozart "bof, on n'écrit plus la musique comme ça depuis deux siècles..."
Bon, je crois que j'ai bien tout compris, et je m'en vais jeter mes Dante, Shakespeare et Homère à la poubelle, car si ce qu'ils disent reste parfois "intemporel", soyons francs, il y a tout de même beaucoup trop de choses vraiment datées...
Quel était la véritable nature des relations entre Achille et Patrocle ? Etaient-ils amants ? On s'en fout, la question de l'identité gay des grecs de l'antiquité n'est plus vraiment d'actualité...
KMS >>> j'avoue que j'ai perdu ma foi en l'humanité journalistique. Noise ou un autre, je crains qu'à terme, ce genre de dérives touche toute les rédacs (Cf. la discussion chez G.T. à propos des Inrocks)
RépondreSupprimerG.T. >>> on pourrait également s'interroger sur la possibilité que la Guerre de Troyes n'ait pas eu lieu au sein d'une communauté échangiste...
les inrocks et télérama citent volontiers des blogs, d'aillerus gt, christophe, et moi, à des degrés divers, avons été mis en avant sur le site de TRA,
RépondreSupprimermais l'uniformité est une vraie plaie en effet,
ajoutons le besoin de héros (et en période post-élection obama, springsteen s'impose dans cette catégorie),
et cette tendance à encenser l'album qui suit un chef d'oeuvre, parce qu'on a pas senti à l'époque que le précédent était aussi bon et qu'on a peur de refaire la même erreur.
je crois que les journalistes presse lisent pas mal de blogs, le fait qu'ils reprennent longtemps après certains disques chroniqués à l'heure chez nous n'est pas une preuve, mais disons un indice ^^
PS : je n'ai pas de canif, ils n'en fabriquent pas encore à bout rond :-/
Citer les blogs, oui sans doute, ça se fait d'ailleurs de plus en plus, pas seulement aux Inrocks ou Télérama. Le truc c'est que citer les blogs ne signifie nullement qu'on ait la moindre considérations pour les blogueurs... ça signifie juste qu'on répond à une demande de plus en plus pressante, et aussi qu'on fait comme les autres journaux, qui ont leur rubrique sur la question, donc nous aussi... etc. Voir le vent tourner et sentir la demande chez ses lecteurs, ça signifie juste qu'on connait son job (c'est d'ailleurs sans doute un peu la même logique qui dicte l'uniformité des contenus en règle générale). Le meilleur exemple de ça étant probablement libé... capable d'offrir chaque jour une pleine pages aux réactions des ses internautes, de citer des blogs... et en même de publier un article censé être de fond sur le mode "le pouvoir aux incompétents". Bon... ceci dit, je ne cherche pas spécialement à jeter l'opprobre sur des journaux que je n'ouvre jamais, ce serait stupide.
RépondreSupprimerEt tu as raison sur le côté "besoin de héros"... chaque journal a ses héros intouchables d'un côté et ses têtes de l'autre ; c'est quasiment inscrit dans le code génétique de R&F qu'il vont aimer Springsteen (par exemple)...
R&F construit et renforce la mythologie du rock, à chaque numéro, avec les 'intouchables' statufiés au burin et à la truelle et les fameux 'ptits jeunes' intouchables aussi (parce que le jeunisme, c'est une vraie valeur-étalon pour le rock non ;-?). C'est en tt cas intéressant comme phénomène de société. La peur des blogs, c'est aussi une question de génération, de gens qui ont du mal avec une nouvelle panoplie d'outils de communication. Regardez les vieux gratte-papier genre Duhamel et cie avec leur stylo Mont Blanc qui découvrent l'existence d'internet quand ils se font filmer à leur insu... Mais j'avoue que,moi-même il y a à peine 4 ans, je pensais que les blogs c'était essentiellement des ptits djeuns qui se branlent le nombril en ékrivan kom ça et en mettant leur photo de portable en ligne... Ah, les préjugés... ;-)
RépondreSupprimerC'est vrai que la question de génération joue... en ce sens il n'est pas étonnant que le rapport soit différent selon qu'il s'agit des Inrocks ou de R&F, la moyenne d'âge étant sensiblement différente...
RépondreSupprimer"R&F construit et renforce la mythologie du rock"???
RépondreSupprimerEuh non. Tous les mois R&F s'enfonce un peu plus et a de moins en moins à voir avec le rock et rabâche les mêmes choses sans intérêt.
la légitimité de Manoeuvre... voici le genre de chose qui laisse songeur tiens!
RépondreSupprimerBref, le problème des critiques (enfin pas tous mais pas mal non plus) c'est de croire que leurs écrits sont paroles d'évangile... ou comment oublier que tout jugement est forcément subjectif.
Quant aux mépris de la presse pour le web, l'effet générationnel joue certainement, et puis quand on se sent menacé il est plus facile de mépriser les autres... Alors que finalement, la critique sur le web est comme Thom l'a dit plus alternative, enfin au départ, la critique via la presse ne répondant plus aux attentes d'une partie du public. Et quand certains lancent que le web n'a aucune légitimité on pourra alors rétorquer d'une manière aussi futile que le web est en pratique moins influençable (par la pub par exemple) ou indépendant (c'était l'instant naïf).
Bref tout ceci ressemble à un combat d'arrière garde.
... on peut même s'interroger sur la légitimité de n'importe quel critique (Rock ou pas d'ailleurs).
RépondreSupprimerLe question, c'est "pour etre critique, faut -il avoir une carte de presse?" ou quoi?
Quant à R&F et la mythologie du Rock, d'accord avec Alf en ce sens qu'il faut faire la différence entre le Rock et sa mythologie, et, y a pas à dire, R&F s'empatte pas mal dans l'ensemble des "clichés du passé du Rock", un côté c'était mieux avant... et en fait s'écartèle entre leur soutien pour une scene de petits jeunes ridicules (et pas toujours très Rock), et un culte des vieux (voire des morts), qui se traduit par leurs couvertures: un coup un groupe mort (ou les Stones), un coup les Naaast ou un truc comme ça.
Mais faudrait pas oublier que R&F c'est pas QUE Manoeuvre, et, s'il se montre souvent ridicule (et empétré dans son passé, qu'il rappelle sans cesse: c'est sa légitimité à lui), il y reste quand meme quelques bonnes plumes, je trouve.
Enfin bon, on repart dans le débat d'il y a 2 semaines chez G.T. quoi.
KMS >>> les mêmes vieux trucs... oui, c'est ce que je me disais aussi la dernière fois que je l'ai feuilleté. Et en même temps, il y a dix, douze ans (j'ai commencé à le lire en 1995), je ne les savais pas ces trucs...
RépondreSupprimerGuic' >>> reste que pour moi, R&F reste foncièrement associé à "une certaine idée du rock" (comme les Inrocks, en fait) qui doit être défendue pour ne pas s'étendre... en somme : ça n'empêche pas les sentiments.
Sur la légitimité... il y a différents degré de légitimité, mais c'est sûr qu'en matière de rock (ou de musique), celui-ci n'étant pas enseigné à l'école, la légitimité ne peut s'acquérir sur le tas (et j'ajouterai en clin d'oeil goguenard que je connais assez peu de diplômés de musicologie ayant fini rock-critics, comme c'est étonnant...)
Doc >>> absolument. D'ailleurs les critiques "pros" feraient mieux de méfier des webzines plutôt que des blogueurs !
KMS, Guic' a mieux dit que moi ce que je voulais dire... ;-)
RépondreSupprimerTrès bon article! Effectivement, il serait temps pour la critique de revoir ses fondamentaux et d'arrêter de souhaiter se voir dans un miroir. Sur la dernière rentrée littéraire, nombreux ont été les romans... hasardeux présentés comme des chefs d'œuvre et même récompensés. Alors que mon petit frère de seize ans écrit sûrement mieux...
RépondreSupprimerCe qui est appréciable sur les blogs, c'est que les œuvres sont toujours présentées suivant un point de vue personnel (en tous cas sur ceux que je lis) et jamais écrasées par une vérité péremptoire...
j'avais d'ailleurs écrit un article sur un sujet similaire : http://plus.over-blog.com/article-22126203.html
Je ne pensais pas que Rock & Folk était si détesté en ces lieux. Je ne rejoindrai pas le concert d'attaques contre Manoeuvre, que je trouve assez sympathique (depuis quand la mauvaise foi, la lubie, les théories tirées par les cheveux, etc sont des défauts quand on parle de rock ?) Il y a dans R&F un enthousiasme à parler du rock sous l'angle de la mythologie qui me plaît beaucoup, même si le journal perdrait presque tout intérêt sans son rédac' chef et Ungemuth. L'aspect le plus critiqué est le copinage entre ces journalistes et certains groupes qu'ils défendent, mais c'est une polémique si insignifiante qu'elle ne dérange pas. Je manque probablement de curiosité, mais ça ne me dérange jamais de lire une énième hagiographie des Byrds, Stones ou autres dans le même magazine. Je ne retrouve pas leur enthousiasme dans les Inrocks, Chronic'Art ou autres (quitte à parler de vrais torchons.) Il y a un côté adolescent éternel (avec tous les défauts que ça suppose : refus de grandir, mauvaise foi absolue, déchargement précoce de quelques admirations mal contenues) dans R & F qui le rend plaisant à lire.
RépondreSupprimerQuant à la polémique blog / presse, elle est perdue d'avance : dans chaque camp on ne lit que mauvaise foi, attaques basses, et au fond on ne voit pas très bien qui peut y trouver un intérêt assez grand pour y consacrer plus d'une demi-ligne.
Sans doute est-ce plus facile de considérer que ça n'a pas d'intérêt quand on est pas blogueur et qu'on n'a l'impression qu'une puissance nucléaire nous tombe dessus à bras raccourcis :-)
RépondreSupprimerJe suis par ailleurs assez de votre avis sur R&F dans son ensemble ; moins en ce qui concerne la mauvaise foi (du moins pour ma part n'ai-je pas l'impression d'être de mauvaise foi, preuve en est que je continue à lire énormément la presse, ce que ne fait assurément pas la plupart des blogueurs).
la grande forme brother... la très grande forme... Ce que je cherche sur les blogs c'est justement des avis discordants (même si je ne suis pas toujours d'accord) trop d'uniformité déclenche ma paranoiaque perso :-) sinon je note mendelsohn pour faire honneur à ma réputation (s'il était bon y'a 10 ans hein) ;-)
RépondreSupprimerC'est sûr ! Et si des gens se tournent vers les blogs... c'est bien qu'il y a eu une raison, des abus de la presse, qui ont amené certains à chercher une autre manière de s'informer sur les livres...
RépondreSupprimerCe qui me gêne un peu, c'est le présupposé selon lequel les blogs musicaux seraient tous aussi érudits, passionnants ou documentés que ceux de G.T., Arbobo, Christophe ou le tien (pour m'en tenir à ceux que tu cites). Pour ceux-là, il est évident qu'ils ringardisent pas mal la presse écrite musicale... Mais on sait bien que ces blogs-là ne sont pas représentatifs, que l'on lit majoritairement des choses médiocres ou essayant de reproduire maladroitement - paradoxe - ce que fait la presse écrite... D'ailleurs, je ne lis régulièrement qu'une dizaine de blogs musicaux... Et puis c'est pire encore sur les forums, sur les blogs de cinéma car il semblerait que tout le monde s'autorise à donner son avis sur un film beaucoup plus facilement que sur un disque... Donc toujours aussi cette question de la légitimité... Dans une rédaction, n'oublions pas qu'il y a un garant théorique (le rédacteur en chef, le comité de rédaction) qui permet à tel ou tel d'écrire parce que celui-là dispose des connaissances nécessaires et est apte à se fondre dans une ligne éditoriale, à apporter quelque chose au journal...
RépondreSupprimerRien de tel, bien sûr, sur les blogs où chacun fait ce qu'il veut, sans contrainte aucune. Quitte à écrire des âneries, quitte à multiplier les fautes de d'orthographe, etc.
L'oppposition presse/blog est utile mais révèle vite, me semble-t-il, ses limites...
Bien sûr, nous ne sommes pas les plus représentatifs. Comme je le dis dans l'article, je ne fais pas comme si je ne voyais pas les "carences" des blogs (je suis même assez souvent le premier à taper dessus :)). Sauf que dans le rapport que la presse entretient avec les blogs, on ne peut quand même pas considérer que les journalistes qui tapent dessus ne connaissent que des blogs tous pourris qui leur donnent une image déformée du phénomène... d'abord parce que si tel était cas, aucun ne perdrait son temps à cracher dessus. Et ensuite parce que, pour "non représentatifs" que nous soyons... nous ne sommes pas non plus de petits blogueurs anonymes et complètement marginaux, mais pour certains des blogueurs très bien exposés et référencés (je ne connais évidemment pas les stats de chacun... mais les miennes sont quand même nettement supérieure à la "moyenne" de la blogosphère, et je ne dois pas être le seul parmi nous). Des blogs comme Art-Rock, Arbobo ou le tiens non seulement existent, mais sont parfaitement accessibles à quiconque souhaiterait découvrir de bon blog, et brassent pour certains un lectorat certes minime par rapport à celui de la presse, mais important par rapport à celui des blogs en général (et je ne parle même pas des webzines, qui sont hyper bien référencés et sortent souvent juste derrière les sites officiels d'artistes). Donc bon... on trouve tout de même beaucoup de bonnes choses sur le Net, et très facilement.
RépondreSupprimerQuant au garant théorique... bien sûr, je ne le nie. Simplement je connais peu de journalistes musicaux ayant fait des études de journalisme, ayant reçu une formation... la plupart apprennent sur le tas, c'est pourquoi le procès en illégitimité qui est fait aux blogueurs est tout de même assez risible.
Alors oui, l'opposition presse/blog peut révéler ses limites, et d'ailleurs, ce n'est pas par hasard si je parle de complémentarité. L'hostilité cyclique de la presse face aux blogs, je l'assimile d'ailleurs de manière plus générale à une inquiétude face au Net : le fait est que l'époque où la presse toute puissante faisait et défaisait les artistes est en passe d'être totalement révolue. Entre les blogs, webzines d'une part... et des sites comme deezer offrant à chacun la possibilité de se faire son avis d'autre part... l'omnipotence de la presse musicale n'a jamais été aussi relative, à plus forte raison parce que précisément, le lectorat qu'attirent tous ces sites, c'est évidemment le sien : celui des passionnés les plus exigeants. Ma mère ne va pas sélectionner ses prochains achats de cds en fonction du CDB ni de deezer... mais en même ma mère n'a jamais acheté un magazine musicale de toute sa vie...
Je n'ai pas développé par manque de temps, mais si le débat blog / presse me paraît superflu, mon cher Thomas, c'est :
RépondreSupprimer1 - parce que je ne me sens pas concerné, en effet, donc ça n'a aucun intérêt, CQFD.
2 - parce que pour moi ces attaques relèvent de la faute de goût.
Que la presse ne prenne aucun risque, je suis étonné qu'on s'en étonne. Que l'écrasante majorité des blogeurs écrivent comme des pieds, c'est un fait démontré scientifiquement. Après, dans l'idéal il faudrait ignorer le support pour se concentrer sur la personne. Ainsi, je vous lis vous, je lis une poignée de critiques de R & F (j'ai été réducteur hier, j'en aime plus que deux dans le tas), quelques autres francs-tireurs isolés, et le reste il faudrait le cacher discrètement sous un tapis, presse écrite ou pas.
Or je suis toujours un peu triste quand des plumes ou des personnages que j'admire se livrent à des guerres de bac à sable. C'est une perte de temps, une erreur esthétique, dire du mal des autres est tout un art, et tout le monde n'a pas la chance d'être un frère Goncourt.
Ou alors faites-le à fond : si vous étiez en phase avec votre logique, mon cher Thomas, vous cesseriez les piques lancés du fond d'un édito pour prendre les armes et aller abattre froidement ceux qui le méritent.
C'est un tord qu'on retrouve beaucoup en littérature aussi. J'ai été très peiné de lire dans le Gaucho Insupportable la conférence où Bolano, malgré tout son génie évident, sombre un moment dans la critique de bas étage, en attaquant mollement la plupart de ses collègues hispaniques. C'est, comme je l'ai dit, une faute de goût, comme si une femme se mettait à la littérature. Soit on se drape dans le mépris tel un aristocrate des lettres, soit on attaque un réel colosse (littéraire, journalistique, ou autre) et on le démonte à coups de pierre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. L'un des deux extrêmes, mais le juste milieu, non, jamais.
Et surtout ne surestimez pas l'importance de R & F par rapport à la scène parisienne. C'est très louable de vouloir soutenir les jeunes groupes, mais l'audience du journal ne fait pas tout : la preuve, qui entend encore aujourd'hui parler des Plastiscines ? (qui furent adorables à une époque, bien qu'ayant hélas aujourd'hui dépassé la date de péremption d'une femme, que je situerais approximativement autour de 17 ans.)
Le problème de votre propos, c'est qu'il surinterprète le mien : je n'ai pas de haine pour la presse, et je n'ai aucune envie d'une bataille rangée que les blogueurs perdraient à coup sûr... je vois une complémentarité entre les deux formats, ce qui n'a rien à voir (mais peut-être que cela se mélange au fait qu'en l'occurrence j'avais réellement un coup de gueule à passer au début de l'édito). Si vous trouvez que je m'en prends à la presse... vous n'avez donc jamais lus ce qu'un journaliste de Libé ou de R&F particulièrement remonté est susceptible d'écrire sur le sujet, à côté de quoi j'ai l'air d'un bisounours qu'on a caressé à rebrousse-poil. C'est la presse qui se défie des blogs ; les blogueurs, 11 mois par an, se tamponnent complètement de ce que raconte la presse, beaucoup ne la lisent d'ailleurs plus du tout depuis qu'ils sont sur le Net.
RépondreSupprimerQuant à "ma logique"... vous faites bien d'en parler, car figurez-vous que si, je suis allé au bout de ma logique : il y a environ un an et demi, on m'a convié à un "débat" avec un journaliste de presse écrite. Débat que j'envisageais comme fort amical, car sincèrement, je pensais que quiconque m'écouterait évoquer la complémentarité des deux ne pourrait que se ranger à un avis relèvement (selon moi) du plus bête bon sens... il nous a posé un lapin à moi et aux organisateurs, n'a même pas daigné s'excuser de son absence - et je suis rentré chez moi.
En somme : je ne suis pas dupe de la presse ni des blogs, je lis les deux (et sans doute même lis-je plus la presse que les blogs - pour ne rien vous cacher)... maintenant quand je lis des inepties comme l'article sur le roman merveilleux de Mendelsohn, je me rappelle subitement pourquoi je fais ce que je fais, disons...
Pff… C'est pas drôle, je reviens longtemps après la bataille, je ne peux même pas y aller de mon couplet sur les critiques, qu'ils soient officiels ou non et qui se croient capables de porter un jugement autre que personnel (voire tendance, sous prétexte qu'un chanteur américain est "proche" d'un président nouvellement élu et qui est la nouvelle star de l'époque)…
RépondreSupprimerMais bon, c'est pas plus mal, finalement, ça t'évite mes radotages ! :-)